Madame Christine Robichon, ambassadrice de France au Cameroun: «Je n’ai pas encore d‘indication sur cette affaire (Engo), qui ne concerne pas un ressortissant français».
Cela signifierait donc que sous les latitudes africaines, une Ambassadrice de France fait une interprétation assez curieuse, pour ne pas dire sélective, suivant que la victime de violations des droits humains est un(e)ressortissant(e) français(e) ou ne l’est pas. Y compris si sa tutelle, c’est-à-dire la Présidence de la République Française (sur le cas de Pierre Désiré Engo) a elle, parfaitement entériné que nous étions bien au-delà de la simple question de la protection consulaire française à assurer à ce prisonnier politique camerounais (que je n’ai d’ailleurs pas sollicitée auprès du Président François Hollande au passage), mais de l’indispensable respect par le Cameroun du Pacte International Relatif aux Droits Civils et Politiques, en application duquel le Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies a requis sa libération depuis 2009.
Pour information à l’ambassadrice de France au Cameroun: Pierre Désiré Engo est parent, beau-parent et grand-parent de ressortissants Français; même si nous n’avons jamais pensé qu’il puisse en attendre une quelconque protection consulaire.
Son Excellence Madame l’Ambassadrice de France à Yaoundé pourrait être amenée à revoir sa grille d’analyse du droit international, notamment en matière de respect des Droits de l’Homme. Ainsi pourrait-elle constater que rares sont précisément les grandes démocraties qui concèdent de manière aussi flagrante une discrimination (aux forts relents néo-coloniaux), selon que la victime est un de leurs ressortissants ou ne l’est pas.
À titre d’illustration notre compatriote Thierry Michel Atangana s’est entre-autre prévalu du même avis du Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies, que celui que j’ai porté à la connaissance du Président de la République Française François Hollande vendredi 28 mars 2014, en vue de la libération de Pierre Désiré Engo, après 15 ans d’une incarcération aussi inhumaine et dégradante.
Jamais je n’ai cru à cette occasion et bien avant, que ma citoyenneté française pouvait conférer à mon père Pierre Désiré Engo un quelconque privilège juridictionnel, voire constituer un bouclier diplomatique qu’il exhiberait au détriment de toutes les autres victimes de l’arbitraire judiciaire et carcéral au Cameroun.
En efffet en matière de respect des droits de l’Homme ne doit pas exister des personnes – parce que ressortissantes Françaises – qui bénéficient de la médiation et de la bienveillance de la France; et toutes les autres -parce que Africains et singulièrement Camerounais- qui seraient simplement ignorées.
Joël Didier Engo