La politique de l’Outrage et la fiction d’un État démocratique au Cameroun
Le Cameroun est bien connu pour avoir une présidence monarchique avec un « pouvoir exécutif renforcé » qui permet au président de continuer à exercer son pouvoir comme bon lui semble, et il n’y a d’ailleurs aucune ligne rouge pour qu’il sache quand il est allé trop loin. Lorsque cela se produit comme c’est hélas le cas fréquemment, de plus en plus de Camerounais ordinaires se voient privés de leurs droits fondamentaux. Le grand contingent de prisonniers politiques dans les prisons de Paul Biya, pour lesquels le CL2P se bat sans relâche, en est l’illustration flagrante. De plus, le CL2P est abasourdi et horrifié chaque fois que le président utilise la notion d ‘«outrage» et toutes les émotions qui accompagnent la corruption balafrée, l’impunité généralisée, et l’indécence pure d’un président camerounais se tenant évidemment toujours au-dessus des lois avec sa légion de masochistes pervers qui soutiennent néanmoins son anarchie présidentielle.
Inverser la tendance du pouvoir exécutif impérial au Cameroun ne sera pas facile. Car dans le schéma typique qui prévaut dans ce pays, le président qui est à la tête d’une «institution monarchiste» avec un pouvoir exécutif renforcé à souhait, ne peut en aucune manière être empêché constitutionnellement d’étendre son pouvoir comme bon lui semble. En effet, rien ne s’oppose à une quelconque forme d’expansion de l’exécutif qui laisse le président agir comme il l’entend. Ainsi, face à une crise telle que la guerre civile anglophone qui n’ose pas dire son nom, les extensions les plus profondes du pouvoir exécutif ont lieu pour d’abord réprimer toute forme de dissidence politique, même si cela implique des arrestations et des exécutions extrajudiciaires. Cette expansion non-stop du pouvoir autoritaire sert un jeu à somme nulle où le président peut avoir à la fois le beurre et l’argent du beurre. En effet, la politique d’indignation à outrance lui permet de criminaliser toute forme de dissidence, notamment quand il la juge irrévérencieuse à son régime et/ou à sa personne.
Le fait central ici est que nous pouvons avoir, ou une démocratie, ou une présidence impériale, mais nous ne pouvons pas avoir les deux à la fois.
L’idée que nous pouvons avoir une présidence monarchique indolore et bienveillante est une insulte à tous les prisonniers politiques de M. Biya. De plus, cette attitude autoritaire face à la dissidence est une source de fierté pour le président parce qu’il «gagne», du moins estime qu’il gagne à tous les coups depuis plus de trois décennies. Mais ces « victoires » et la politique d’indignation qui les anime ne sont que vanité: une vanité cultivée derrière le soi-disant exercice de « leadership ». « Plus une vanité basée sur la fiction, où le président et les sycophantes autour de lui sont le véritable pourvoyeur de la fiction, créant par exemple des » adversaires » en permanence, et fabriquant de toutes pièces tous les résultats dont ils ont besoin pour faire valoir leurs arguments erronés et mensongers.
En ce sens les vues autoritaires et conspiratrices du régime de Biya sont aujourd’hui très claires. Il semble et s’avère pathologiquement incapable de distinguer les faits de la fiction. De même, la machine de propagande du régime serait-elle vraiment incapable de faire la distinction entre ce qui est crédible et ce qui ne l’est pas, ou de bien s’informer de ce qui constitue réellement la notion d ‘ « outrage » dans une démocratie? L’addiction au pouvoir absolu? À l’évidence, l‘ « outrage » semble être quelque chose que le président n’aime pas, ne comprendrait pas vraiment, et qui est en conflit ou contradiction avec l’une de ses positions politiques soigneusement cultivées. Mais cela n’a absolument rien à voir avec le fait qu’il ait vraiment fait l’objet d’un quelconque outrage.
C’est pourquoi, comme le Dr Nganang, le CL2P milite et exige la « responsabilité » si nous devons survivre en tant qu’entité pouvant être considérée comme ayant un « leadership » viable, avec des valeurs reconnues comme « dignes » d’intérêt et de respect, afin de concourir effectivement au bien être de l’humanité.
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques (CL2P)
English version
The Politics of Outrage and the State of Fiction in Cameroon
Cameroon is well known to have a monarchial presidency with “reinforced executive power” that allow the president to keep expending his power as he sees fit and there are no red lines form for him to know he has gone too far. When that happens, more and more ordinary Cameroonians find themselves deprived of their basic rights as the long contingent of political prisoners in Biya’s prison that the CL2P is fighting for.
More, the CL2P is stunned and horrified each time the president uses the notion of “outrage” and all the emotions that go with witnessing the boldfaced corruption, impunity and sheer audacity of a Cameroonian president always holding himself above the law and the legion of pervert masochist who always support lawlessness.
Reversing the trend of imperial executive power in Cameroon will not be easy. In the typical pattern, the president who is the head of a “monarchist institution with reinforced executive power cannot be constitutionally stopped from expanding his power. Indeed, there is nothing that stand in his way to object to any form of expansions of executive authority leaving the president to act as he sees fit. Thus, when facing with crisis, such as the Anglophone Civil War, which dare not say its name, the farthest expansions of executive power is taking place to quell all form of dissent even if it means extra-judicial killing. This non-stop expansion of power serves a zero-sum game where the president can have his cake and eats it. He does this to the politics of outrage that allows him to criminalize any forms of dissent he does not like.
The thing is we can have a democracy or an imperial presidency but we cannot have both.
The idea that we can have a painless and benevolent monarchial presidency is an insult to all of Biya’s political prisoners. Plus, this attitude about constantly quashing dissent give a pride to the president that he is “winning.” But those “wins” and the politics of outrage that drive these “wins” are just vanity, vanity cultivated behind so-called “leadership.” More a vanity based on fiction, where the president, and the sycophants around him, are the real supplier of fiction, creating “opponents” and any outcome he needs to make a point.
The Biya’s regime authoritarian and conspiratorial views are abundantly clear. They seem to be incapable to distinguish facts from fiction. Likewise the regime propaganda machine – makes it truly unable to distinguish between what is credible and what isn’t, or is he well-informed about, say, what really constitute a notion of “outrage” in a democracy if not deliberately bandying lies for the sake of absolute power? In this case « outrage » seems to be anything that the president doesn’t like, doesn’t really understand, or is in conflict with one of his carefully considered policy positions. It has nothing to do with whether or not he was really being the subject of outrage.
As with Dr. Nganang, the CL2P militates and demands “accountability’. We are to survive as an entity that might be seen as having viable ‘leadership’ with values that can be recognized as ‘worthy’ of embracing for the good of humanity.
The Commitee For The Release of Political Prisoners (CL2P)