La politique d’opposition à l’ère des théories du complot
Chaque pays a toujours eu un certain goût prononcé pour les théories du complot, car les êtres humains sont programmés par la nature pour relier sélectivement des informations correspondant à un récit préconçu. Chaque société a ses propres notions de cabales secrètes et de complots mystérieux. Par contre, un pays comme le Cameroun est particulièrement enclin aux théories du complot, parce que ces dernières se développent de façon rapide dans des cultures non démocratiques où les bureaucrates sont déresponsabilisés et passent une partie non négligeable de leur temps à comploter dans les coulisses.
À ce sujet le CL2P a toujours témoigné et prouvé que seuls l’État de droit, des élections transparentes, puis une presse libre et viable sont de bons antidotes aux théories du complot. Ce qui rend ce moment si différent – et dangereux – c’est que les soi-disant élites Camerounaises qui savent probablement ou devraient savoir, comme le «professeur titulaire Nganang», sont également devenues de plus en plus, sinon les plus paranoïaques.
Le CL2P regrette ainsi une fois de plus que celle qui se présente comme l’opposition radicale au tyran de Yaoundé dirigée notamment par M. Patrice Nganang ait elle-aussi céder de manière réactive au culte de la personnalité du dictateur, en faisant notamment de M. Biya et son ethnie Bulu l’origine de tous les complots qu’elle a conçus dans sa tête. Le CL2P a fini par constater malheureusement que M. Nganang serait un écrivain narcissique, malhonnête, calculateur et manipulateur, enclin à adopter précisément le type de comportement délibérément déshonorant qu’il prétend détecter et combattre chez les autres.
En soi, les techniques de Nganang sont à la fois fastidieuses et répréhensibles. Mais s’ajoutant à sa paranoïa et à ses lamentations quotidiennes qui sont devenues sa marque de fabrique à l’époque de Biya, son obsession tribale devient elle-aussi non seulement inaudible mais difficile à supporter. Nganang semble se faire passer pour Mark Antony, ici pour enterrer César, mais son comportement déplorable ne fait rien pour empêcher l’escalade des violations des droits de l’Homme sous le régime de Biya. Il a même fini par avoir du mal à argumenter de manière objective contre la paranoïa qui consume notre politique.
Car la politique de paranoïa s’est métastasée au Cameroun. Sans doute, il y a beaucoup de causes: le manque de confiance croissante dans les institutions, en particulier les médias, attise les braises de la paranoïa. Les médias sociaux donnent également la priorité au sensationnel par rapport au factuel, et surtout accordent une voix démesurée à ceux qui prétendent savoir ce qui se passe vraiment. La place prépondérante d’un gouvernement bureaucratique et irresponsable et la recherche de rente par les puissants.
C’est là que la paranoïa de M. Nganang s’inscrit parfaitement dans ses machinations cruelles parsemées de connotations tribales et tribalistes, agitées sans cesse par le cher « professeur titulaire » avec le soutien d’un certain nombre d’agitateurs de la toile camerounaise, dans le but apparent d’autoglorification puis l’envie intenable d’enfoncer le régime de Biya sous une plus mauvaise lumière.
Le President du CL2P, Joël Didier Engo, est désolé d’avoir ainsi relayé l’alerte faisant notamment état des menaces de mort sur M. Nganang, émise par le journaliste Boris Bertolt,
En effet il n’en était apparemment rien. La menace de mort pesant prétendument sur M. Nganang procéderait davantage de sa propre imagination.
Mais la situation est suffisamment grave en termes de pertes de vies humaines, notamment au Cameroun anglophone, et de menaces réelles pesant chaque jour sur un certain nombre de leaders d’opinion , de journalistes, de militants et sympathisants politiques …pour que certains se livrent à une telle grossière instrumentalisation sur fond d’incitation évidente à la haine tribale; risquant par la même occasion de torpiller voire discréditer à jamais tout le travail remarquable effectué par la société civile au Cameroun pour éviter précisément le pire à des centaines de camerounais innocents.
La ligne du CL2P est claire à ce sujet:
le CL2P ne m’associera jamais – au risque de décevoir certains esprits sectaires et manichéens – à toute instrumentalisation de la haine ethno-tribale, y compris quand celle-ci s’adosse comme pour M. Nganang sur des allégations de menaces de mort, que la cible supposée a vite fait de tourner en conspiration de meurtre de tout un groupe ethnique (LES BULU) contre sa personne. Ce qui du coup fait perdre à ladite conspiration, malgré son extrême gravité, toute sa pertinence et sa véracité.
Il faut dire que le moment est pour cela le plus mal choisi, surtout quand on sait le sort qu’inflige la tyrannie de Paul Biya à ses vrais opposants dans ses mouroirs concentrationnaires avec encore un mort anglophone sous la torture cette semaine, pour de la sorte jouer cyniquement à se faire peur en agitant une théorie du complot tribal…
Que M. Nganang dénonce nommément ceux qui le menacent de mort, y compris de manière anonyme, comme nombre d’entre nous en faisons malheureusement l’objet dans les forums camerounais, sans éprouver le besoin d’orchestrer une confrontation tribale.
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques – CL2P
Comité de Libération des Prisonniers Politiques
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English version
Oppositional Politics in the Age of Conspiracy Theories
Every country has always had a taste for conspiracy theories, because humans are wired to selectively connect dots that fit a preconceived narrative. Every society has its own pet notions of secret cabals and mysterious plots. If anything, a country, such as Cameroon, is very prone to such things because conspiracy theories thrive in undemocratic cultures where rulers are unaccountable and probably are scheming behind the scenes.
The CL2P has always testified and proven that only the rule of law, elections, and a robust free press are great antidotes to conspiracy theories. What makes this moment so different — and dangerous — is that elites who presumably know better, or should know better, such as “Full Professor Nganang” have become increasingly paranoid as well.
Hence, the CL2P has found regrettable that the kind of opposition to the tyrant of Yaoundé led by Mr. Patrice Nganang had not prevented him from succumbing reactively to the dictator’s cult of personality, or from making Mr. Biya the origin of every plots that he designs himself.
The Cl2P has concluded that Mr. Nganang is that he is a narcissistic, dishonest, calculating, manipulative writer who is prone to engaging in precisely the sort of willfully dishonorable conduct that he claims to disdain in others.
In and of itself, Nganang’s techniques are both tiresome and reprehensible. But when coupled with his paranoia and lamentations that have become his hallmark in the Biya’s era, the affectation becomes too much to bear. Nganang seems to fancy himself as Mark Antony, here to bury Caesar but his pitiful behavior does nothing to prevent the Biya’s regime’s escalation of human rights violations. He ended up making harder to argue against the paranoia consuming our politics.
Paranoia politics have metastasized recently. No doubt there is many causes.
Cratering faith in institutions, especially the media, is kindling for the fires of paranoia. Social media prioritize the sensational over the factual and give outsized voice to those who claim to know what’s “really” going on. The growth of bureaucratic and unaccountable government and the rent-seeking of the financially powerful.
This is where Mr. Nganang’s paranoia fits right in with his crude machinations peppered with tribalistic connotations instrumentalized by the “full professor” with the support of a certain number of agitators of the Cameroonian web, for the apparent purpose of self-glorification and to put the Biya’s regime deeper into a bad light.
The CL2P’s president, Joel Didier Engo, is sorry to have relayed the alert issued in this sense by the journalist Boris Bertolt, including on his Facebook page and that of the Committee of Release of Political Prisoners – CL2P claiming that Mr. Nganang was on the Biya’s regime kill list.
It is apparently nothing. The alleged death threat against Mr. Nganang would proceed more from his own imagination.
In fact, the situation is serious enough in terms of loss of life, especially in English-speaking Cameroon, and real threats every day to a number of opinion leaders, journalists, political activists and supporters … so that some engage in such gross instrumentalization against a backdrop of obvious incitement to tribal hatred; at the same time risking to torpedo or even discredit forever all the remarkable work done by civil society in Cameroon to avoid the worst to hundreds of innocent Cameroonians.
The CL2P’s line is clear: the CL2P will never be associated – at the risk of disappointing certain Manichean minds – with any instrumentalization of ethno-tribal hatred, including when it leans as here on allegations of death threats, that the supposed target quickly turns into a murder conspiracy of an entire ethnic group (BULU) on his person. Which at once makes the conspiracy lose, in spite of its extreme gravity, all its veracity.
The Committee For The Release of Political Prisoners – CL2P