Cameroun: Arrestation du défenseur des droits humains Jean Marc Bikoko et ses collègues
À M. Paul Biya Président de la République du Cameroun
BP. 1000 Yaoundé Tel : (237) 2 221 45 75 ou (237) 2 220 31 92 ou (237) 2 220 13 44 ou (237)22234025-Line4394
Email: contact@presidenceducameroun.
Votre Excellence,
Le 15 Septembre 2015, les forces de sécurité à Yaoundé ont arrêté le défenseur des droits humains M Jean Marc Bikoko et certains de ses collègues qui étaient avec lui dans un atelier de réflexion organisé dans le cadre de la Journée Internationale de la Démocratie.
Jean Marc Bikoko est président exécutif de la Centrale Syndicale du Secteur Public (CSP). Depuis plusieurs années, il travaille avec détermination pour défendre les droits humains et négocier les intérêts sociaux des employés du secteur public au Cameroun. Il sert aussi de point focal au niveau national pour la Dynamique Citoyenne, un réseau d’Organisations de la Société Civile Camerounaise rassemblant aujourd’hui plus de 150 organisations dont des Confessions religieuses, des Syndicats, des Associations et des organisations non gouvernementales (ONG) qui mènent des actions de suivi indépendant des politiques publiques et des stratégies de coopération et de plaidoyer.
Dans la journée du 15 septembre 2015, Jean Marc Bikoko et ses collègues avaient répondu à l’invitation de l’organisation “Dynamique Citoyenne” pour échanger sur le thème “gouvernance électorale et alternance démocratique”, une activité organisée au Palais des Sports de Yaoundé pour marquer la journée internationale de la Démocratie et servir de prélude à l’ouverture de la session ordinaire de la coordination nationale de Dynamique Citoyenne prévue les 16 et 17 Septembre 2015.
Peu après le début de l’atelier, un groupe de gendarmes est venu demander que l’atelier soit suspendu. La légalité de l’atelier aurait été mise en cause car ils n’avaient pas notifier par avance la tenue de l’atelier au Bureau du Département, alors même que la loi requiert cette notification pour les manifestations et non pas pour les ateliers. Plus tard, un groupe de policiers est arrivé sur les lieux, formulant la même requête. Vers la mi-journée, le sous-préfet de Yaoundé est venu lui même avec la même injonction. A chaque fois, Jean Marc Bikoko a tenu à rappeller les dispositions légales régissant les réunions et manifestations publiques au Caméroun. Il a également exigé qu’on lui présente un document formel interdisant la tenue de l’atelier.
On rapporte que le sous-préfet est venu sur les lieux en compagnie du Délégué Régional de la Sureté Nationale, des commissaires de police ainsi que de plusieurs policiers en uniformes. Quand Jean Marc Bikoko a requis du sous-préfet un document écrit interdisant la réunion, celui-ci aurait ignoré cette demande et ordonné immédiatement que la salle soit évacuée par la force. Les forces de sécurité se sont ainsi rués sur les participants et les ont forcés tous de sortir de la salle. Dans la confusion, ils ont arrếté Jean Marc Bikoko ensemble avec Mme Agnès Adélaide Metougou et M Ndjalla Epangue Yves, respectivement chargée de la communication et animateur national au sein de la Dynamique Citoyenne. Une autre membre du réseau, Mlle Jessie Bikoko, animateur national de Dynamique Citoyenne a également été arrêtés avec le fils de Jean Mark Bikoko, M. Lejuste Bikoko, qui tentait d’obtenir le téléphone de son père alors qu’il était arrêté.
Un des journalistes qui se trouvaient sur les lieux pour couvrir les activités de l’atelier aurait aussi été arrêté. Les forces de sécurité auraient en même temps confisqué des outils de reportage appartenant aux journalistes y compris leurs caméras.
Après leur arrestation, Jean Marie Bikoko et ses collègues auraient été conduits au Commissariat Central de Police N°1 où ils ont passé la nuit. Le lendemain, ils auraient été transférés à l’école de police au quartier Tsinga à Yaoundé où ils restent toujours détenus.
Dans la matinée du 16 septembre 2016, la police à Yaoundé a monté une autre attaque ciblant maintenant le siège-même de Dynamique Citoyenne où ils ont arrếté deux collaborateurs du réseau, en l’occurrence, M. Jean Baptiste Sipa, coordinateur de l’organisation “Article 55” (organisation membre de la Dynamique Citoyenne), et M. Léon Ngaba, le secrétaire permanent du Citoyen dynamique et Pastor Vincent Pong, un membre de CRADIF Mbalmayo (une autre organisation membre de Dynamic Citoyen). Les trois personnes arrêtées ont été gardés au poste de police de Nkolndongo puis libérés le même jour environs de 21 heures, bien que Jean Marc Bikoko et les autres personnes arrêtées le 15 Septembre 2015 sont toujours en détention.
Le 16 Septembre 2015, les derniers détenus ont été informés qu’ils seraient gardés en detention administrative pendant 15 jours. Bien qu’il soit considéré que cette décision pourrait être liée à de possibles accusations de terrorisme, car, en effet, une détention administrative de 15 jours est l’une des étapes prévues par la loi anti-terrorisme.
Je fais part de ma profonde préoccupation concernant l’arrestation de Jean Marc Bikoko et ses collègues, et estime qu’il ont été ciblés pour leurs activités légitimes de promotion des droits humains et des principes démocratiques.
Je demande instamment aux autorités du Cameroun de:
1. Assurer la libération immédiate et sans condition de Jean Marc Bikoko et ses collègues, car elles semblent être motivées uniquement par son travail légitime et pacifique en défense des droits humains;
2. Prendre toutes les mesures nécessaires afin de garantir l’intégrité physique et psychologique de Jean Marc Bikoko et ses collègues;
3. Veiller à ce que tous les défenseurs des droits humains en Cameroun, exerçant leurs activités légitimes de défense des droits humains, soient en mesure d’opérer sans restrictions ni représailles, y compris le harcèlement judiciaire.
source: www.
Lire également : “L’oppression d’un peuple ou même d’un simple individu est l’oppression de tous et l’on ne peut violer la liberté d’un seul sans violer la liberté de chacun.” Mariane Simon-Ekane
Jeune Afrique :Cameroun : l’activiste Jean-Marc Bikoko arrêté et toujours détenu à Yaoundé