DW : Samuel Ikome Sako, vous êtes le président par intérim de la République auto-proclamée d’Ambazonie, comment réagissez-vous à la réélection de Paul Biya à la tête du Cameroun, avec 71,28% des voix, selon les résultats définitifs rendus publics par le Conseil constitutionnel?
Samuel Ikome Sako : Cela me fait rire parce qu’il ne pouvait pas gagner. Nous savons que depuis la création de la République du Cameroun, Paul Biya n’a jamais gagné une élection dans les urnes.
DW: Vous pensez que les 71,28% de suffrages exprimés ne correspondent pas à la réalité ?
Samuel Ikome Sako : Je pense qu’il n’a même pas gagné 10%.
DW: Vous avez toujours menacé de perturber le processus électoral. Il y a eu certes peu d’affluence dans les deux provinces anglophones mais les électeurs se sont tout de même déplacés. N’est-ce pas un échec pour vous, les sécessionnistes ?
Samuel Ikome Sako : Écoutez, on a des gens sur place qui ont donné leur point de vue sur les élections. Ils sont d’accord avec nous : nous avons boycotté à 100%.
DW: En dépit du boycott que vous avez lancé, le Conseil constitutionnel a déclaré Paul Biya vainqueur de la présidentielle pour un septième mandat. Qu’allez-vous faire maintenant ?
Samuel Ikome Sako : A vrai dire, cela ne nous regarde pas. Nous avons proclamé la restauration de notre souveraineté et nous allons la défendre. C’est tout ce que nous avons à faire.
DW: Donc vous allez multiplier les attaques à Buea et Bamenda…
Samuel Ikome Sako : S’ils continuent à vouloir imposer leur hégémonie sur notre territoire, nous allons résister et nous allons nous défendre avec la même arme qu’ils ont utilisée contre nous.
DW: Au cours d’une interview que le Cardinal Christian Toumi a accordée lundi (22.10.18) à la DW, celui-ci a annoncé l’organisation, vers la fin du mois de décembre, d’une conférence afin de résorber cette crise qui secoue les provinces anglophones. Qu’en pensez-vous ?
Samuel Ikome Sako : Il a le droit d’organiser la conférence mais pas à Buea ni à Bamenda. Il faut qu’il se prépare à faire sa conférence à Douala et ou à Yaoundé. Mais moi, je pense qu’il est en train de travailler pour Paul Biya. Peut-être que le Vatican peut essayer de réunir les deux belligérants de ce conflit.
DW: Samuel Ikome Sako, merci pour cet entretien.