Mme Muana, 62 ans, aurait été arrêtée pour avoir dénoncé en termes voilés le président actuel dans une chanson intitulée “Ingratitude”.
Lundi, des activistes et des groupes de défense des droits humains ont demandé la libération de Tshala Muana, célèbre musicienne congolaise qui aurait été arrêtée ce week-end par les services de renseignement à Kinshasa.
Selon divers témoignages, Mme Muana, 62 ans, a été arrêtée pour avoir prétendument dénoncé le président Felix Tshisekedi dans une chanson intitulée “Ingratitude”.
Cette chanson, qui a été rendue publique récemment, fait suite à des rumeurs selon lesquelles le prédécesseur de M. Tshisekedi, l’ancien président Joseph Kabila, aurait été empêché de prendre un vol intérieur par des fonctionnaires du gouvernement.
Les paroles de la chanson de Tshala Muana ne mentionnent pas le président par son nom. Elle évoque plutôt un élève qui se retourne contre son enseignant malgré le fait que ce dernier l’a aidé à passer en classe supérieure alors que l’élève n’avait pas réussi aux examens.
“Tu m’as déçu”, dit la chanson, qui qualifie l’élève d’“ingrat” guidé par “un mauvais esprit”.
M. Kabila, 49 ans, est le fondateur du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), dont Mme Muana est membre de longue date. Le parti contrôle les deux chambres du parlement, ce qui a obligé M. Tshisekedi et M. Kabila à former une coalition gouvernementale. La coalition a été mise à rude épreuve récemment et les analystes politiques rivalisent de scénarios prédisant sa disparition.
“Elle (Tshala Muana) doit être libérée immédiatement”, a tweeté Lucha, un groupe congolais de défense des droits.
Tshala Muana s’est fait connaître dans les années 1980 et 1990 grâce à sa musique, qui s’inspire de la tradition folklorique du peuple Luba, originaire des provinces du Kasaï.
Samedi, la police a dispersé une marche des partisans de M. Kabila à coups de gaz lacrymogène pour motif qu’ils n’étaient pas autorisés à manifester. Le même jour, des sympathisant de M. Tshisekedi ont pu marcher car ils avaient reçu l’autorisation de manifester.
L’interpellation de l’artiste iconique a été confirmée par le gouvernement, qui met toutefois en doute la version des faits relatée par les activistes.
“Elle a mis sur le marché une chanson qui n’est pas passée par la commission de censure, ce qui est contraire au droit positif congolais”, a affirmé David-Jilono Makelele, ministre de l’Information et porte-parole du gouvernement.
“Mme Tshala Mwana n’est pas la seule dans ce cas. Koffi Olimide était aussi dans cette situation et il a dû passer une nuit en prison pour cela et a été contraint de changer des passages de sa chansons qui touchaient aux moeurs”, a-t-il ajouté.