Réunis en sommet extraordinaire à Yaoundé le 23 décembre 2016,les leaders de la sous-région ont opté pour des politiques d’ajustement structurel sous la supervision du FMI et du ministère français de l’économie et des finances.Épilogue d’une gabegie institutionnalisée avec fuite en avant dans l’endettement au détriment de programmes de réduction du train de vie des tyrans.
Il y a quelques mois certains d’entre-nous – traités «d’oiseaux de mauvais augure des réseaux sociaux» par les régimes en place – annoncions ce nouvel ajustement structurel dans les républiques bananières d’Afrique centrale, quand les ouailles des dictateurs y voyaient comme toujours un complot ourdi par de vilains «apprentis sorciers et leurs complices occidentaux» .
Maintenant que nous y sommes, attendons de voir comment ils vont justifier les coupes budgétaires drastiques. Les mettront-ils – comme il est de coutume dans les propagandes locales – sur le dos des prisonniers politiques présentés opportunément comme «les prévaricateurs de la fortune publique»? Ou alors oseront-ils dénoncer la gabegie des tyrans et de leurs proches qui se maintiennent indéfiniment par la terreur au pouvoir, en dilapidant les maigres ressources générées par des économies subissant le contre-coup de la chute continue du baril de pétrole?
Nous ne perdons pas à attendre.
La période à hauts risques qui s’ouvre en Afrique centrale promet d’être riche en rebondissements. Car la paupérisation inéluctable ne saurait éternellement s’accommoder d’une illégitimité politique chronique. Du côté du Comité de Libération des Prisonniers Politiques (CL2P), nous serons vigilants en veillant précisément contre toute tentative officielle de manipulation politicienne, notamment ces impostures de campagnes de moralisation de la vie publique et leur corollaire de parodies de procès qui ont permis à certains despotes d’Afrique centrale durant presque deux décennies – dont Paul Biya au Cameroun – d’éliminer de potentiels concurrents de la course présidentielle.
Et gare à l’irrésistible envie d’accuser encore et toujours la France, le FMI, l’Occident!
En effet qui sont les chefs d’état illégitimes d’Afrique centrale (à l’exception notable de celui de la république centrafricaine) réunis en sommet extraordinaire à Yaoundé, si ce ne sont précisément de simples “créatures” de la France???…
Les panafricanistes revendiqués seraient plus inspirés d’observer attentivement la photo prise au terme du conclave de Yaoundé vendredi 23 décembre 2016. Une fois qu’ils auront bien identifié les deux personnalités caucasiennes aux deux extrémités, il faut espérer qu’ils éviteront alors de ceder à la tentation du procès facile contre la France, le FMI, les occidentaux … Car l’adoption du nouveau plan d’ajustement structurel de la zone CEMAC est d’abord la conséquence directe d’une fuite en avant dans l’endettement de ces États dans un contexte marqué par la baisse continue des recettes pétrolères et le coût de plus en plus exhorbitant de la guerre contre le terrorisme. Pourtant aussi paradoxal que cela puisse paraître, les économies des pays d’Afrique de l’ouest semblent mieux loties, alors même qu’elles sont aussi soumises aux mêmes mécanismes monétaires avec la France et font face parfois à la même menace terroriste que certains pays de la zone Cemac.
Posons-nous peut-être enfin de bonnes questions en Afrique centrale, notamment celle d’une compétitivité économique qui ne semble pas ou plus s’accommoder avec une inertie politique et gouvernementale chronique dans nos pays. Quand partout ailleurs sur le continent et notamment dans notre voisinage immédiat l’alternance démocratique imprime un réel dynamisme dans la gouvernance économique.
Joël Didier Engo, Président du CL2P
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Le communiqué final du sommet extraordinaire de Yaoundé: