Le ministre de la santé public n’est pas un voleur, mais il est riche. Jusque là le ministre qui s’occupe de notre santé n’a pas encore été inquiété par l’oiseau rapace qui traque les fossoyeurs de la fortune publique au Cameroun. Donc nous ne pouvons pas l’accuser de détournement de denier public. Mais force est quand même de constater que notre ministre est assez riche, en tout cas riche en centaines de millions de Francs des Colonies Françaises d’Afrique, du moins si nous faisons foi aux informations publiées par la presse camerounaise.
Celle ci rapporte qu’un coffre fort a été récemment dérobé au domicile du ministre. On s’imagine qu’il devait contenir des des millions voir des milliards de Cfa. Cette idée est d’autant plus plausible qu’il y a quelques années, notre excellence a été victime d’un coup de vol d’une somme évaluée à 300 millions de Fr CFA. Le coup avait été perpétré par ses domestiques. L’histoire rapporte que, quelque temps avant ce coup de vol, un incendie avait eu lieu non loin du domicile du ministre, un train citerne de la Camrail transportant des produits à base d’hydrocarbure avec pris feu au quartier Obobogo à Yaoundé. Le feu d’une rare violence crachait des flammes qui, non content de défier les sapeurs pompiers, menaçaient dangereusement de s’en prendre à la résidence du ministre. Informé, ce dernier est retourné chez lui illico prestos.
Son premier reflexe fut d’entrer dans son domicile et de récupérer un nombre considérable de sacs remplis de billets de banque qu’il chargea rapidement dans des véhicules pour aller les mettre en lieu sûr, en tout cas loin du train cracheur de flamme de la Camrail. Heureusement, les flammes n’avaient finalement pas touché la résidence du ministre. L’histoire ne dit pas à quel moment est ce que les sacs d’argent ont été rapportés à la maison, mais toujours est il que cet épisode a vite fait de mettre la puce aux oreilles des domestiques du ministre, qui ont constaté qu’il y avait un véritable trésor en numéraire dans leur lieu de service. Et cerise sur le gâteau, ils savaient désormais où est ce qu’il était caché. Et ce qui devait arriver arriva. Ils ont commencé à se servir à dose homéopathique.
Confortés par le fait que le ministre semblait ne pas se rendre compte que quelques billets manquaient à l’appel, en tout cas il y en avait tellement, il ne pouvait pas se rendre compte, en plus il n’avait pas le temps de faire l’appel tous les matins, agenda de ministre oblige, nos amis domestiques ont continué tranquillement leur salle besogne jusqu’au jour où, un crime n’étant jamais parfait, leur patron s’est rendu compte que 300 millions avait été volés, excusez du peu. Une enquête de police – au moins celle là avait abouti à quelque chose- avait révélé entre autres que l’un des domestiques avait construit deux villas en un temps record, et que le compte d’épargne de son épouse, une ménagère sans emploi connu, avait un solde créditeur de – tenez vous bien- 23 millions de FR CFA.
Le journaliste Chantal Roger Tuileu nous révélait récemment dans une émission de débat de Canal2 international à laquelle il était l’un des panélistes qu’un ministre au Cameroun touche un salaire d’un million de Fr CFA. Et vu le standing de vie d’un ministre, il presqu’un impossible à un ministre d’avoir des économies de l’autre des centaines de millions. Pour ce qui est de notre Minsanté, n’étant pas un détourneur de fonds publics, pour avoir une fortune pareille, il doit être forcement en parallèle, un homme d’affaire prospère. Et ça, on ne peut le lui reprocher, tous les camerounais sont des débrouillards, tant qu’il n’y a pas de conflit d’intérêt, et jusqu’à preuve du contraire, il n’y en a pas. Alors que peut-on reprocher au Minsanté, parce que dans cette affaire de ministre riche ou ministre homme d’affaires, et de vol d’argent, il faut bien qu’on lui reproche quelque chose, vous ne trouvez pas ?
Quand on fait des affaires dont le chiffre est dans l’ordre de centaines de millions, les paiements reçus des clients ou ceux effectués pour honorer ses engagements auprès des fournisseurs se font soit par virement, soit par chèque, dans les eux cas, l’argent transite obligatoirement dans un établissement bancaire. Mais on a l’impression que le ministre est souvent pressé d’aller retirer son pognon de la banque après réception des payements, et repart l’y mettre uniquement lorsque qu’il doit payer un fournisseur, parce je n’ai pas envie de croire que le ministre homme d’affaire paye en liquide, il n’a quand même pas l’intention de jouer à cache cache avec le fisc, non pas le ministre. A la fin, la seule chose qu’on peut reprocher à notre cher ministre de la république c’est de ne pas faire confiance aux banques de notre pays.
Et pour un ministre qui doit montre l’exemple, ça fait un peu désordre, dans un pays démocratique comme le notre, ce n’est pas politiquement correct. Il devrait suivre l’exemple de son collègue des P et T, ancien MINCOM, avec lui, pour rien au monde, l’argent ne peut passer la nuit dans son cabinet, encore moins dans sa résidence. Que ce soit l’argent public ou l’argent privé, il doit être déposé dans un compte bancaire, qu’il soit privé ou public, peu importe, l’argent n’est en sécurité que lorsqu’il est dans un compte bancaire, mieux, dans un compte d’épargne, là où il peut générer des intérêts, question de faire d’une pierre deux coups. Au vu de ce qui arrive à l’argent du Minsanté ces derniers temps, j’ai la faiblesse de croire que l’ancien Mincom avait vu juste, en tout cas, le temps semble lui donner raison.
Damase ENGUENE MBAZOA, camer.be