Le CL2P, Droits Humains et Politique au Cameroun
Le candidat à l’élection présidentielle Maurice Kamto parle de la prétendue lutte contre la corruption à travers les détentions arbitraires des ministres d’États Marafa Hamidou Yaya et Jean-Marie Atangana Mebara.
Après tant années d’attaques pour avoir osé défendre ces prisonniers politiques, nos efforts commencent visiblement à porter leurs fruits, notamment sur la prise de conscience générale de l’épuration politique menée au Cameroun depuis plus de deux décennies par le dictateur Paul Biya sous couvert de la nécessaire et légitimes lutte contre la corruption.
Raison s’il en est, pour exprimer notre sincère gratitude au Professeur Maurice Kamto, mais aussi redoubler notre mobilisation en direction des différentes opinions publiques.
Car le Professeur. Kamto, éminent juriste respecté par ses pairs du monde entier, a certainement eu le temps de réfléchir sur la notion de droits humains écrits sur le papier, des droits humains exercés ou appliqués dans dans la pratique, et la nécessité d’éduquer les Camerounais ordinaires sur leurs droits fondamentaux.
En effet sur le papier, tous les Camerounais sont égaux, mais dans la pratique ils ne le sont pas. Cela a à voir avec la réalité entre les droits humains et les pratiques politiques, les droits humains et les logiques institutionnelles, les pouvoirs individuels d’action et les structures en place. Ainsi, dans un pays où le président dispose d’un pouvoir exécutif renforcé, cela signifie en pratique qu’il n’y a pas de séparation des pouvoirs. En conséquence, dans un pays qui prétend être une république, le président camerounais est pratiquement au-dessus des lois, et dans la pratique un monarque constitutionnel avec un pouvoir absolu. Il ne se fait d’ailleurs pas prier pour jouir de ce pouvoir absolu et restreindre subtilement la liberté d’expression, multipliant comme nul autre l’abus des droits humains à travers les manipulations répétées du système politique et judiciaire. De plus, il a un pouvoir absolu de contrôle sur son entourage; dont il use et abuse avec ruse, menaces, pots-de-vins, doublé d’un caractère impitoyable et pathologiquement rancunier. Ce qui explique, par exemple, pourquoi le Ministre d’État Marafa Hamidou Yaya est détenu sous l’accusation grotesque de «complicité intellectuelle de détournement de deniers publics» qui n’existe dans aucun manuel de Droit ni dans la constitution Camerounaise; et Jean-Marie Atangana Mebara est maintenu en détention après qu’un juge ait de manière inédite demandé et prononcé sa libération.
Ainsi donc, en s’impliquant dans la politique au Cameroun, il est important de comprendre qu’il n’y a pas de règles du jeu équitables dans le pays. Il y en a jamais eu! C’est trop simple voire simpliste de dire que nous vivons dans le monde que Biya a fabriqué et beaucoup d’entre nous sont ses «créature ». En réalité dans ce monde, nos institutions travaillent pour une seule et unique personne, l’ambition politique y est placée au-dessus des principes, et le calcul politique cynique et la polarisation l’emportent sur la vérité et la justice. C’est un monde où les garde-fous constitutionnels nécessaires (contenus parfois dans la loi fondamentale) sont de plus en plus fragiles, où les institutions et les individus qui devraient se repentir de leurs «péchés» considérables se présentent comme des modèles de vertu et de moralité.
Ces dernières années, un nombre croissant de Camerounais ordinaires ont appris des faits importants y compris sur leur pays à travers des sources “alternatives” d’information. Cela a inévitablement suscité la peur au sein de l’élite gouvernante, puis des paniques intenses et récurrentes, l’amenant à utiliser tout son contrôle des médias pour délivrer des avertissements orwelliens et fermer Internet. Ainsi le travail des droits humains au Cameroun avec une organisation telle que le CL2P est entièrement axé sur les droits humains en quête de la vérité presque de manière obsessionnelle, par rapport au pouvoir absolu et à une propagande d’État sponsorisée par le pouvoir en place.
En résumé, comme le dit à juste titre le Dr Martin Luther King, le CL2P comprend parfaitement que l’arc de l’univers moral est long mais il se penche irréversiblement vers la justice.
Alors bienvenue à bord Pr. Kamto!
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques (CL2P)
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English version
The CL2P, Human Rights and Politics in Cameroon
Cameroon: Presidential candidate Maurice Kamto talks about the alleged fight against corruption through arbitrary detentions of senior ministers Marafa Hamidou Yaya and Jean-Marie Atangana Mebara.
After years of being attacked for making stuff up, our efforts are obviously beginning to bear fruit, especially in the general awareness of the political cleansing carried out in Cameroon by the dictator Paul Biya under cover of the necessary and legitimate fight against corruption.
Reason if it is to express our sincere gratitude to Professor Kamto, but also to redouble our mobilization towards different public opinions.
Pr. Kamto, as an eminent jurist respected by his peers worldwide, has certainly had time to reflect on the notion of human rights on paper and human rights in practice, and the necessity to educate ordinary Cameroonians on their rights. On paper, all Cameroonians are equals but on practice they are not. This has to do with the reality between human rights and political forms, human rights and institutional politics, individual agency and structures.
Thus, in a country with a president with reinforced executive power which, in practice, means that there are no checks and balances. Thus, in a country that claims to be a republic, the Cameroonian president is practically above the law and in practice a constitutional monarch with absolute power and he is not above exercising that absolute power curtailing freedom of expression, abuse of human rights and rigging the political and judicial system. More, controlling his entourage with cunning, threats, bribes and ruthlessness that explains, for instance, why Senior Minister Marafa Hamidou Yaya is detained under the charge of “Intellectual complicity” which do not exist in the Cameroonian constitution and Jean-Marie Atangana Mebara still imprisoned even after a judge asked for his freedom.
Thus, when engaging in politics in Cameroon, it is important to understand that there is no level playing field in the country. It is too simple to say that we are living in the world that Biya made and many of us are his “creatures.” In this world, our institutions work for one person where political ambition is placed above principle, where cynical political calculation and polarization trumps truth and justice. It’s a world where the guardrails are increasingly fragile, where institutions and individuals who should be repenting of their considerable sins are instead holding themselves up as exemplars of duty and morality.
In recent years, a growing number of ordinary Cameroonians have been learning important facts through “alternative” news. This has struck the elite with intense fear and panic, causing it to use all of its mass media control to deliver Orwellian warnings and shutting down the internet. Thus, human right work in Cameroon with organization such as the CL2P is entirely about human rights and truth-seeking journalism versus absolute power and elite-sponsored propaganda.
In short, as with Dr. Martin Luther King, the CL2P understands that the arc of the moral universe is long but it bends towards justice, therefore, welcome on board Pr. Kamto!
The Commitee For The Release of Political Prisoners (CL2P)