LE CL2P, LE CAS MARAFA, LE DESPOTISME JURIDIQUE ET LA POLITIQUE DÉSILUSIONNELLE AU CAMEROUN
Le ministre d’état Marafa Hamidou Yaya qui a été reconnu coupable de « complicité intellectuelle de détournement de deniers publics» et croupit toujours en prison six (06) ans après que l’ONU a demandé sa libération immédiate.
Qu’est-ce que la «complicité intellectuelle»?
D’abord, cette accusation n’existe pas dans la législation camerounaise. Deuxièmement, dans la pratique, cela signifie forcément que quelqu’un ou un groupe de personnes a dû mentir au sujet du ministre d’État. Nous ne pouvons jamais savoir si l’accusation de « complicité intellectuelle » est vraie, ou à quoi exactement se réfère la notion de «complicité intellectuelle». Jusqu’à présent, il n’y a dans que le monde suffoquant d’insinuations et de ragots qu’est devenu le Cameroun sous le règne de Paul Biya que celui-ci est parvenu à construire puis imposer lentement une telle décision judiciaire surréaliste dans l’inconscient général.
Incapable de découvrir ce qu’est exactement la « complicité intellectuelle », le CL2P se retrouve donc face à un système judiciaire aussi insensé que cruel: un système judiciaire dominé uniquement par la petitesse d’esprit et l’absurdité de la bureaucratie pavlovienne, appuyé pour ce faire sur un réseau partisan qui domine sans autre motivation que l’opportunisme politique. Ainsi, ce n’est pas tellement affligeant de savoir et rappeler que le ministre d’état Marafa souffre d’une injustice criarde, mais de constater le peu que le système judiciaire à l’origine de celle-ci sait exactement contre lui et comment il s’avère toujours incapable de le démontrer.
Aussi, le despotisme légal est une alliance entre la logique juridique et la logique bureaucratique, qui défie souvent la compréhension, en particulier lorsque la procédure judiciaire régulière et l’opportunisme politique se transforment en despotisme légal. Un environnement despotique légal où la loi est utilisée pour écarter du champ de bataille politique tout camerounais redouté, considéré comme une menace politique pour la dictature trentenaire en place.
Le vrai problème est que le gouvernement, dans la pratique, n’a aucun contrôle sur son propre despotisme légal. Car définir qui est une menace pour le régime est toujours un processus arbitraire qui finit par criminaliser tous les Camerounais. C’est en fait une politique totalement subjective qui peut rapidement se transformer en paranoïa où les « ennemis de l’État » sont soudainement partout dans le pays et dans la diaspora; et où n’importe quel camerounais ordinaire peut être dépouillé de sa liberté et de sa dignité en un éclair.
La réalité est que la politique est devenue délirante au Cameroun, ce qui signifie aussi que tout est devenu possible, comme «racheter des villages entiers et déterrer des cadavres» tel que le Directeur Général de la télévision des mille collines VISION 4 l’a récemment promis à un activiste.
Ainsi, tout le corpus de la politique de Paul Biya est irrationnel, mais cela ne signifie pas pour autant que lorsque nous le regardons, nous devrions nous comporter comme des spectateurs innocents et passifs. Il n’y a pas d’innocence ni de passivité ici, mais uniquement la complicité avec la cruauté inégale d’un système politique. Cette complicité peut facilement devenir fatale si nous continuons à laisser ce genre de régime politique se moquer de nous, de faire de nous ses marionnettes.
Alors il faut le répéter sans cesse: y compris dans la situation présente, nous avons beaucoup plus de pouvoir que le régime de Yaoundé voudrait nous faire croire. La Boétie nous dit à ce sujet que tous les régimes tyranniques sont les sous-produits de la servitude volontaire, ce qui explique pourquoi nous avons tous toujours le gouvernement que nous méritons.
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques (CL2P)
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English version
THE CL2P, THE MARAFA’S CASE, LEGAL DESPOTISM AND DELUSIONAL POLITICS IN CAMEROON
The senior minister Hamidou Marafa Yaya who has been convicted of “intellectual complicity” is still languishing in prison six years after the UN has asked for his release.
What is “intellectual complicity?”
First of all that charge does not exist in the Cameroonian constitution. Second, in practice, it means that someone or a group of people must have been telling lies about the senior minister. We can never find out whether or not the charge of “intellectual complicity” is true, or what exactly “intellectual complicity.” So far, nothing but the suffocating world of innuendo and gossip, which slowly builds towards a judicial decision.
Unable to discover what exactly “intellectual complicity is” the CL2P is left with a judicial system that is as senseless as it is cruel. Nothing but a judicial system dominated by the pettiness and absurdity of bureaucracy, creating a web that traps the Senior Minister for no clear reason other than political expediency. Thus, it is not so much that the Senior Minister Marafa is suffering an injustice, but what exactly the justice system wants of him or how he might provide it.
Thus, legal despotism is an alliance between legal and bureaucratic logic that often defy comprehension, particularly, when judicial due process and political expediency turn into legal despotism. A legal despotic environment where the law is used to clear the political battlefield of Cameroonian considered to be a political threat to the regime.
The real problem is that the government, in practice, has no control over its own legal despotism because defining who is a threat to the regime is always an arbitrary process which in fact criminalize all Cameroonians. It is, in fact, a completely subjective policy that can turn quickly into paranoia where the “enemies of the state” are suddenly everywhere in the country and in the diaspora and any ordinary Cameroonian can be stripped of his freedom and dignity in a drop of a hat.
The reality is that politics has become delusional in Cameroon which also mean that everything has become possible such as “buying out entire villages and digging up dead bodies” as Vision 4 recently broadcasted.
Thus, the whole phenomenon of Biya’s politics is irrational, but that doesn’t mean that when we look at it we should behave like spectators or innocent bystanders. There is no innocence here only complicity with cruelty. That complicity can easily become fatal if we keep letting that kind of politics to make fools of us, makes puppets of us, often enough. But it doesn’t have to repeat itself. In the current case, much lies within our control as La Boetie tells us that all tyrannical regimes are the byproducts of voluntary servitude which explains why we all have the government we deserve.
The Commitee For The Release of Political Prisoners (CL2P)