Le CL2P, Le Vieux Nègre et Le Régime Apolitique de Yaoundé
Dans le passé, les ennemis du CL2P pensaient que le CL2P exagère sur la réalité du régime de Biya. La crise anglophone montre à quel point nous avons été prescients. La crise Anglophone a fait tomber le masque du régime de Yaoundé. Les Camerounais savent désormais exactement dans quel genre de pays ils vivent et ont en réalité toujours vécu. Le CL2P ne doute pas que la crise anglophone met en évidence les problèmes sociaux très graves du pays. Les ébauches de solutions et les fissures béantes à peine fermées risquent aussitôt d’être ré-ouvertes. C’est dire si cela nécessite une prise en charge politique, un compromis et une habilité considérables. Il y a lieu de s’inquiéter sérieusement avec ce régime ignorant et apolitique.
En effet, ce n’est pas trahir un secret de dire que le gouvernement camerounais n’a montré jusqu’ici aucune urgence et la moindre priorité dans la résolution de la crise anglophone. Il n’y a pas de complexité, pas de nuances, ni de subtilité nécessaire pour comprendre pourquoi il ne l’a pas fait. Alors ne prétendons pas qu’il y a une quelconque signification, un sens politique à l’inertie chronique, là où il n’en existe pas.
La triste vérité est que le régime de Yaoundé est simplement apolitique en raison de la forte conviction qui est la sienne depuis son avènement qu’il aurait reçu des” privilèges spéciaux “pour gouverner le Cameroun à vie.
En effet, c’est un régime qui croit que le fait de s’engager dans la dure réalité de la politique quotidienne pour gérer les conflits politiques est indigne d’un régime de droit divin. Aussi, le régime n’a pas de philosophie politique. Le président croit que le fait qu’il soit au pouvoir n’a rien à voir avec la politique, ni même avec le vote des Camerounais (quoiqu’il en dise publiquement), mais cela serait uniquement lié à une certaine providence, à un « privilège spécial ». En conséquence, le président et son régime fonctionnent en permanence dans un univers fantasmé entre la Suisse et Mvomeka (son village natal). Ils n’ont aucune idée de la crise anglophone, n’en ont pas mesuré la profondeur, et se révèlent incapables de se soucier de la tournure dramatique qu’elle prend pour le Cameroun. Au contraire ils s’en servent même d’abord à des fins de pérennisation de leur pouvoir voulu éternel.
Aussi, leur approche “de l’ordre public” pour gérer la crise est d’abord conçue pour faire appel aux Camerounais stupéfiés qui n’aiment pas le «désordre» dans les rues. Le régime sait que les Camerounais ordinaires aimeront ainsi voir l’état policier contrôler les rues plutôt que les «pillards » anglophones (comme il les appelle). L’État policier peut donc déployer son arsenal répressif et faire circuler son message autoritaire suivant lequel les « pillards et les émeutiers » seront nettoyés au Karcher par ses forces de sécurité. Par conséquent, nos frères et sœurs anglophones n’ont pas d’autre choix que de bien se «comporter». L’affrontement et la tension deviennent ainsi une quasi bénédiction pour un régime qui n’assume jamais aucune responsabilité, et ne comprend qu’on puisse lui en imputer une dans la persistance de la crise anglophone. L’idée que le pays est attaqué est la distraction tant rêvée et souhaitée dans la perspective du septennat infini. Le chaos ambiant est en cela bien plus sophistiqué qu’on l’imagine. Car depuis la guerre contre les «Maquisards», le régime de Yaoundé (c’est en réalité le même) a parfaitement compris l’effectivité des tactiques de «schock and awe» pour pacifier la population.
Il veut et sait comme nul autre appliquer une réponse non politique à un problème politique.
Comme l’a notamment souligné le CL2P, à maintes reprises, cela résulte naturellement d’un régime biopolitique néocolonial qui est en fait le prolongement d’une expérimentation de plantation coloniale, présentée pour faire bonne figure comme un État-nation durant les sept dernières décennies et qui, en termes historiques, n’est qu’une grosse mascarade. Et les braves Camerounais anglophones exposent cette escroquerie au grand jour en rendant sa compréhension limpide et nécessaire. Ils exposent surtout la fondation ethno-fasciste de l’état camerounais et les progrès anémiques des 70 dernières années. Le temps de protester, de faire campagne, et de détruire le monstre semble inéluctable.
Car fondamentalement le régime de Biya est apolitique, parce que le maître colonial n’a pas besoin de jouer ou de faire de la politique au sens noble du terme. De manière méthodique il suit ses propres fins et est uniquement influencé par d’autres maîtres coloniaux. Dans la pratique, le maître colonial ne représente véritablement personne si ne n’est d’abord et uniquement lui-même. Il a une vision simpliste presque infantile du monde et ne semble réagir que lorsqu’il voit ou pense son pouvoir menacé, plutôt que d’agir avec une quelconque signification plus profonde.
Mais le problème c’est que le fait d’être au pouvoir en raison de la « providence » débouche en fait sur la politique de l’identité, la politique tribale, et non sur la vraie politique avec un grand P. Comme le montre le CL2P, le régime Biya n’a rien d’autre à offrir que la politique de l’identité, ce qui dans la pratique n’a toujours fait qu’empirer les choses. Car l’ethno-fasciste fonde toute sa philosophie sur l’idée que son identité est intrinsèquement supérieure à d’autres identités. L’ethno-fascisme est une philosophie entière, toute une politique basée sur l’identité. Soutenir une idéologie qui préconise la suprématie d’une ethnie ou d’une tribu par rapport à l’autre est moralement indéfendable comme l’est le système de pensée du régime de Paul Biya, qui pousse ouvertement et alimente dans les médias le massacre des populations anglophones.
Par ailleurs, se concentrer uniquement sur la politique tribale joue également en faveur du “système” parce que cela permet de distraire les camerounais des problèmes réels. Les gens qui jouent au jeu ethno-fasciste de la politique tribale deviennent ainsi (sans forcément le savoir) des idiots utiles à bien des égards, et c’est là que le président Biya est un symptôme puissant de la maladie, une maladie ethno-fasciste qui ronge au cœur de l’âme camerounaise.
Encore une fois, les Camerounais doivent comprendre que le pays tire son dynamisme et sa richesse de son creuset de cultures, d’ethnies et de tribus différentes; ce besoin constant de construire une identité partagée, que le régime de Biya ne devrait en aucune manière considéré comme acquis.
Et si le régime de Yaoundé ne veut délibérément prendre aucune responsabilité pour le pays, cela ne doit en aucune manière signifier que les Camerounais ordinaires eux en fassent de même. Le CL2P croit réellement que la rhétorique qui consiste à attaquer le régime ne suffit plus. Il appartient aux partis d’opposition, aux organisations de la société civile, aux militants des droits humains, aux citoyens engagés du Cameroun de suivre le chemin de la désobéissance civile tracé par les leaders anglophones pour résoudre enfin les problèmes réels de ce pays. Cela commence bien évidemment par trouver des solutions efficaces pour combattre le régime en place. L’opposition au régime de Yaoundé doit provenir des réponses politiques, de la stratégie, et d’une philosophie politique originale qui ramène au triomphe de la raison sur cette pression exacerbée de la passion par le régime.
À ce sujet certains camerounais ordinaires pensent qu’ils sont sains et sauf parce que le régime «les laisse tranquilles». Ainsi donc peu importe si nos routes sont maintenant de vastes cimetières, si les personnes meurent de maladies curables sans soins de santé, ou si les écoles sont sous-financées….ils ne se préoccupent même pas de leur propre perspective de vie qui est éminemment sombre, aussi longtemps qu’ils prétendent trouver leur «paix» (offerte par le grand timonier Paul Biya comme le leur sert la propagande de son parti-État-RDPC).
Le CL2P recommande pour le Cameroun un processus de réconciliation nationale à l’image de celui qui s’est tenu en Afrique du Sud. Le régime dictatorial en place doit en effet reconnaître et comprendre que la manière inhumaine dont il traite et continue de traiter les camerounais ordinaires, et plus spécifiquement les anglophones, ne peut plus durer. Autrement nous pourrions finir avec une nouvelle argumentation bien calibrée par ses idéologues, consistant cette fois à nous convaincre dans le chaos généralisé que la tyrannie de Paul Biya détient des « privilèges spéciaux qui l’autorise à détruire le Cameroun pour notre bien commun.
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English version
The CL2P, Le Vieux Negre and The Apolitical Regime of Yaoundé
In the past, CL2P’s haters used to think that the CL2P was exaggerating and overstating the reality of the Biya’s regime. The Anglophone crisis is showing how prescient the CL2P has been. Now the mask is well and truly off, you know exactly what kind of country you live in and in reality have always lived in. The CL2P does have no doubt that the Anglophone crisis is highlighting very serious social problems in the country. Rifts and fissures scarcely closed are in real danger of being opened up; to say it needs careful political handling, compromise and deftness is an understatement; not very likely with this blundering ignorant and apolitical regime in charge.
Indeed, there is no secret that the Cameroonian government has shown no urgency and no priorities when it comes to the Anglophone crisis. There is no complexity, no nuance, and no subtlety in understanding why. Hence, why pretend there is intended meaning where none exists?”
The hard truth is that the regime of Yaoundé is actually apolitical because of a strong belief that the regime has received “special privileges” to rule the country forever.
Indeed, it is a regime, which believes that engaging the day-to-day tough reality to manage political conflicts is beneath a god given regime. Thus, the regime has no political philosophy. The president believes that the fact that he is in power has nothing to do with politics but because of some kinds of providence or “special privilege.” As a result, the president and its regime always operate in a fantasy bowl, mainly, in Switzerland and Mvomeka. They have no idea what the Anglophone crisis is about and they do not care either.
Now, its regime’s “law and order” approach to the crisis is designed to appeal to dumbed down Cameroonians who do not like the “disorder” in the streets. The regime knows that ordinary Cameroonians will rather like to see the police state control of the streets rather than Anglophone “looters.” How the police state gets across the message that the “looters and the rioters” are not in charge but the police state is. Hence, our Anglophone brothers and sisters better “behave” themselves. For a regime that never takes responsibility for anything, and, therefore, fail to understand their responsibility in creating the Anglophone’s situation, the idea that the country is under attack is a welcome distraction. It’s far more sophisticated than that. The regime understands “shock and awe” tactics since the day of the war against the “Maquisards” to keep people on the back foot and then slip shit under the radar while people are still figuring out how to respond. We need to wise up and consider their competitiveness in our reactions.
It is, as usual, a non-political answer to a political problem.
As the CL2P has pointed out, over and over again, this is a natural result of a neo-colonial biopolitical regime which is actually a colonial plantation experiment masquerading as nation-state for the last seven decades which in historical term is just a bleep. And the brave Anglophone Cameroonians are exposing this masquerade which is absolutely necessary. They are exposing the ethno-fascist foundation of the Cameroonian state and the anemic progress of the past 60 years. Time to protest, campaign and destroy the monster, indeed.
As such, the Biya’s regime is effectively apolitical, because the colonial master does not need to play politics. He will either follow his own ends or be swayed by others by other colonial masters.
In practice, the colonial master effectively stands for no-one, he has no peer group and was not drawn from any particular strata. Hence, the colonial master has a simplistic almost childlike view of the world, and seems to react only when he sees his power threatened rather than acting with any deeper meaning.
The problem is that being in power because of the “providence” is in fact identity politics, tribal politics, not politics with a big P. As the CL2P sees it, the regime has nothing to offer but the politics of identity which only make things worse. Ethno-fascist base their entire philosophy on the idea that their identity is inherently superior to other identities. Ethno-fascism is an entire philosophy, an entire politics based on nothing but identity. Supporting an ideology which advocates the supremacy of one ethnicity over another is morally indefensible as one the ideologue of the Biya’s regime advocated openly and on the media the massacre of the Anglophone people.
And focusing purely on tribal politics also plays into the “systems” hands as it distracts from the real issues. People who play the ethno-fascist game of tribal politics are useful idiots in many ways, and this is where the president is a powerful symptom of the disease, an ethno-fascist disease eating at the heart of the Cameroonian’s soul.
Then again, Cameroonians ought to understand that the country derives its dynamism and richness from its melting pot of cultures and ethnicities. The constant need to build shared identity that must never been taken for granted as the Biya regime does.
If the regime of Yaoundé won’t take responsibility for the country, it does not mean that ordinary Cameroonians have to do the same. The CL2P actually believes that rhetoric that keep attacking the regime is somewhat way beyond its sell-by-date. It behooves Cameroonian opposition parties, the civil societies and human right activists to follow the path opened up by the Anglophone leaders to address the real problems with the regime of Yaoundé by finding policies to fight them. The opposition to the regime of Yaoundé must come from policy responses, strategy and original political philosophy to underpin a revival of reason against the pressure of passion the regime stands for.
Some ordinary Cameroonians think they are doing well because the regime “leaves them alone.” It doesn’t matter if our roads are now vast cemeteries. People dying of curable diseases with no healthcare, or if the schools are underfunded. They still don’t even care if their own life prospect do not look very good at all as long as they find their own “peace.”
The CL2P advocates a public reconciliation process like they had in South Africa for Cameroon. It needs to acknowledge the way it treated and continues to treat ordinary Cameroonians. Otherwise we end up with the arguments from the regime’s ideologue that the Biya’s regime has “special privileges” to ruin the country for all of us.
By Olivier Tchouaffe, PhD, Contributor to the CL2P and Joel Didier, President of the CL2P