Le CL2P est une organisation qui a toujours célébré l’excellence et la justice sociale. Par contre, les défenseurs récents des enfants de hauts dignitaires du régime Biya, dont ceux du président du Cameroun, notamment leurs candidatures aux grandes écoles voulues “très sélectives” du pays – dans la formation des cadres de l’administration camerounaise – ont utilisé l’argument de l’égalité des chances, de l’idéologie des premiers de cordée, et de la noblesse oblige pour justifier de manière démagogique et improductive ces candidatures ubuesques.
S’il est en effet vrai que ces pratiques peuvent sembler évidentes dans des entreprises privées camerounaises et les associations non gouvernementales, comme le CL2P, il n’en va pas de même pour le gouvernement Camerounais. Premièrement, principalement parce qu’une sorte de soi-disant famille régnante divinement ordonnée monopolise réellement les ressources de l’État depuis au moins 1982. Ainsi, l’idée d’égalité de chances dans l’accès a l’éducation et à la mobilité sociale au Cameroun est une Non sequitur et annule d’emblée tout argument d’équité dans le pays. Car si, en principe, tous les Camerounais sont dotés des mêmes droits sur le papier, dans la pratique, on ne peut pas supprimer les multiples formes d’inégalités qui structurent les marchés de l’éducation et du travail dans ce pays; ce qui explique le pouvoir asymétrique d’accès aux ressources au Cameroun.
Nous sommes conscients qu’une de ces privilégiés nous a habitués à diffuser ses fatwas patriotiques sur les réseaux sociaux mais elle doit aux Camerounais ordinaires des explications sur les raisons qui l’ont amenée à considérer l’Ecole Nationale d’Administration et de Magistrature (ENAM) comme son choix principal. Sinon, il est difficile d’écarter l’idée qu’elle usurpe en fait la place de beaucoup de Camerounais ordinaires réellement méritants dans un pays où les statistiques du chômage sont obstinément élevées depuis des décennies, réduisant cruellement la marge de manœuvre des Camerounais ordinaires sur le marché de l’éducation et du travail.
En fait, ce genre d’admission jette un voile d’illégitimité sur des résultats académiques qui auraient pu être, sinon, légitimes. De plus, cela contraint les administrateurs de ces écoles à mentir sur ce qu’ils font, ce qui constitue une dérogation à l’intégrité de l’éducation. En effet, ces administrateurs doivent mentir parce qu’il deviendra de plus en plus difficile de prouver qu’ils agissent sur des bases de règles neutres où tous les Camerounais ordinaires sont tous traités de manière égale indépendamment des liens politiques et/ou de famille.
De plus, une attention plus grande devrait davantage être accordée à tous les autres types de formations et d’emplois, puis à leur contribution vitale à la société, par rapport à la place démesurée prise par ce confinement à la bureaucratie «sélective» dans une économie qui a désespérément besoin de diversification. Ces processus sont en effet au cœur de la nature du dialogue social à engager au Cameroun, de la propriété et de la distribution des ressources, puis dans la manière dont les politiques et les infrastructures de l’État en matière d’éducation et de travail sont repartis. Et le CL2P est parfaitement conscient que les politiques d’éducation et d’emploi sont toujours des conflits, à l’instar des politiques relatives à la discrimination positive (Affirmative Action aux États Unis) ou plus récemment la réforme du droit du travail en France, qui furent toujours marquées par de fortes résistances.
Le CL2P comprend que porter attention sur les problèmes de classes sociales au Cameroun n’est pas un luxe. Le CL2P est conscient qu’un grand nombre de Camerounais ordinaires sont marginalisés, mais la démagogie et la propagande conventionnelle du régime Biya ne suffisent plus à couvrir les insuffisances des politiciens camerounais. Sur le plan politique, le pays est à bout du souffle et désespère d’un sursaut, d’où la fuite en avant actuelle qui permet de pimenter le néant ambiant par un nationalisme réactionnaire sans mener à grand chose. Il n’y a dès lors rien d’étonnant à ce qui se passe maintenant; puisque tout le système politique a besoin d’une douche hygiénique pour débusquer une à une toutes les formes prises par cette corruption endémique qui a permis de maintenir le régime Biya sous perfusion depuis 35 années.
Il est aussi important de noter et reconnaître que ce triste état de choses va bien au-delà d’une seule personne.
C’est un problème systémique et l’idée même qui voudrait que le Cameroun pourrait aller bien si ce n’était la faute ou à cause d’une personne, est en fait incroyablement insultant pour le pays. Hélas cela est difficile à faire à comprendre tant de gens aujourd’hui. Probablement parce que s’aligner sur la ligne du parti-État «RDPC», plutôt qu’exercer une pensée critique profonde, est beaucoup plus facile. Dans ce pays le statu quo procure malheureusement une certaine forme de sécurité. Or le CL2P milite lui pour beaucoup plus d’humilité et d’empathie collective qui sont ô combien nécessaires pour que nous puissions tous survivre à ce stade accrue de dégénérescence politique.
Car la politique est et doit demeurer un processus par lequel nous déterminons la volonté générale. En absence d’un équilibre suffisant des pouvoirs, les institutions ont tendance à corrompre même ceux qui ont de « bonnes intentions » et c’est sans doute la plus grande menace pour notre propre espèces (et beaucoup d’autres) entre les mains de sociopathes assoiffés de pouvoir. On peut soutenir que notre plus grand défi en tant qu’individus et sociétés est d’utiliser le pouvoir d’une manière à la fois sage et juste.
Olivier Tchouaffe, PhD, Porte-parole du CL2P
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English version
The CL2P, Trickle Down Economy and Social Justice in Cameroon
By Olivier Tchouaffe, PhD, Spokesman of the CL2P
The CL2P celebrates excellence anywhere it can find it. However, the recent defenders of the children of high ranking officials, including the president of the country, and their candidacies to the country major and highly selective schools for cadres of the Cameroonian administration have used the argument of equality of access, trickle down economy and noblesse oblige to justify these forms of candidacies in a demagogic and self-destructive fashion.
While it is true that these practices can be recorded in Cameroonian’s private enterprises and Non-Governmental Associations, such as the CL2P, the same cannot be said of the Cameroonian government. First, mainly because, one kind of so-called divinely ordained ruling family monopolizes state resources since at least 1982. So, the idea that the playing field in Cameroon’s educational and access to upward mobility is pretty much a Non sequitur and nullifies any argument of fairness. If, in principle, all Cameroonians are endowed of the same rights on paper, in practice, one cannot do away with the multiples forms of inequalities that structure the educational and labor markets in the country and explain the asymmetrical power in accessing resources in the country. We are aware that one of these privileged few are accustomed us to air her patriotic fatwas on social media but she owes ordinary Cameroonians the reasons that are led her to consider the School of Public Administration and Magistrate as her choice. Otherwise, it is hard to cast aside the idea that she is in fact usurping the spot of many more deserving ordinary Cameroonians in a country where the statistics of unemployment have been stubbornly high for decades cruelly reducing ordinary Cameroonians’ margin of manoeuver in the labor market up to none.
In fact, these kinds of admission cast a pall of illegitimacy on achievements that might have been, otherwise, legitimate. Moreover, it forces the administrators of these schools to lie about what they are doing which is a dereliction of educational integrity. These administrators have to lie because it will become increasingly difficult to prove that they are acting on a set of neutral rules where ordinary Cameroonians are all treated equally irrespective of political connections. More, attention should be paid to other forms of jobs and contribution to society beyond the confine to the selective bureaucracy to diversify an economy in dire need of diversification.
These processes go at the heart of the nature of social dialogue in Cameroon, the ownership and distribution of resources and how the state policies and infrastructures in terms of education and labor. As with the knowledge that educational and labor policies are always conflictual as Affirmative Action and Change in labor Law in France, more recently, are facing strong resistance. Hence, the CL2P understands that bringing attention to working-class issues is not a luxury. The CL2P is aware that ordinary Cameroonians are really hurting and demagoguery and propaganda can no longer cover up Cameroonian’s politician’s inadequacies. Politically, the country is at an endgame and even some reactionary nationalism thrown in will not do. That is it. There is nothing astounding about what is happening now; the entire political system needs an enema to flush out all of the corruption and money that is allowing to plod along on this track.
This sad state of affairs go beyond one single person.
It is a systemic problem and the idea that Cameroon would be doing okay if it weren’t for one person, is actually incredibly insulting. I think this is hard for so many folks in the country to understand. Probably because staying the CPDM’s line course rather than critical thinking is much easier, since, the status quo, unfortunately, provide to many a sense of security. The CL2P, however, believe that much more humility and empathy is required for all of us to survive at this crucial point of political degeneracy.
Thus, the CL2P understands that politics are processes by which we determine general will of the people. It happens in families, offices, and across nations. It is an inherent dynamic of human interaction and can be as egalitarian as friends decided which restaurant to meet for lunch or autocratic control of a vicious dictatorship. In the absence of sufficient balance, power tends to corrupt even those with “good intentions.” Arguably our greatest challenge as individuals and societies is use power in ways that are both wise and fair. Attempting to create a just social contract such as a bill of rights reduces the opportunity for abuse by a tyranny of a majority and majority rule attempts to keep political powers in balance, as does division of powers.
Olivier Tchouaffe, PhD, Spokesman of the CL2P