Le CL2P, RES Publica et le bon gouvernement au Cameroun
Dans ce pays les décrets présidentiels sont devenus de véritables modes d’envoûtement collectif…Une simple observation des réseaux sociaux et de la presse en ligne camerounaise permet en effet de constater ce matin du samedi 03 mars 2018 combien les décrets du dictateur Paul Biya interviennent littéralement après 35 années de règne ininterrompu, comme des scènes d’envoûtement collectif des camerounais, de l’intérieur comme de la diaspora.
Depuis vendredi soir un nombre non négligeable de camerounais ne parle et n’écrit que sur cela…Même si il n’y a pas grand chose à espérer d’un réaménagement ministériel qui ressemble davantage à un jeu de chaises musicales entre les plus faucons d’un régime aux abois. Il en ressort clairement la détermination d’un tyran de 85 ans à mourir au pouvoir, y compris en marchant sur des millions de morts de ses compatriotes, positionnant pour ce faire son dernier carré de fidèles sur les portefeuilles les plus importants (administration territoriale, finances, cabinet civil à la présidence), et ne s’encombrant pas des considérations liées à leur moralité, ou du rôle de pyromane joué par certains notamment dans le pourrissement de la crise anglophone.
Mais rien n’y fait, certains camerounais célèbrent encore ces nominations après 35 années d’inertie chronique, presque comme des miracles capables de changer le cours d’un État en déliquescence généralisée.
Le fait est que la plupart des Camerounais sont habitués à la propagande du régime Biya et ils ont oublié qu’ils vivent dans une république. Une république signifie res publica, ce qui signifie affaire publique et non affaire de Biya. De plus, le peuple est souverain et non le gouvernement, encore moins le président. Aussi être privé de son propre droit; c’est accepter la tyrannie.
Autre observation de taille: dans un pays plongé dans une crise politique extrême, le nouveau gouvernement de Biya ne comprend aucun ancien député, aucun représentant du secteur privé, aucun membre de l’opposition, et de la société civile. En fait, il n’y a personne avec une expérience significative en dehors des «créatures» de Biya.
Ce manque de personnes compétentes a un coût énorme pour le pays. Cela signifie que les gens que Biya a embauchés pour son gouvernement ont des compétences très réduites et manquent de talent pour diriger correctement la fonction publique, manquant d’auto-conception et de la conscience de soi pour admettre qu’il y a des choses qu’ils ne savent pas. Ce qui ne les empêche pas pour autant d’avoir l’arrogance pédante de croire qu’ils savent tout sur tout. Bref, c’est leur recette magique pour faire oublier leurs propres lacunes. En réalité dans la majorité, ces individus n’ont qu’une corde à leur arc et qui est principalement leur aptitude à être les plus grands lèche–culs du président.
En conséquence, un gouvernement manquant de compétence significative et à l’écoute de ce qui pourrait s’empirer dans les affaires du pays et donc l’aptitude de naviguer dans des tempêtes féroces qui pointent à l’horizon. Ainsi, après 35 ans au pouvoir, Biya reste sourd à la nature changeante de la sphère politique au Cameroun. Il ne prend pas la vraie mesure de la crise anglophone et beaucoup d’autres questions importantes qui font basculer le pays au cœur de la crise. Ce que nous avons, c’est la continuité du gouvernement à faible activité.
Un gouvernement de la RES publica est un gouvernement qui donne la priorité au bien commun et qui gagne à se positionner dans une logique de contribution et de justice sociale.
Un gouvernement qui accueille et gère les sources de légitimité, ce qui signifie reconnaître le travail des institutions et de la sphère publique. Ça signifie des capacités managériales extraordinaires afin de les amener tous sous le parapluie d’une seule grande famille.
Les organisations de défense des droits humains, telles que le CL2P, servent à rappeler notamment au gouvernement qu’il est d’abord là pour servir le bien public et non pour permettre à un vieillard de 85 ans d’atteindre son objectif d’une présidence à vie. Ainsi, le CL2P joue un rôle actif pour promouvoir une plus grande implication des citoyens dans le but d’apporter plus de démocratie, de responsabilité et de transparence à la fonction administrative de l’État, en particulier dans le domaine de la justice sociale. Ainsi, mettre en place des mécanismes permettant l’expression de confiance ou de méfiance d’un citoyen, puis se concentrer sur le rôle de ces interventions pour renforcer la légitimité de l’Etat administratif.
Dans l’ensemble, la légitimité des gouvernements démocratiques repose sur leur capacité à devenir un vecteur de l’expression par excellence de la Nation à travers l’organisation de forums où les esprits les plus éclairés échangent des arguments et des contre-arguments pour la réalisation du bien public.
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques (CL2P)
English version
The CL2P, Res Publica and Good Government in Cameroon
In his 35 years of his interminable presidential reign, presidential decrees had become real modes of collective spell …A simple observation of social networks and the Cameroonian online press reveals this Saturday morning, 03 / 03/ 2018 how the decrees of the dictator Paul Biya literally turns into collective spell on ordinary Cameroonians, both inside and in the Diaspora.
Since Biya’s recent decree, that is the only thing ordinary Cameroonians are talking and writing about…. Even if there is not much to hope for this new round of game of musical chairs between the most hawkish members of the Biya’s regime.
It shows the determination of an 85-year-old tyrant to die in power, including marching on millions of deaths of his compatriots. The dictator has now positioned his last square of the faithful on the most important portfolios (territorial administration, finances, cabinet civil to the presidency), with a little regard of their ethical practices, or the role of pyromaniac played by some especially in the decay of the Anglophone crisis.
Nothing works; some Cameroonians still celebrate these appointments almost as miracles capable of changing the course of a state in general delinquency.
The thing is that most Cameroonians are used to Biya’s propaganda and they forgot that they live in a republic. A republic means res publica, which means public affair and not Biya’s affair. More, they are the sovereign and neither the government nor the president, therefore, being denied one’s own right is tyranny.
Thus, in a country deep into an extreme political crisis, Biya’s new government does not includes any former member of parliament, no one from the private sector, no one from the opposition and the civil society. In fact, no one with a significant experience outside of Biya’s “creatures.”
This lack of competent people has a tremendous cost for the country.
It means people Biya has hired for his government have very narrow skill sets and lack the talent to properly run public service, lacking the self-awareness to know they do not know something and with the arrogance to believe they do which is a recipe to overlook their own deficiencies. In some cases, they appear as if one-trick pony is which mainly means how to kiss the president’s ass.
As a result, a government lacking in people with significant competence and who are acutely attuned to what could go wrong in running the country’s affairs, and having them in place prevents the president from stepping on a lot more land mines, therefore, eliminating redundancies and unproductive repetition with the competence to navigate fiercer storms that are around the corner.
Thus, Biya, after 35 years in power, is still tone deaf about the changing nature of the political sphere itself. He is not taking the real measure of the Anglophone crisis and many other important issues rocking the country to the core. What we have is the continuity of low activity government.
A government of the res publica is a government that prioritizes the common good and gains from positioning itself within a logic of contribution and social justice.
A government that accommodates and manages sources of legitimacy, which means recognizing the work of institutions and the public sphere bringing them under the umbrella of a large family. It means a horizontal structure of government.
Thus, human right organizations, such as the CL2P, serve to put pressure on the government to serve the public good. Thus, the CL2P takes an active role to promote more citizen’s involvement with the objective to bring more democracy and accountability to the administrative function of the state, particularly, in the realm of social justice. Thus, installing mechanisms used to register a citizen’s expression of confidence or distrust, and then focuses on the role that these interventions serve to strengthen the legitimacy of the administrative state.
In aggregate, the legitimacy of democratic governments rests on its capacities to become a vessel for the quintessential expression of the Nation through the organization of forums where the most enlightened minds exchanged arguments and counter-arguments for the attainment of the public good.
The Commitee For The Release of Political Prisoners (CL2P)