Après l’échec d’un nouveau round de négociations lundi 27 mars pour parvenir à un accord entre majorité et opposition, quelques échauffourées ont été signalées autour du siège de l’UDPS. La police a même donné l’assaut aux environs de 9 heures. Il y a eu des blessés. Peu après, les évêques congolais ont rencontré le président Joseph Kabila. Selon le porte-parole de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco), il s’est engagé à trouver un consensus. Quant à l’UDPS, principal parti d’opposition, appelle à une marche pacifique dans le pays le 10 avril, si la nouvelle équipe gouvernementale tardait à être formée.
Changement de ton et de stratégie pour Jean-Marc Kabund. « Nous sommes face à des gens qui ont abusé de notre volonté de dialoguer », a lancé le secrétaire général de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) en conférence de presse.
Il invite la communauté internationale à « ne plus reconnaître Joseph Kabila comme chef de l’État » et le peuple congolais à sortir bientôt dans la rue : « Confirmant que le blocage persiste sans espoir d’être levé, compte tenu du fait que le peuple est arrivé au bout de sa patience devant ces obstructions répétées, prenant mes responsabilités devant l’histoire et la Nation, nous allons maintenant nous prendre en charge par des actions de résistance pacifique contre la dictature qui vise à s’enraciner dans notre beau pays. »
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Il faut aller « tout droit aux élections »
Pour Eve Bazaiba, coordonnatrice de la plateforme pour le respect de la Constitution, l’enlisement des discussions sur le « partage du pouvoir » n’est pas très étonnant. Mais cela ne doit pas faire remettre en cause la tenue de la présidentielle en 2017. Elle exige la publication du calendrier électoral :
« La problématique du gouvernement du Premier ministre, ça ne nous intéresse pas. Nous, ce qui nous intéresse, c’est d’aller aux élections. Kabila est là. Il va mettre un nouveau Premier ministre, il garde ce Premier ministre. Ça, ce n’est pas notre problème. Nous, nous ne voulons pas avoir de polémique inutile. Nous devons aller tout droit aux élections. La Céni [Commission électorale nationale indépendante] fonctionne. Nous demandons à la classe politique de pousser encore, de contrôler plus la Céni pour que nous puissions obtenir le corps électoral et aller aux élections. Le Parlement est en session, le Parlement doit préparer l’arsenal juridique qu’il faut pour les élections. » Et de demander au gouvernement « qu’il donne les moyens nécessaires rapidement à la Céni pour aller aux élections ! Et les partenaires internationaux, qui ont accepté de nous accompagner, de donner leur implication effective et substantielle conformément à la résolution 22-77 du Conseil de sécurité pour aller aux élections. »
De son côté, selon les évêques, le président Kabila a promis mardi de tout faire pour dénouer les points de blocage et parvenir à un consensus. A la suite de la rencontre avec la Cenco ce mardi, il s’adressera très prochainement à la Nation à travers les deux chambres du Parlement. Selon un communiqué de la présidence de la République lu mardi soir à la télévision nationale, le chef de l’Etat appelle à la désignation rapide d’une personnalité consensuelle à la tête du Conseil national du suivi de l’accord.