Son maintien, comme celui de tout autre homme politique camerounais, figure d’envergure comme la sienne comme humble militant, est une violation grave des droits fondamentaux, une atteinte inacceptable aux droits de l’Homme et une forfaiture d’État ! Son maintien comme celui de la détention, des sévices contre Ms Bibou Nissack, Alain Fogué, de tous les militants et manifestants pacifiques du 22 septembre dernier.
Cette pratique du lustre des tyrannies, de la consécration de l’abus d’autorité et du règne de l’absolutisme feutré, contrevient et ternit la signature du Cameroun, pays ayant signé, ratifié, validé par l’adoption législative et la promulgation présidentielle du corpus international et panafricain en matière des droits humains, civiques et politiques : la Déclaration universelle des Droits de l’Homme ; le Pacte International relatif aux droits civiques et politiques ; la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, etc. Chacun peut se procurer ce textes pour en déduire du contenu.
Cette pratique, également, jette une lumière crue sur une pratique encore plus pernicieuse : l’usage cynique de la qualification juridique de l’insurrection, en s’appuyant sur la loi antiterroriste, pour tenir en respect l’ensemble des opposants justes, vrais et sincères, les militants des droits humains et les citoyens engagés. En clair : faire peur ; entretenir la peur ; utiliser la peur…
Et se taire, c’est être complice de l’abus qui vous touchera ou vous visera demain. Je l’avais rappelé au sujet de mon frère et confrère Eric-Golf Kouatchou et de bien d’autres situations d’abus de droits, de voies de fait : ce que l’on ne dénonce pas pour l’autre, pour la protection de ses droits fondamentaux est ce qu’il vous arrivera sur les berges de Douala, au pied des sept collines de Yaoundé ou près des sordides murs des prisons de Yoko ou Mantoum.
On n’élimine pas un homme politique quel qu’il soit par la tyrannie, la contrainte et l’usage abusif des forces de sécurité : c’est une pratique qu’il faut combattre pour l’honneur du Cameroun !
Ce que je dis ce matin pour M. Kamto, je l’ai dit hier pour chaque Camerounais, du système ou non, ami ou non, confrère ou non, frère, sœur ou non, quand on en venait à bafouer de façon sauvage et injuste ses droits.
On peut vouloir se taire par peur, par souci de confort personnel, de préserver ses relations. On peut vouloir se taire en raison des difficultés et soucis de sa vie personnelle. On peut vouloir se taire pour s’occuper de ses oignons. On peut vouloir se taire pour dit-on prendre de la hauteur et s’occuper de ses travaux de recherche sur l’espace. On peut vouloir se taire pour préserver ses relations dans les allées du pouvoir ou dans les ambassades du Cameroun. On peut vouloir, par calcul politicien, se taire pour voir le boulevard se dégager pour 2025. Mais, NON, je le dis encore ce matin : chaque Camerounais a le droit de manifester pacifiquement pour dire : PAUL BIYA DOIT PARTIR , comme ceux qui sont encadrés par la police et soutenus par les autorités administratives, marchent librement pour dire : PAUL BIYA ENCORE 100 ANS !
Par conséquent, je fais partie des Camerounais qui ne banalisent pas l’atteinte grave et tyrannique aux droits de M. Kamto et de tous ces concitoyens et qui ne se tairont donc pas. Comme ces droits bafoués au quotidien pour des millions de nos compatriotes. Paul Biya n’est pas l’horizon indépassable du Cameroun : on ne peut donc au nom de son pouvoir, long comme ces kilomètres de l’autoroute Yaoundé-Douala, qu’il reste, hélas, à bitumer, continuer à faire de notre pays, une terre de droits à géométrie variable.
A. Moundé Njimbam
Journaliste / Consultant-chercheur en géopolitique, relations internationales et histoire globale. Spécialiste des politiques et du droit de l’espace