Le pays dirigé à travers la photo officielle du despote..
Celui-ci étant plus que jamais aux abonnés absents dans la gouvernance du pays, il n’apparaît plus que lors des rares audiences accordées de concert avec la France à l’ambassadeur de ce pays et à quelques rares personnalités choisies certainement avec l’accord de celle-ci.
Clairement Paris est désormais à la manœuvre à Yaoundé et veut influer sur la “transition inéluctable”, à un moment où foisonnent toutes sortes de rumeurs sur l’état de santé du vieux dictateur au pouvoir depuis 1982 et où il fait face à une vraie opposition politique du professeur Maurice Kamto. Celle-ci laissera-t-elle la Françafrique dicter le choix du “successeur convenable”? On peut clairement en douter…
D’où la nécessité pour une fois d’œuvrer en faveur d’une transition ouverte et transparente au Cameroun, y compris aux concurrents (internes) redoutés maintenus par le dictateur en prison sous les accusations fallacieuses de détournements de deniers publics, comme Marafa Hamidou Yaya ou Jean-Marie Atangana Mebara, pour ne citer que ceux-là.
Quand on est démocrate on accepte le jeu du suffrage universel jusqu’au bout, non de manière sectaire et discriminante. Ceci s’adresse bien évidemment d’abord aux hommes politiques dits de l’opposition et à nombre de leurs partisans, puisque Paul Biya semble de moins en moins concerné.
JDE
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Au Cameroun, Paul Biya pour la première fois à la télévision depuis le début de la pandémie de coronavirus
Le président du Cameroun Paul Biya s’est exprimé mardi soir 19 mai à la télévision pour la première fois depuis le début de la pandémie du Covid-19 dans ce pays, rompant ainsi un silence médiatique de plus de deux mois très critiqué par l’opposition.
« Comme la plupart des pays du monde, le Cameroun est atteint par le Covid-19 », a déclaré le chef de l’État dans une allocution diffusée sur la télévision nationale, la CRTV. « Le nombre de personnes infectées augmente de jour en jour, apportant la preuve que la lutte contre cette pandémie est complexe et difficile », a ajouté M. Biya.
Le président a appelé au respect « des mesures prises par le gouvernement », comme le port obligatoire du masque. Il a également demandé aux Camerounais à « ne pas céder à la panique et ne pas croire les fausses informations relayées sur les réseaux sociaux ».
Paul Biya, 87 ans dont 37 à la tête du Cameroun, ne s’était pas adressé à la nation depuis l’annonce le 5 mars du premier cas de coronavirus, alors même que son pays est l’un des plus touchés en Afrique subsaharienne. Selon un dernier décompte rendu public lundi, le Cameroun compte plus de 3 500 cas, dont 140 décès.
Uniquement deux photographies
Le mutisme du président avait affolé la Toile fin avril, des internautes affirmant même que le chef de l’Etat était mort. Ces fausses informations avaient alors été démenties par le gouvernement dans un communiqué.
Hormis deux photographies du président, l’une avec l’ambassadeur américain et l’autre avec l’ambassadeur français, publiées sur les réseaux sociaux, le président n’avait alors fait aucune apparition publique ou télévisuelle. Une partie de l’opposition avait critiqué ce silence, jugé irresponsable et dangereux.
Mi-avril, Maurice Kamto, candidat malheureux à la présidentielle de 2018, avait dit avoir initié une procédure afin que le Conseil constitutionnel constate la vacance du pouvoir. C’est finalement mardi soir, veille de la célébration de la fête nationale du Cameroun, que M. Biya s’est adressé à ses concitoyens. « La plupart d’entre vous ont bien compris que devant le danger sournois que représente le Covid-19, il convenait de mettre de côté les querelles politiciennes et de présenter un front commun », a-t-il déclaré.
L’épidémie de coronavirus est l’occasion d’une nouvelle passe d’armes entre la majorité et l’opposant Maurice Kamto, qui avait passé en 2019 huit mois en prison, avant d’être libéré en octobre.
Mi-mai, six personnes avaient été arrêtées parce qu’elles distribuaient masques et gel hydroalcoolique à Yaoundé dans le cadre d’une initiative lancée par M. Kamto, avant d’être relâchées cinq jours plus tard. Le pouvoir a également empêché une collecte de fonds pour lutter contre le coronavirus lancée par l’opposant et jugée « illégale ».
Le Monde avec AFP