L’ancien administrateur directeur général de la défunte CAMAIR affirme avoir financé un voyage de Paul Biya en Asie en 2003.
Yves Michel Fotso n’est pas seulement innocent, la Présidence de la République lui doit aussi plusieurs millions de FCFA. C’est ce qui ressort de la sortie de l’ancien administrateur directeur général de la CAMAIR au quotidien Emergence.
Dans son numéro du 22 août 2016, le quotidien privé a publié une réponse de l’homme d’affaires à Martin Oyono. Le député RDPC de l’Océan qui, dans une tribune libre, publiée le 8 août 2016, avait cité Michel Fotso parmi ceux qui ont favorisé la chute de la défunte compagnie nationale aérienne.
Doublement condamné aux mois d’avril et de mai 2016 à la prison à vie, le fils de Victor Fotso a donc réagi après trois mois de mutisme. Une réaction sur laquelle revient L’Œil du Sahel paru le 25 août 2016. S’il ne donne pas un montant précis, Y.M. Fotso réclame de l’argent au Cabinet civil de la Présidence de la République. Un argent qu’il aurait dépensé pour financer en partie un voyage de Paul Biya en Asie en 2003.
L’Œil du Sahel raconte: «Les faits remontent au mois d’octobre 2003, quelques semaines avant le limogeage d’Yves Michel Fotso à la tête de la CAMAIR. Le Président de la République engage un voyage officiel en Asie. Le voyage présidentiel s’effectue alors à bord d’un aéronef de la CAMAIR, le Boeing 767-300 ‘‘le Dja’’. C’est ce qui justifie la présence du patron de la compagnie aérienne nationale parmi les membres de sa délégation. Lors de ce périple, celui-ci aura à intervenir à un très haut niveau de responsabilité, dépassant le simple cadre de ses fonctions».
L’homme d’affaires va intervenir par trois fois: «Sa première intervention survient à Hong Kong, où la délégation fait escale avant de rallier Pékin, en Chine, où Paul Biya est attendu en visite officielle», souligne le journal. Yves Michel Fotso écrit que «nous avions déjà fait le plein de carburant et réceptionné les repas, la société Handling nous informe ne pas pouvoir accepter les paiements en espèces et en conséquence, nous immobilise au sol alors que le Chef de l’État est à moins d’une demi-heure de l’aéroport. Le directeur du Cabinet civil, M. Edgard Alain Mebe Ngo’o qui faisait partie du voyage et qui avait la charge de régler toutes ces dépenses, contacté au téléphone, nous indique n’avoir aucune autre possibilité que de payer en espèces… J’ai payé les 148.000 dollars US de dépenses souveraines de l’État».
L’argent sortira à nouveau des poches du fils de Victor Fotso à Osaka et Tokyo au Japon. Pour régler des factures de carburant. L’intéressé raconte: «Le directeur du cabinet civil a pris le soin de confier une mallette d’argent au Colonel Amougou afin que celui-ci s’occupe du paiement des différentes prestations (carburant, repas, assistance au sol, etc.), mais, coup de théâtre, l’aéroport de Tokyo refuse de prendre les espèces. Le colonel Amougou, sur instruction du DCC, me demande de faire comme à Hong Kong et Osaka. En bon patriote, une fois de plus, je m’exécute…».
Après avoir plusieurs fois clamé son innocence, Yves Michel Fotso passe donc à une autre étape. La Présidence, indexée, va-t-elle réagir, rien n’est moins sûr.
Par Jean-Marie NKOUSSA | Cameroon-Info.Net