Le Prophète, Nouvelles visibles et Histoires invisibles
Alors que le « prophète » vient de prêter serment pour la septième fois pour célébrer sa propre immortalité obscène, il est important de noter la persistance dans son pays de nouvelles visibles (souvent hélas mauvaises) et de (belles) histoires invisibles. Cela commande de réfléchir sur la notion de RES PUBLICA et à la manière dont la réalité publique est construite et structurée.
Cela commence par la reconnaissance du fait que la RES publica ou la notion de république n’est pas pré-ordonnée mais construite à travers ce que Michel Foucault appelle les technologies de la biopolitique qui incluent l’identité, l’éducation, la santé, et l’économie. En pratique, définir des normes pour construire la communauté politique et les processus de prise de décision. Ainsi, comprendre comment le collectif est produit et géré.
Il est donc important de noter dès le début que le «prophète» n’a même pas pris la peine de reconnaître le caractère très contesté de son «élection» puis la série de contentieux qui en a résulté, aboutissant aujourd’hui à une véritable crise post-électorale. Et cela ne nous explique toujours pas comment une personne ayant obtenu un score soviétique de plus de 71% des voix ressent tant le besoin de déclarer la loi martiale sur son pays puis d’emprisonner à l’appel ses seuls vrais opposants politiques légitimes (en l’occurrence ici les membres de la coalition conduite par le vrai vainqueur du scrutin présidentiel du 07 octobre 2017, le Pr. Maurice Kamto)
Dans une fuite en avant répressive, « le prophète » et ses amis prétendent et font mine d’ignorer comment Internet et la télévision par câble ont accéléré l’éclipse de la propagande autoritaire qui structure leur pensée politique. Car les sites d’opinion, tels que CL2P et Camer.be, puis l’émergence de chaînes de télévision indépendantes et alternatives, telles que JMTVPlus de Jackie Moiffo ou DIAF TV, contribuent désormais davantage à la résolution des problèmes que la machine de propagande du vieil autocrate camerounais. Par conséquent, alors que le « prophète » et ses « créatures » sont en transe pendant la prise de serment, ils ne voient pas la réalité.
Pourquoi le devraient-ils d’ailleurs?
Ils vivent en effet dans des enclaves où tout le monde est RDPC. Ils se renseignent auprès des griots du gouvernement qui chantent toujours les louanges du «prophète» Paul Biya. En réalité, la machine à propagande n’est plus l’endroit où les Camerounais ordinaires et la diaspora obtiennent leurs nouvelles. C’est pourquoi mettre des cyber-journalistes en prison, comme Michel Biem Tong, ou des présentatrices anglophones de télévision comme Mimi Mefo ne fait rien pour aider la propagande de Biya. Car Biya et ses tontons macoutes ne font en réalité que taper sur un cheval mort.
Au lieu d’une prestation de serment démocratique, ce qui en ressort est une célébration malsaine d’une culture de droits acquis et d’impunité généralisée. Le problème, cependant, c’est que ce n’est plus là où réside le vrai pouvoir. Emprisonner en effet les opposants politiques comme le régime de Biya excelle, c’est tout simplement remuer les chaises sur le pont du Titanic. La réalité est que le «prophète», qu’il le veuille ou non, n’est pas seulement un homme du passé, mais aussi du passif; et sa marque politique est fatalement ternie. Et malgré ses propositions voulues sur l’avenir des jeunes, ses ambitions irréalisables consécutivement à 36 années de statu quo tyrannique, il n’en résulte pas seulement une profonde fissure idéologique, mais aussi un processus profondément injuste et cruel, matérialisé par cette fraude électorale endémique dont les vrais opposants légitimes en sont les principales victimes; et qui constitue comme un véritable barrage routier devant tous nos rêves d’alternance démocratique et d’équité judiciaire.
En pratique, le Cameroun avait désespérément besoin d’une classe politique professionnelle. Il semble enfin l’avoir trouvée avec Maurice Kamto, après toutes ces années d’errance alimentaire autour de réseaux de patronage traditionnels, patrimoniaux, et clientélistes. Car pour un Cameroun moderne, il n’y a pas d’autre moyen que la concurrence politique, l’antagonisme social, les idées nouvelles et productives, puis les changements institutionnels et des mentalités.
Il est temps d’acter qu’une personne qui a peur de la confrontation politique n’est pas un démocrate. Plus précisément, le paradoxe de la démocratie camerounaise et de sa perversité qui se célèbre encore au palais présidentiel de Yaoundé ne parvient plus à occulter que les Camerounais ordinaires en sont en réalité exclus par les différents outils du despotisme juridique et de la répression des Tontons Macoutes. Mais cette panique du régime en place n’est pas la marque d’une force quelconque, mais l’expression d’une faiblesse extrême. C’est-à-dire l’incapacité de faire confiance aux Camerounais ordinaires et de les engager politiquement.
C’est pourquoi le CL2P comprend avec le Dr Martin Luther King que Dieu est une figure d’immanence, une figure présente dans sa propre création. Ainsi, le vrai peuple de Dieu est constitué des prisonniers du dictateur Paul Biya, du peuple que ses Tonton Macoutes martyrisent tous les jours, des Camerounais ordinaires qui fuient son pays en s’abritant hors de ses frontières comme réfugiés, ou sont souvent réduits en esclavage en Afrique du nord ou dans les pays du golfe; de cette écrasante majorité des Camerounais condamnée à survivre dans une vaste prison à ciel ouvert et qui souffre en silence de la politique de terreur d’un tyran de 85 ans.
M. Biya comprenez donc que nous ne puissions pas vous reconnaître comme prophète. Car une personne qui ne comprend pas l’injustice et l’impératif d’une justice sociale ne peut pas être un prophète.
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques – CL2P
English version
The Prophet, Visible News and Invisible Stories
As the “prophet” takes the oath of office for the seventh time to celebrate his own obscene immortality, it is important to note news and processes of visibility and invisibility in Cameroon. In doing so, to reflect on the notion of res publica. Particularly, how the public reality comes into being and ways in which that reality is structured.
It begins with the recognition that the res publica or the notion of republic is not pre-ordained but constructed through what Michel Foucault calls the technologies of biopolitics which include identity, education, health, economy. In practices, defining standards to build the political community and processes of decision-making. Thus, how the collective is produced and managed.
Thus, it is important to note from the beginning that the “prophet” did not bother to acknowledge the highly contested election and the series of conflictualities that resulted from it. It did not explain why a person who received a Soviet score of more than 71% of the votes feels the need to declare martial law and imprisoned his legitimate political opponents.
More, “the prophet” and his cronies pretend to ignore how the Internet and cable TV have accelerated the eclipsing of authoritarian’s propaganda. Opinion websites, such as the CL2P and camer.be, and the rise of independent television such as Jackie Moiffo’s JMTVPlus, now do more to shape issues than the autocrat’s propaganda machine. Hence, while the “prophet” and his “creatures” get so giddy about the oath of office, that they do not see the reality. Why should they? They live in enclaves where everyone is CPDM. They get their information from the government’s griots always singing the praises of the “prophet.” In reality, the propaganda machine is no longer, where ordinary Cameroonians and the Diaspora get their news. Hence, putting cyber-journalists in prison, such as Michel Biem Tong, do nothing to help Biya’s propaganda, therefore, Biya and his tonton macoutes are doing nothing but kicking a dead horse.
Instead of a democratic oath of office, what is made invisible behind that oath of office is a culture of entitlements and unaccountability. The problem, however, is that this is no longer where real power resides. Jailing political opponents as the Biya’s regime excel at doing is just shuffling the chairs on the deck of the Titanic. The reality is that the “prophet” whether he likes it or not is not only a man of the past but his political brand is fatally tarnished. Despite his bloviating about young people being the future, his broken politics that have resulted from his 36 years of status quo, are not just the product of a profound ideological fissure, but a profoundly unfair. A broken process that is particularly rigged against all legitimate opponents and constitute a real roadblock in front of all their legitimate political and judicial dreams
What Cameroon and the Zeitgeist desperately need is a professional political class, not traditional and patrimonial and clientelist networks of patronage.
Hence, for a modern Cameroon, there is no other way than proper political competition, social antagonism, new ideas and changes. In practice, how a person who is afraid of political confrontation is not a democrat. More to the point, the paradox of a Cameroonian’s democracy and its perversity that celebrate itself while ordinary Cameroonians are in fact excluded from it with the tools of legal despotism and the repression of the Macoutes. This form of panic is not strength but extreme weakness. The incapacity to trust ordinary Cameroonians and really engage them politically.
More, the CL2P understands with Dr. Martin Luther King, that God is a figure of immanence, a figure that is present within his own creation. Thus, the real people of God are your prisoners, the people that your Tonton Macoute Martyrize every day, ordinary Cameroonians who flee your country as refugees and often enslaved and the majority of Cameroonians who suffer from your misguided politics.
Consequently, we do not recognize you as a prophet because a person that does not understand injustice and social justice cannot be a prophet.
The Committee For The Release of Political Prisoners – CL2P