Le Réseau des défenseurs des droits humains en Afrique centrale (Rédhac) invite le président congolais Denis Sassou Nguesso à veiller à la sécurité et à l’intégrité physique de Jean Marie Mokoko, son principal challenger lors du dernier scrutin présidentiel.
L’intégralité du communiqué du Redhac
Brazzaville-Douala, le 17 Juin 2016: Le Général Jean Marie MOKOKO, candidat à l’élection présidentielle du 20 mars 2016 en République du Congo a été transféré le 16 juin 2016 à la Maison d’Arrêt de Brazzaville après avoir passé 48H de garde à vue dans les locaux du parquet. Il est inculpé d’ «ATTEINTE À LA SÛRETÉ INTÉRIEURE DE L’ÉTAT’’.
RAPPEL DES FAITS: Depuis le début du processus électoral en République du Congo, le REDHAC a organisé un atelier de formation sur la «vulgarisation des mécanismes régionaux et internationaux en matière de la démocratie, des droits humains et des préventions et résolutions des conflits en particulier: la Charte Africaine de la Démocratie, des «Élections et la Gouvernance (CADEG) » et a demandé avec insistance au président Denis Sassou Nguesso de ne pas modifier la constitution et de ne pas se représenter pour un 3e mandat à l’élection présidentielle du 20 mars 2016, s’il voulait préserver la paix des Congolaises et des Congolais; aussi, le REDHAC et ses membres en République du Congo avaient appelé les autorités congolaises à ratifier la CADEG et s’engager pour sa mise en œuvre.
Le Général Jean Marie Michel Mokoko après avoir servi l’armée congolaise pendant de nombreuses années a démissionné le 03 février 2016 et s’est porté candidat à l’élection présidentielle du 20 mars 2016. Pendant la campagne électorale, il avait été convoqué à la Direction Générale de la Surveillance du Territoire (DGST) pour « Tentative de coup d’Etat », puis relâché par les autorités sous la pression des membres de la société civile, les autres activistes et sympathisants. Depuis la proclamation des résultats qu’il a contesté, le Général Mokoko a été assigné en résidence. Le 14 juin 2016, il a été à nouveau convoqué à la Direction Générale de la Surveillance du Territoire et traduit au parquet qui l’a inculpé d’ « atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat », après 48H de garde à vue. Depuis le 16 juin 2016, il est écroué à la Maison d’Arrêt de Brazzaville.
Après des élections entachées de nombreuses irrégularités et de nombreuses violations des droits humains qui s’en sont suivies, le Réseau des Défenseurs des Droits Humains en Afrique Centrale avait demandé aux autorités de la République du Congo d’assurer la protection et la sécurité physique et psychologique:
a) des défenseurs des droits humains et des activistes ;
b) des candidats à l’élection présidentielle, en particulier celle du Général Jean Marie Michel Mokoko, son principal Challenger.
LE REDHAC CONSTATE POUR LE DÉNONCER 4 MOIS PLUS TARD:
– la recrudescence des atteintes aux libertés fondamentales et démocratiques;
– les représailles de toutes sortes à l’encontre des défenseurs des droits humains et des activistes ;
– la restriction de l’espace démocratique (liberté d’expression, liberté d’association et de réunion, liberté d’opinion …) pour tous ceux qui ont un point de vue différent de celui des autorités politiques au pouvoir au Congo Brazzaville.
LE REDHAC
– proteste et condamne l’arrestation et détention arbitraires du Général Mokoko,
– dénonce toutes sortes de représailles perpétrées par les autorités à l’encontre des membres de la société civile, des défenseurs et des activistes en République du Congo et dans la sous-région de l’Afrique Centrale;
AU PRESIDENT SASSOU, le REDHAC demande:
– de libérer immédiatement et sans condition le Général Mokoko;
– de veiller à sa protection et sa sécurité physique et psychologique, celle de ses proches et celle de tous les autres activistes et défenseurs des droits humains en toute circonstance;
Le REDHAC rappelle aux autorités administratives qu’ils ont l’obligation de respecter en tant qu’État partie:
– la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples en particulier les articles : 4 (respect de la vie et l’intégrité physique et morale), 6 (droit à la liberté et à la sécurité de la personne, contre les arrestation et détention arbitraire), 13 (droit de particper librement à la dierction des affaires de son pays);
– Le Pacte International Relatif aux Droits Civils et Politiques (PIRCP) des Nations Unies à ses articles : 7(Interdiction de la torture et des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants), 9 droit à la liberté et la scurité de la personne, 19 (liberté d’opinion et d’expression), 21(liberté d’assemblée), 22(liberté d’association).
À l’Union Africaine et à la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples (CADHP), le REDHAC recommande: l’envoi de toute urgente d’une mission conjointe en République du Congo pour la résolution efficiente et durable du conflit autour de la mise en place des institutions démocratiques, en particulier la ratification de la Charte Africaine de la Démocratie, des Elections et de la Gouvernance (CADEG) et du respect des droits humains.
Aux Nations Unies et aussi à l’Union Africaine le REDHAC demande: d’exiger du Président Denis Sassou Nguesso la libération immédiate et sans condition du Général Mokoko et de tous les autres défenseurs et activistes qui sont incarcérés en République du Congo.
Aux organisations internationales de défense des droits humains, le REDHAC demande: d’apporter tout leur soutien aux membres de la société civile, Défenseurs des Droits Humains et autres activistes dans la lutte pour l’alternance démocratique pacifique et le respect des droits humains en République du Congo et en Afrique Centrale.
Le Réseau des défenseurs des droits humains en Afrique centrale (Rédhac)