A Monsieur le Directeur de Publication de GÉNÉRATION LIBRE
A/S Droit de réponse
HALTE À LA DIFFAMATION ET À LA DÉSINFORMATION !
Depuis de longs mois, vous me faites l’amitié de m’envoyer la version électronique de votre bihebdomadaire d’informations générales, « Génération Libre ». Je l’ai pris comme une marque d’estime et je n’ai jamais manqué de saisir la moindre occasion pour vous exprimer ma gratitude.
D’un point de vue informationnel, la presse devrait se donner prioritairement pour rôle de fournir au public les outils devant lui permettre de se faire une idée, de forger son avis, de se faire une opinion sur toutes les questions qui le concernent, qui concernent son entourage médiat et immédiat, qui concernent le monde. Et pour jouer ce rôle avec le maximum d’efficacité surtout dans un pays comme le nôtre en pleine mutation, les Journalistes doivent faire preuve de responsabilité et de professionnalisme.
Ces préalables, lesquelles sont par ailleurs des exigences déontologiques ont été bafoués par Mr Olivier Serge ATANGI, auteur de l’article visé à la rubrique « Enquête » de l’édition N°264 du 15 mai 2017 et intitulé «Opération Épervier – Ces vrais dossiers que le TCS attend». Ci-après la teneur de son propos: « Dieudonné AMBASSA ZANG (en fuite) pour détournement de fonds au Ministère des Travaux Publics. Il peut être ramené si le Cameroun le demande, avec l’aide de l’INTERPOL pour répondre de ses actes. Préjudice : plusieurs milliards de FCFA. Bien que la CONAC qui a enquêté sur cette affaire ait demandé son déferrement à la Justice, le dossier n’y est pas encore parvenu ».
Très amicalement mais très fermement, je voudrais attirer votre meilleure attention sur le fait que ce que Mr ATANGI a écrit me concernant et que votre journal a endossé n’est rien d’autre qu’un tissu de déclarations mensongères et diffamatoires. En conséquence, je me trouve dans l’obligation de vous adresser un droit de réponse, afin de rétablir la vérité et pour une bonne information de l’opinion publique tant nationale qu’internationale.
Les Vérificateurs du CONSUPE commis pour conduire différentes missions de ma gestion relativement aux opérations de réhabilitation des ponts sur la Sanaga à EBEBDA et sur le Wouri à DOUALA ont mis à ma charge de graves accusations :
1– Concernant l’opération de réhabilitation du pont sur la Sanaga à EBEDA, je suis accusé d’avoir payé à l’entreprise UDECTO déjà défaillante dans l’exécution des travaux de réhabilitation du pont du Wouri, au titre de diverses avances et travaux supposés être réalisés, la somme de 1.092.814.096 FCFA. Cette accusation relève simplement de l’affabulation puisqu’à ma sortie du Gouvernement le 08 décembre 2004, le contrat y afférent n’avait pas été signé. Cette signature s’est faite sous le magistère de Mr Martin OKOUDA en juin 2005 et les avances concernées ont été servies par le bailleur de fonds allemand (KFW) en septembre 2005. Jusqu’à ce jour, cette accusation pèse toujours sur moi. Est-ce sérieux pour notre pays?
2– Concernant l’opération de réhabilitation du pont sur le Wouri. La première accusation des Vérificateurs consistait à dire que j’ai passé un marché de gré à gré avec UDECTO, en violation de l’avis de la Commission de Passation des Marchés (CPM). Cela n’est pas vrai car le gré à gré a justement été proposé par la CPM, validé par le bailleur de fonds (AFD) et autorisé de manière formelle par le Premier Ministre et Autorité des Marchés.
La seconde accusation porte sur les capacités techniques et financières d’UDECTO, lesquelles ont été jugées faibles par les Vérificateurs du CONSUPE. C’est une accusation malveillante car l’analyse des offres techniques et financières a été réalisée par la CPM et le groupement des bureaux d’études SCETAUROUTE INTERNATIONAL/SCET CAMEROUN/ECTA BTP. À toutes fins utiles, ledit groupement de bureaux d’études a été recruté en 2000 et le marché de la maîtrise d’œuvre signé par le Premier Ministre, donc bien avant ma nomination au MINTP.
La troisième accusation m’impute un préjudice de 3.068.976.485 FCFA représentant la différence entre le montant du marché des travaux de réhabilitation du pont sur le Wouri et l’estimation confidentielle. Cette accusation illustre bien l’incompétence des Vérificateurs du CONSUPE qui ne savent ni ce que l’on appelle le montant d’un marché ni la notion et les contours juridiques d’un «marché à tranches conditionnelles». Sur ce point précis, je renvoie d’ailleurs à la lecture de l’article 39 du Décret N°2004/275 du 24 septembre 2004 portant Code des Marchés.
La quatrième accusation m’impute un préjudice évalué par les Vérificateurs à 06 milliards découlant des surcoûts du marché à la suite de la décision de l’entreprise UDECTO d’abandonner le chantier en janvier 2016. Point besoin d’être juriste pour comprendre qu’il s’agit d’une question de responsabilité contractuelle incombant à UDECTO et non à AMBASSA ZANG. Et c’est dans ce sens que la CCI de Paris a rendu une sentence arbitrale condamnant UDECTO à indemniser l’État du Cameroun à hauteur de 3,2 milliards FCFA. Bien mieux, le Cameroun via le MINTP a obtenu de la CBC de lui verser les cautions et garanties financières données par UDECTO à hauteur de 2,8 milliards FCFA. J’avoue pour ma part que j’ai du mal à comprendre le préjudice que l’on me demande d’avoir à réparer.
À l’analyse et à la vérité, la charge que les Camerounais et Camerounaises ont toujours sonné contre moi vient de ce qu’ils imaginent que l’argent donné au Cameroun par l’AFD pour les travaux de réhabilitation du pont sur le Wouri a été placé dans un compte dont j’étais le gestionnaire.
Je voudrais leur faire savoir une bonne fois pour toute que d’une part je n’ai jamais été le gestionnaire de cet argent et, d’autre part, je ne faisais même pas partie du circuit du paiement des décomptes. Et c’est là tout le paradoxe de l’accusation et de la condamnation pour détournement de fonds publics car comment aurais-je pu utiliser à des fins personnelles de l’argent qui n’a jamais été mis à ma disposition? Les personnes ayant un meilleur confort intellectuel que moi pourront me dire sur quelles bases le Tribunal Criminel Spécial, sans que j’aie été autorisé à me défendre par mon Avocat et sans que ma culpabilité ait été établie, m’a condamné le 18 juin 2015 à la réclusion criminelle à perpétuité, à la déchéance à vie de mes droits civils et politiques ainsi qu’à la condamnation pécuniaire de presque 06 milliards de FCFA.
En attendant, au regard des faits de la cause, de la définition juridique du crime de détournement par le Code Pénal Camerounais (art. 74 & 184) et des droits protégés par le Pacte International relatif aux Droits Civils et Politiques en matière de procès équitable (article 14), j’ai fait introduire par mon Avocat un pourvoi en cassation auprès de la Section Spécialisée de la Cour Suprême dès le lendemain du verdict du TCS. J’ai dû acquitter des frais fixés par ordonnance pour un montant d’un peu plus de 800 mille FCFA. Le délai légal de six mois imparti à la Haute Juridiction est aujourd’hui largement dépassé. Et, les Camerounais et Camerounaises doivent savoir que dans le cadre de cette procédure judiciaire, contrairement à ce qui est affirmé par l’auteur de ce brûlot, la Justice Camerounaise a émis à mon encontre plusieurs mandats d’arrêts internationaux, via INTERPOL. Aucun pays tiers n’a cru devoir les exécuter, ce qui donne à voir qu’il y a problème notamment en termes de sérieux des accusations et des poursuites.
Simple question de bon sens, est-il possible pour la France qui a octroyé un prêt de 7,5 milliards FCFA au Cameroun pour la réhabilitation du pont sur le Wouri de m’accueillir sur son sol et de m’accorder une protection juridique si j’avais pris le moindre franc de cet argent ? Aux fins utiles et répondant à une demande d’information de l’Union Interparlementaire, la Directrice Générale de l’Agence française de développement a par lettre en date du 7 janvier 2014, a fait savoir que, contrairement à ce que les Autorités Camerounaises affirment depuis le début, l’AFD, qui a pleinement participé, tant sur le plan financier que sur le plan opérationnel, au projet de réhabilitation à l’origine de la levée de mon immunité parlementaire et n’a pas porté plainte contre moi. Clair comme l’eau de roche !
Enfin, Mr ATANGI parle de la CONAC, organisme qui a conduit des investigations sur la gestion de la construction de la route AYOS-BONIS. Outre le fait que je ne suis pas celui qui a analysé les offres techniques et financières des soumissionnaires mais en plus je ne faisais plus partie du Gouvernement au moment où le marché y afférent a été conclu et signé. Que me reprocherait-on alors dans cette affaire ? Je rappelle juste, au cas où certains l’auraient oublié, que c’est MARTIN ARISTIDE OKOUDA qui a été nommé MINTP le 08 décembre 2004./-
Le 17 mai 2017
Dieudonné AMBASSA ZANG
Source: Correspondance de Dieudonné Ambassa Zang
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