Le régime de Yaoundé et les institutions sociales indépendantes
Le dernier fiasco émanant du bavardage narcissique et mensonger du régime de Yaoundé contre Human Right Watch (HRW) est la dernière indécence choquante qui illustre non seulement la cruauté occasionnelle avec laquelle cette dictature est disposée à objectiver et subordonner la vie des gens ordinaires à ses ambitions politiques, mais aussi comment un régime totalitaire qui ne tolère aucune forme de contre-pouvoir, même si, il aime prétendre qu’il le fait. Il continue chaque jour d’être trahi par sa dépendance à l’anarchie nihiliste et à la violence corrompue qui peut également inclure une forme de haine de soi.
Dans la pratique, par conséquent, les institutions qui étaient censées jouer ce rôle sont généralement sapées par le pouvoir monarchique du président. La justice au Cameroun et la Cour constitutionnelle (longtemts exercée par la Cour Suprême) ont en fait été les principaux pourvoyeurs d’injustice au cours des 70 dernières années, malgré ce que les Camerounais apprennent sur le rôle de l’état de droit dans la protection des droits des personnes marginalisées. Pourtant le régime enseigne que le système de justice est une institution et un bastion de l’équité, l’avocat de l’opprimé – mais en réalité, il se révèle comme un moteur majeur du despotisme juridique dans ce pays.
Des institutions indépendantes telles que les partis politiques, les syndicats, la presse et les organisations de défense des droits de l’Homme sont, dans la pratique, régulièrement intimidées et suspendues, considérés comme des catégories dangereuses et leurs dirigeants souvent maltraité ou emprisonnés. Ces tactiques cyniques prouvent une arrogance qui sert à démontrer qu’il n’y a pas d’adversaire crédible au régime en place depuis 38 ans.
C’est là que l’intellectuel français, Frédéric Lordon, a le plus raison quand il soutient que les vrais radicaux d’aujourd’hui sont des gens au pouvoir pour la façon dont ils ne tolèrent aucune forme de dissidence et recourent à une violence extrême pour défendre ce qu’ils prétendent être l’État comme leur propriété privée personnelle. Il poursuit en affirmant que la véritable énergie et passion pour l’État et ses institutions proviennent des personnes qui construisent elles-mêmes les institutions qui, selon eux, répondent mieux à leurs besoins. C’est la reconnaissance que la vraie liberté ne peut s’épanouir que si elle est équilibrée avec l’égalité et la justice sociale.
Le seul problème ici est que, de nos jours, il est impossible de créer une culture nationale homogénéisée qui marchera dans l’unité et au pas derrière le dictateur.
Car il existe de nombreux Camerounais qui se sont appropriés leur éducation et leur expérience personnelle et ne seront ni intimidés ni réduits au silence mais travaillent activement pour changer le paradigme politique en écrasant toutes les catégories qui inhibent et frustrent cette transformation si nécessaire. Ce sont des personnalités comme le journaliste indépendant et dénonciateur en exil, Michel Biem Tong ou le lanceur d’alerte emprisonné Paul Chouta, les activistes des droits de l’Homme, Joël Didier Engo, qui préside également au CL2P, Maximilienne Ngo Mbe et Alice Nkom du Rhedac, ou encore des prisonniers politiques comme le ministre d’état, Marafa Hamidou Yaya et le Vice-président du MRC Mamadou Mota.
Ce sont des gens qui ont fini par comprendre qu’ils sont responsables de leurs propres croyances et actions. Même parfois en tant que membres d’un régime historiquement opprimé, ils comprennent qu’ils peuvent toujours se définir et, ce faisant, exercer leurs agences comme bon leur semble et, quelle que soit la réaction du régime de Biya. Ce sont des exemples de Camerounais dont les expériences de vie sous le régime de Biya les ont amenés à comprendre qu’ils sont suffisamment robustes pour résister à l’ostracisme et aux brutalités qu’ils ont sûrement rencontrés avec régime. Cela signifie qu’il y a des gens qui sont Camerounais et qui non seulement rejettent la légitimité de la dictature mais toute sa construction sociale puis l’illusion permanente agitée par le tyran et ses créatures.
Par conséquent, s’il reste des personnes avec des formes de cellules cérébrales qui fonctionnent encore au sein du régime de Yaoundé, elles doivent comprendre que le Cameroun n’est pas leur propriété privée mais une société pluraliste.
Dans une société pluraliste en effet, le rôle des institutions, officielles ou indépendantes, est l’endroit où nous voulons que nos divers intérêts soient efficacement représentés. C’est l’endroit où les majorités doivent être persuadées de sympathiser avec d’autres intérêts si nous voulons avoir la tranquillité intérieure. Ainsi, si cela ne se produit pas, cela signifie que le système est truqué car tous les Camerounais méritent une représentation adéquate.
Aussi, faire pression sur des institutions sociales indépendantes comme le fait le régime de Yaoundé est une forme de faute démocratique. En fait, c’est une forme d’extorsion politique et les personnes qui recourent à l’extorsion ne peuvent pas se dire démocrates parce qu’elles n’ont, clairement pas, les outils pour réguler le travail de la démocratie.
Précisément, nous devons tous reconnaître que les conflits et la démocratie sont inéluctables et c’est pourquoi des institutions sociales indépendantes sont importantes pour codifier et gérer les conflits parce que nous savons tous que le déni des conflits mène toujours à la guerre. En conséquence, les conflits définissent la démocratie où l’importance des institutions indépendantes est capitale pour favoriser la reconnaissance mutuelle, les débats contradictoires et les alternances politiques. En somme tout ce qui avec les institutions internationales est mieux à même de bloquer le désir constant de tyrannie, et permettre de sortir du complotisme puis de la paranoïa permanente dans lesquels les idéologues ethno-fascistes du tyran Paul Biya veulent définitivement nous enfermer au Cameroun.
Pr. Olivier J. Tchouaffe, Porte-parole du CL2P
Vidéo:
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English version
The regime of Yaoundé and independent social institutions
By Olivier J. Tchouaffe, PhD, Spokesman of the CL2P
The latest fiasco between the vicious and self-serving political hack from the regime of Yaoundé and Human Right Watch (HRW) is the latest shocking indecency that not only exemplifies the casual cruelty with which the regime of Yaoundé is willing to objectify and subordinate the lives of ordinary people to his political ambitions, but also how a totalitarian regime which has no cure for checks and balances, and even though, they like to pretend that they do, keep being betrayed by their addiction to lawlessness and corrupt violence that can also include a form of self-hatred.
In practice, consequently, institutions that were supposed to play that role are usually undermined by the president’s monarchal power. The justice system, in Cameroon and the Constitutional Court has actually been a force for injustice for the last 70 years, despite what Cameroonians are taught about the court’s role in protecting the rights of marginalized people. They think of the justice system as an institution that we think of as the bastion of fairness, the advocate for the underdog — has actually been a major driver of legal despotism.
Independent institutions such as political parties, unions, the press and human right organizations are, in practice, at risk categories regularly` intimidated and suspended and their leaders jailed. These cynical tactics prove an unearned sense of entitlements and to demonstrate that there is no credible adversary to the regime.
This is where French intellectual, Frederic Lordon is the most right when he argues that the real radicals today are people in power for the way they do not tolerate any forms of dissent and resort to extreme violence to defend what they claim to be the state as their personal private property. He goes on to claim that the real energy and passion for the state and its institutions comes from the people who themselves build the institutions they believe to be better responsive to their needs. This is the recognition that true freedom can only flourish when balanced with equality and social justice.
The only problem here is that, in these days and ages, it is impossible to create a homogenized national culture that will walk in unity and in lockstep behind the dictator.
There are many Cameroonians who have taken ownership of their education and own personal experience and will neither be intimidated nor be silenced but actively work to change the political paradigm by crushing all the categories that inhibit and frustrate that much needed transformation. These are people like the independent journalist and whistleblower, Michel Biem Tong or Paul Chouta, human right activists, Joël Didier Engo, who also happens to preside over the CL2P, Maximilienne Ngo Mbe and Alice Nkom from the RHEDAC; or political prisoners, such as senior minister Hamidou Marafa Yaya or MRC Vice-chairman Mamadou Mota. These are people who ultimately came to understand that they are responsible for their own beliefs and actions. Even as members of a historically oppressed regime, they understand that they can still define themselves and in so doing exercise their agencies as they see fit and, irrespective of how the Biya regime reacts to them. These are examples of Cameroonians whose life experiences under the Biya’s regime have led them to understand that they are robust enough to withstand the ostracism and scrutiny they surely encountered from that regime. It means that there are people who are Cameroonians and who not only reject the legitimacy of dictatorship but its entire social construct and the delusion of the tyrant and his creatures.
Hence, if there are people with any forms of brain cells left within the regime of Yaoundé, they must understand that Cameroon is not their private property but a pluralistic society.
In a pluralistic society, the role of institutions, official or independent, are where we want our diverse interests effectively represented. That’s the place where majorities must be persuaded to empathize with other interests if we are to have domestic tranquility. Thus, if this does not happen, it means that the system is rigged because all Cameroonians deserve proper representation.
Thus, pressuring independent social institutions as the regime of Yaoundé does is a form of democratic malpractice. In fact, it is a form of political extortion and people resorting to extortion cannot call themselves democratic because they lack the tools to regulate democracy work.
Precisely, we must all recognize that conflicts and democracy are ineluctable and this is why independent social institutions are important to codify and manage conflicts because we are all well aware that denial of conflicts always leads to war. As a consequence, conflicts define democracy where the importance of independent institutions to further mutual recognition, democratic debates and managements and that include international institutions as well to block the constant desire for tyranny and to get out of conspiracy theories and permanent paranoia generated by the ideologues of the tyrant.
Olivier J. Tchouaffe, PhD, Spokesman of the CL2P