Le Régime de Yaoundé et l’Overton Window
Le gouvernement et partant l’État du Cameroun – qu’il représente – ne peut pas se dérober de sa responsabilité évidente, alors même que le dit ministre continue impunément d’occuper sa fonction. La responsabilité collective ne fait pas l’ombre d’un doute.
Le CL2P a toujours fait campagne contre le ministre Momo, qui a utilisé puis trahi l’activisme des droits humains dans le pays et, en particulier « Les 9 de Bependa », pour rejoindre le régime de Yaoundé en dissimulant par la même occasion les pratiques génocidaires puis les crimes contre l’humanité de celui-ci ; devenant de la sorte un «bon client» converti au Biyaïsme.
Il est en cela le principal promoteur de la théorie connue sous le nom de «Overton Window», également connue comme la fenêtre du discours, qui décrit et recense la gamme des idées tolérées dans le discours public. L’objectif de la fenêtre Overton est de rendre acceptables et de vulgariser des idées nauséabondes autrement impensables, dont l’idéologue ethno-fasciste du régime en place le Docteur Mathias EricOwona Nguini a préalablement pris le soin d’inonder le débat public (sur la chaîne de télévision Vision 4 notamment) et les réseaux sociaux. Il n’est donc pas surprenant de le voir venir immédiatement à la rescousse du ministre Momo, après que celui-ci a affirmé que les dirigeants du MRC et, par partant, les Bamilékés, sont des êtres « arrogants», qui méritent d’être gazés comme Hitler l’a fait aux Juifs.
La fenêtre d’Overton vise ainsi à «normaliser» les idées qui sortent des limites du discours accepté et acceptable dans une société civilisée. Comme le suggère Overton, par conséquent, le moyen le plus simple de déplacer cette fenêtre était de forcer avec subtilité les gens à considérer progressivement les idées extrêmes, le plus loin possible de la fenêtre. Parce que forcer les gens à entendre puis considérer une idée impensable, même s’ils la rejettent au départ, rendrait du coup toutes les idées moins extrêmes apparemment acceptables. Cela déplacerait la «fenêtre» lentement dans la direction voulue.
Ce concept de «fenêtre d’ouverture» est utile pour expliquer comment la couverture médiatique des pratiques génocidaires et des crimes contre l’humanité sous le régime de Biya a délibérément été orientée, biaisée, et même faussée au cours de ses 36 années de règne.
Ce régime a en effet forcé les canaux d’information traditionnels et les réseaux sociaux à s’attaquer de front aux théories du complot que répandent ses porte-paroles malhonnêtes, tels que Mathias Eric Owona Nguini et Jean de Dieu Momo. Pour le moins qu’on puisse dire, ces derniers ont contribué à les « naturaliser » dans nos débats politiques nationaux. Ainsi, le « guichet Overton » – à travers lequel les limites entre l’orthodoxie politique et l’hérésie sont définies – s’est déplacé considérablement vers l’extrême droite au Cameroun au cours des 36 dernières années, aboutissant au fait que des philosophies politiques et des pratiques politiques qui auraient semblé «farfelues et d’extrême droite» ”soient maintenant considérées comme normal dans le pays. Les Bamilékés peuvent ainsi être publiquement menacés d’être exterminés comme les juifs, juste parce qu’ils seraient jugés «arrogants et trop gourmands »
Et cette stratégie de banalisation des idées réactionnaires a hélas déplacé la fenêtre d’Overton au Cameroun de manière à déformer et affecter considérablement notre vision politique pour longtemps, y compris après la présidence de Biya.
Il est donc important de voir et constater à quel point l’ethnofacisme systémique est aujourd’hui camerounais. Il est même devenu important y compris pour un membre du gouvernement chargé de la justice de le répandre.
Pourtant le gouvernement représente le peuple camerounais. Et chaque Camerounais mérite de croire que ses ministres et son président peuvent les regarder et ressentir de l’empathie à leur égard- ressentir de l’empathie pour leur vie. Les Camerounais doivent pouvoir se reconnaître dans leurs leaders. Vous voulez croire que s’il y a une catastrophe naturelle ou un drame collectif et que vous êtes touché, votre gouvernement va d’abord vous voir comme un être humain, un semblable.
Vouloir à ce point prendre les Bamilékés pour cibles en vue de commettre puis justifier par avance leur génocide fait du peuple Bamiléké un élément distinct de la civilisation camerounaise. Non, les Bamilékés sont des Camerounais comme les autres. Nous sommes tous des anciens colonisés et nous n’avons rien de spécial et c’est pour cela que nous n’avons d’autre choix que de bâtir une société basée sur l’Égalite et la Justice sociale pour tous.
Et c’est vraiment pour cette raison, au-delà de toute polémique personnelle ou politicienne, que le ministre Momo devrait démissionner. Le peuple camerounais a le pouvoir. Les Camerounaises et les Camerounais devraient se lever. Et s’ils veulent qu’il parte, ils devraient s’efforcer de le faire.
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques – CL2P
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English version
The Regime of Yaoundé and the Overton Window
The CRTV and the anti-Semitic remarks of Minister MOMO: the obvious responsibility of the government of Cameroon must be committed
Indeed, a government cannot simply dissociate itself from a minister who continues to sit within it, having held as ministerial guest on the only public television channel CRTV deliberately anti-Semitic and tribalist statements.
The government and hence the state of Cameroon – which it represents – cannot shirk its obvious responsibility, even though the minister continues to function with impunity.
Collective responsibility is not in doubt.
The CL2P has always campaigned against Minister Momo who sold out human right activism in the country and, particularly, “The Bependa 9” to join the regime of Yaoundé to cover up its genocidal practices, is indeed, a good customer for the regime. He is the leading proponent of the “Overton Window”, also known as the window of discourse, describes the range of ideas tolerated in public discourse. The goal of the Overton window is to make acceptable, ideas that were otherwise, unthinkable, which Dr. Eric Mathias Owona Nguini did, in support, of Minister Momo, by arguing that since the leaders of the MRC, and, subsequently, the Bamileke people of Cameroon are a so-called bunch of “Arrogant,” they deserve to be gassed as Hitler did to the Jews.
The Overton’s window aims to “normalize” ideas that are supposed to be outside of the bounds of accepted discourse. As Overton suggests, consequently, the easiest way to move that window was to force people to consider ideas at the extremes, as far away from the window as possible. Because forcing people to consider an unthinkable idea, even if they rejected it, would make all less extreme ideas seem acceptable by comparison — it would move the “window” slowly in that direction.
That “Overton Window” concept is helpful for explaining how media coverage of the Biya’s regime genocidal practices has been warped during his 36 years in office.
That regime has forced news networks and social media to grapple with conspiracy theories and dishonest government spokespeople, such as Owona Nguini and Jean de Dieu Momo, to say the least — making them a regular fixture of our national political debates. Thus, “the Overton window” – through which the boundaries between political orthodoxy and heresy are defined – has shifted very considerably to the far-right in the past 36 years in Cameroon that political philosophies and policies that would have seemed “loony far-right” are now viewed as mainstream in the country. In practice, it means that we will never face a dark side of our history where many ordinary Cameroonians, including, the Bamileke, were the subject of genocide from the French colonial army.
And that grappling has moved the Overton Window in ways that will warp our politics long after the Biya’s presidency comes to an end.
And so, its important to see how systemic ethnofacism is in Cameroon.
It is also important for a member of government in charge of justice. The government represents the people of Cameroon. And every single Cameroonian deserves to believe that their leader can look at them and feel their empathy—feel empathetic about their life. They want to see themselves in their leaders. You want to believe that if there’s a natural disaster or a catastrophe and you are impacted, that your government is going to see you as a human being. To target the Bamilekes for genocide makes the Bamileke people a thing apart from Cameroonian’s civilization. No, the Bamilekes are Cameroonians like the others. We are all former colonized and we have nothing special to show for. Therefore, we have no choice but to choose a basic society of equality and social justice for all.
And that’s really why Minister Momo should resign. The people of Cameroon have the power. They are the people. They should stand up. And if they want him gone, they should work to do that.
The Committtee for Release of Political Prisoners –CL2P