Le régime de Yaoundé, Le Cynisme, et La paix des cimetières
La répression ET la récente vague d’arrestations des dirigeants du MRC et des journalistes sont la marque de fabrique du régime de Biya et de son incapacité à gagner les cœurs et les esprits du pays malgré la victoire aux dernières élections avec un résultat de type soviétique.
Ce genre d’état d’urgence traduit la frustration d’un régime conscient de perdre ses rues. Le régime de Biya ne réussira pas sans s’attaquer aux causes profondes de ces événements et certains pourraient même affirmer qu’il est trop tard pour s’attaquer à la marginalisation économique, sociale et politique de la majorité des Camerounais otages de ce régime depuis 36 ans. Alors que la situation politique se dégrade, il est difficile de voir comment le régime de Yaoundé retrouvera tune quelconque forme de pouvoir politique légitime.
La dernière élection présidentielle dans le pays a brisé la malédiction du sujet soumis et cynique, qui jouait un rôle de premier plan sous les régimes d’Ahidjo et de Biya. Un cynisme à l’égard du gouvernement et de la politique qui a logiquement conduit à une tradition de retrait politique et à une impuissance politique effective pour un certain nombre de Camerounais ordinaires qui sont devenus dupes du cynisme idéologique mis au point par un régime cynique depuis l’indépendance au Cameroun.
De plus, le cynisme est plus dangereux pour la démocratie que l’indignation. En effet le cynisme prétend avoir une sorte de connaissance sophistiquée et interne de la corruption institutionnelle. Et puisque personne ne veut paraître comme un idiot, le cynisme est contagieux. Beaucoup de cyniques se sentent exploités, mais croient que les politiciens qui offrent des réponses idéalistes sont des menteurs.
Le nuage toxique de cynisme qui s’installe sur la politique camerounaise a pour conséquence que peu importe le vainqueur, l’autre partie considérera toujours le vainqueur comme illégitime – un « Tontinard » sophistiqué cachant la cabale orchestrée contre lui par des tribalistes tordus ou ethnofascistes notoirement paresseux et corrompus au service de la « Ripoublique de Nanga Eboko » de Chantal Biya. En conséquence, il est devenu difficile de rassembler l’ensemble du pays autour d’objectifs nationaux. Ce grand pays continuera ainsi d’être paralysé par sa politique idiote et meurtrière. Le pire des désespoirs est de croire que l’espoir lui-même est un racket.
La récente élection présidentielle, par contre, a redonner aux Camerounais ordinaires un aperçu de ce qui pourrait néanmoins être possible dans notre avenir politique idéalisé.
Il est possible en effet d’avoir un président qui n’est pas corrompu. Il est possible d’avoir un président dont les Camerounais seront très fiers pour la première fois. C’est au sein de cette nouvelle connaissance que de nombreux Camerounais ne veulent plus se conformer au processus de réglementation corrompue établi par le régime, aux fantasmes idéologiques, et à la réalité sociale perverse dominée par une obsession de l’immortalité obscène de la part des tenants du régime.
De la sorte toutes ces arrestations sont en réalité le produit d’une paix négative produite par un régime d’immortalité obscène qui ne produit qu’une paix des cimetières : une paix où toutes les formes de médiation légitimes sont en prison ou en résidence surveillée. C’est la réduction de toutes les formes de possibilités et l’instauration d’un statu quo qui est de plus en plus intenable de jour en jour car ce fantasme idéologique n’est plus assez puissant pour masquer le véritable désir de liberté des Camerounais ordinaires.
Olivier J. Tchouaffe, PhD, Porte-parole du CL2P
English version
The Regime of Yaoundé, Cynicism and the Peace of the Graveyard
The crackdown AND recent wave of arrests of the MRC leadership and journalists go at the core of the Biya’s regime and its capacity to win hearts and minds in the country, despite of winning the recent election with a Soviet Style result.
This kind of state of emergency translates into the frustration of a regime who is aware of losing the streets. The Biya’s regime will not be successful without addressing the root causes of these events and some may even argue that it is too late to address the economic, social, and political marginalization of the majority of Cameroonians at the hand of that regime for the past 36 years. As the political situation gets messier, it is hard to see how the regime of Yaoundé will recover any form of legitimate political power.
The last presidential election in the country has broken the spell of the subjugated and cynical subject, which has been prominent under the Ahidjo and Biya’s regime. A cynicism regarding government or politics, which logically lead to a tradition of political withdrawal and effective political
Cynicism, moreover, is more dangerous to democracy than outrage. Cynicism pretends to a kind of sophisticated, insider knowledge of institutional corruption. And since no one wants to appear the fool, cynicism is infectious. Many cynics feel exploited but believe that politicians who offer idealistic answers are frauds.
The effects of the toxic cloud of cynicism which is settling over Cameroonian’s politics is that no matter who wins, the other side will view the victor as illegitimate — a sophisticated “Tontinard” hiding a cabal of crooked tribalist or a lazy and corrupt ethnofascist. Accordingly, it is become difficult to rally the whole country around hard or dangerous national goals. And a great country will continue to be crippled by its idiotic but lethal politics. The worst hell of despair is believing that hope itself is a racket.
The recent presidential election, however, managed to give ordinary Cameroonians a glimpse of what might be possible in our political future.
It is possible to have a president who is not corrupt. It is possible to have a president whom Cameroonians will be very proud of for the first time. It is within that new knowledge that many Cameroonians no longer want to conform to the regime corrupted regulatory processes, ideological fantasies and perverse social reality dominated by an obsession of obscene immortality.
Thus, all these arrests are actually the product of negative peace produce by a regime of obscene immortality that produces nothing but a Peace of the graveyard. A peace where all forms of legitimate mediation are in prison or under house arrests. It is the reduction of any forms of possibilities and the making of a status quo that it is untenable by the day because that ideological fantasy is no longer potent enough to mask ordinary Cameroonians’ real desire for freedom.
By Olivier J. Tchouaffe, PhD, Spokesman of the CL2P