Livre: “Le Secrétaire général de la présidence de la République au Cameroun. Entre mythes, textes et réalités”
Écrit par Jean-Marie Atangana Mebara, prisonnier politique camerounais
Paru le 20 janvier 2016 aux Éditions l’Harmattan, Paris
[spacer style="1"]
Cameroun: Paul BIYA « Le choix du Peuple », Peut-être. Principal bourreau et geôlier des prisonniers politiques, Certainement.
Nous sommes presque désolés d’avoir souvent à le rappeler.
Jean Marie ATANGANA MEBARA, ancien Secrétaire Général à la Présidence de la République, indéfiniment coincé dans l’Albatros
Dans un certain imaginaire camerounais, Jean-Marie Atangana Mebara, ancien secrétaire général de la présidence – comme Marafa Hamidou Yaya – serait le responsable des malversations financières qui auraient privé le chef de l’État Paul BIYA d’un avion présidentiel pour ses déplacements. En réalité, ses ennuis judiciaires procèdent des ambitions politiques supputées par l’entourage de Paul Biya.
La vie de Jean Marie Atangana Mebara a basculé le 1er août 2008.
Convoqué par la police judiciaire pour répondre des accusations de malversations financières relatives à l’achat de l’avion présidentiel, l’ancien secrétaire général sera retenu dans les locaux de la Pj. Monsieur Atangana Mebara sera déféré à la prison centrale de Yaoundé-Kondengui 5 jours plus tard.
A l’heure actuelle, il y séjourne encore devant faire face à une avalanche de procès. Chute brutale pour une ascension linéaire signe d’une carrière brillante.
Âgé de 62 ans, Maître de conférences, Jean Marie Atangana Mebara suivra une carrière bien remplie dans la haute administration: Directeur de l’Institut Supérieur de Management Public, Ministre de l’enseignement supérieur, Ministre d’État, Secrétaire Général à la Présidence de la République puis Ministre d’état chargé des Relations Extérieures.
Arrive l’affaire de l’avion présidentiel baptisée «Albatros». Le chef d’État a besoin d’un avion pour ses déplacements. À la place d’un avion neuf, le Cameroun choisi de jeter son dévolu sur un appareil en leasing. Nous sommes en avril 2004. Jean Marie Atangana Mebara occupe alors les fonctions de secrétaire général à la présidence, en charge de piloter le dossier.
Un vrai traquenard judiciaire
Lors d’un vol pour Paris, l’avion ayant à son bord la famille présidentielle connaît quelques problèmes. Ces incidents sont très vite réparés par les pilotes. Énervé, le président Paul Biya promet de couper des têtes, dont celle de Mebara. C’est d’ailleurs par la sienne qu’elles commenceront à tomber.
Dés ce moment, Mebara est pris dans un tourbillon judiciaire sans fin : des procès à la pelle, un acquittement bloqué à la Cour suprême depuis janvier 2014, une double condamnation à 15 ans de prison ferme en octobre 2012, puis à 20 ans pour de supposés «détournements de deniers publics», etc…..
12 mai 2014 : la Commission des droits de l’homme et des peuples de l’Union africaine s’est saisi du dossier de Jean Marie Atangana Mebara et a sommé l’État camerounais de le remettre en liberté ou à défaut de le juger sur la base des faits précis. Elle a également exigé du Cameroun qu’une indemnisation de 800 millions de FCfa lui soit versée pour détention arbitraire. Ses recommandations sont restées sans suite jusqu’à ce jour.
Le CL2P a reconnu Jean Marie Atangana Mebara comme prisonnier politique. Il faut noter que des sources concordantes attribuent ses ennuis judiciaires à son appartenance à un imaginaire « G11″, entité constituée à la demande insistante du chef de l’État Paul BIYA auprès de certains de ses proches collaborateurs; visant à explorer les voies d’une alternance pacifique au Cameroun. Sauf que, qui veut tuer son chien dit qu’il a la rage. Les membres de la nébuleuse désignée sous le nom de G11 sont trop puissants, ils doivent être écartés manu-militari. Quel merveilleux alibi pour le machaviélique Biya qui les écrasera l’un après l’autre sans ménagement.
Des soucis de santé à répétition.
À l’interminable procédure judiciaire qui accable M. Atangana Mebera au Cameroun, s’ajoutent désormais des soucis de santé à répétition.
Cette procédure programmée à l’origine pour résister à l’épreuve du temps présidentiel, puisque le procès politique dure indéfiniment devant le Tribunal Criminel Spécial (TCS) de Yaoundé, et vise à n’en pas douter de parvenir à un dénouement macabre, bien loin dehors des prétoires judiciaires. Car M. Jean-Marie Atangana est aujourd’hui plus abonné aux hôpitaux, qu’aux audiences du Tribunal d’exception de Yaoundé. En effet la maladie, puis les nombreuses hospitalisations de l’ancien Secrétaire général de la présidence de la République sont venues donner un coup de frein à un simulacre de justice organisé autour des fameux procès à tiroirs et d’accusations cousues de toutes pièces.
Comme pour M. Marafa HAMIDOU YAYA, lui aussi ancien Secrétaire Général à la Présidence de la République, nous serons inlassablement là pour rappeler au Président du Cameroun Paul BIYA au premier devoir du démocrate: «laisser autant libre ses opposants comme ses partisans dans leurs choix»; prendre le risque d’affronter ses «concurrents» politiques et «adversaires» désignés dans des urnes transparentes. Nul besoin pour ce faire de les séquestrer indéfiniment dans des mouroirs, si réellement votre légitimité tant revendiquée tient de votre extrême longévité au pouvoir.
Monsieur Le Président, libérez Jean-Marie ATANGANA MEBARA!
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques au Cameroun (CL2P)