Le spectacle doit continuer: quand Pa’a Paul donne des leçons de Liberté
Qu’est-ce qui arrive à Pa’a Paul ces derniers temps? Cela fait déjà une semaine et il s’est exprimé par tweets chaque jour contrairement au silence de ces 37 dernières années?
Il conseille maintenant aux Camerounais ordinaires de s’exprimer de préférence sans manifester dans la rue. En pratique, cela signifie que seul son parti-Etat RDPC a les mains libres et le droit de s’exprimer dans la rue en manifestant bien évidemment son soutien au président. Car dans l’acception de Paul Biya, il n’y a pas de place pour une politique radicale dans sa «démocratie apaisée», un environnement voulu de « gentillesse » tolérée où seul le statu quo dictatorial doit prévaloir et tout le monde être lié puis se plier aux règles du parti-État RDPC.
Le comble…Paul Biya nous donne ainsi des leçons sur la Liberté! Le plus grand bourreau et destructeur des libertés se permet de donner des leçons à ses principales victimes, dont certaines séquestrées dans ses mouroirs concentrationnaires disséminés sur toute l’étendue du territoire camerounais…
Un dictateur ne s’interdit ainsi aucune grossière manipulation. Même lorsqu’il est le commanditaire depuis trois années à travers la salle guerre qu’il livre aux dissidents anglophones, de la mort de plus de 1850 de nos compatriotes …
En réalité le principal problème est que Pa’a Paul a perdu toute forme de légitimité, et qu’il est difficile de plaider en faveur de la « liberté » sans légitimité.
Surtout Pa’a Paul pensait qu’en enfermant comme à son habitude son principal opposant le Pr Kamto dans son cachot privé, les choses se dérouleraient comme avant. Seulement, contre les mouvements sociaux, le militantisme politique radical et le profond désir de changement social, Pa’a Paul a oublié que les gestes politiques cyniques ne fonctionnent plus. L’agitation virtuelle de pa’a Paul est donc la reconnaissance, peut-être inconsciente, que, plutôt que de bloquer le Pr. Kamto, il a, à son insu, ouvert les portes de l’enfer à son régime trentenaire.
En fait, en 1951, la penseure allemande et spécialiste du totalitarisme, Hannah Arendt écrivait déjà que le sujet idéal d’un État totalitaire n’était pas le nazi ou le communiste convaincu, mais des « gens pour qui la distinction entre réalité et fiction d’une part, puis le vrai et le faux (c’est-à-dire les normes de la pensée) d’autre part, n’existe plus. »
L’étude d’Arendt sur la propagation du totalitarisme par le biais de sympathisants au sein d’institutions démocratiques et des médias de masse résonne particulièrement aujourd’hui au Cameroun. En effet à travers eux, les mouvements fascistes « peuvent propager leur propagande sous des formes plus douces, variées et d’apparence respectables, jusqu’à ce que toute l’atmosphère soit contaminée et envahie par des éléments totalitaires difficilement reconnaissables en eux-mêmes, mais qui apparaissent comme des réactions ou des opinions politiques « normales » assénées au Cameroun par la CRTV (la télévision d’État), Vision 4 (la télévision des mille collines au service du régime), de nombreux journaux tel que Cameroon Tribune (la pravda locale) et aujourd’hui des médias en ligne qui sont des sites sur lesquels les fanatiques du RDPC s’inscrivent dans la ligne politique officielle, aboutissant à ce que Arendt appelle «la banalité du mal», démontrant comment de tous temps les États totalitaires ont de la sorte utilisé la bureaucratie pour nous transformer en rouages de la machine administrative.
Le CL2P comprend que cette forme de «totalitarisme tropical» est animée essentiellement par une idéologie hostile aux droits de l’Homme, à l’universalisme, à l’égalité des sexes et à l’égalité ethnique; une idéologie qui vénère le pouvoir absolu et les hommes forts, et considère la démocratie comme un simulacre (à agiter notamment aux yeux de la communauté internationale).
Par contre, comme avec le président Georges Washington, le CL2P comprend que «si la liberté de parole est supprimée, alors, muets et silencieux, nous pouvons être conduits, comme des moutons à l’abattoir ». Et c’est précisément pour cela que nous n’abandonnerons jamais la lutte, parce que renoncer au combat démocratique signifie avoir peur d’être responsable de ses propres affaires et d’être traité comme un individu à part entière.
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques – CL2P
The Show Must Go on: When Pa’a Paul gives lessons of Freedom
What is happening to Pa’a Paul lately? It’s been already a week and it has expressed himself every day contrary to the silence of the past 37 years?
Now, he is advising ordinary Cameroonians to express themselves without taking it to the streets. In practice, it means that only the party-state CPDM has the free hands and the right to express itself in the street with marches and motions of support for the president because there are no room for radical politics in “appeased democracy.” Appeased democracy is an environment of “niceness” where only the status quo must prevail and everybody must be bound to the one party state’s CPDM rules.
Thus, the greatest executioner and destroyer of liberties allows himself to give lessons to his main victims, some of whom have been imprisoned in his concentration camp dying scattered throughout the Cameroonian territory …
A dictator does not forbid any gross manipulation. Even when he is the sponsor for three years through the war room he delivers to English-speaking dissidents, the death of more than 1850 of our compatriots…
As a consequence, the main problem is that Pa’a Paul has lost all forms of legitimacy and it is difficult to advocate for “freedom” when you have no legitimacy.
Thus, Pa’a Paul thought that by locking up Pr Kamto in his private dungeon, it will be business as usual. Against social movements, radical political activism and desire for social change, Pa’a Paul forgot that cynical political expediencies no longer work. Thus, pa’a Paul’s agitation is the recognition, maybe subconscious, that rather than locking up Pr. Kamto, he has, unwittingly, opened the gates of hell on his regime instead.
As a matter of fact, in 1951, German thinker and expert in totalitarianism, Hannah Arendt wrote that the ideal subject of a totalitarian state is not the convinced Nazi or communist but “people for whom the distinction between fact and fiction (that is, the reality of experience) and the distinction between true and false (that is, the standards of thought) no longer exist.”
Arendt’s study of how totalitarianism was spread via sympathizers inside democratic institutions and the mass media resonates today. Through them, she argued, fascist movements “can spread their propaganda in milder, more respectable forms, until the whole atmosphere is poisoned with totalitarian elements which are hardly recognizable as such but appear to be normal political reactions or opinions.” Today’s the Biya’s mediasphere composed of the CRTV, Vision 4, multiple newspapers led by Cameroon-Tribune and online media are sites through which the hardline CPDM’s fanatics into the official public sphere resulting into what Arendt calls the “banality of evil” and the “inability to think.” Arendt goes on to demonstrate how totalitarian states used the bureaucracy to turn us into cogs in the wheel of the administrative machine.
The CL2P understands this form of “tropical totalitarianism” is driven by an ideology hostile to human rights, to universalism, to gender and ethnic equality; an ideology that worships power and strong men and sees democracy as a sham.
As with President Georges Washington, the CL2P understands that “If the freedom of speech is taken away then dumb and silent we may be led, like sheep to the slaughter” and that is why we will never give up the fight because giving up the fight means being scared to be in charge of one own affairs and scared to be individuals.
The Committee For The Release of Political Prisoners – CL2P