Le 21 octobre 2016, un accident ferroviaire s’est produit à Eseka, dans le département du Nyong et Kelle, faisant de nombreuses victimes. Depuis lors, la presse nationale et internationale rapportent des chiffres et des versions des faits aussi contradictoires les uns que les autres.
Le 25 octobre, soit cinq jours après le drame, le président de la République du Cameroun, Paul Biya, a pris un décret instituant une commission d’enquête chargée d’élucider le déraillement du train 152 de Camrail. Quelques instants après cette importante décision, les responsables de Camrail ainsi que le gouvernement ont fait des sorties médiatiques de nature à influencer les conclusions éventuelles de l’enquête ainsi prescrite. En effet, le groupe Bolloré officialisait la nouvelle d’une vitesse excessive du train accidenté, accusant de fait le conducteur, tandis que le ministre de la Communication pointait la responsabilité de Camrail.
Préalablement à ces positions équivoques, les officiels tant de Camrail que du gouvernement avaient distillé à travers des canaux informels, des chiffres sur le drame, sans jamais rendre publique une déclaration officielle de nature à rassurer l’opinion.
Entre-temps, le conducteur du train 152 était placé en garde à vue, et désigné comme suspect numéro du déraillement que la commission d’enquête a été instruite d’élucider.
Face à ce climat de confusion, et voyant venir des conclusions toutes faites pour protéger les vrais responsables du drame, le Syndicat national des journalistes du Cameroun, pris en la personne morale de son président national, a décidé de prendre ses responsabilités.
Ainsi, nous avons décidé de la mise sur pied d’une task-Force professionnelle baptisée Eseka 1. Eseka 1, composée de journalistes camerounais ayant une expérience certaine de l’enquête, va rechercher et révéler toutes les matières factuelles nécessaires à la bonne information et la meilleure compréhension du public des événements du 21 octobre 2016. La recherche des faits en question va du reste s’étendre à l’affaissement d’un pont près de Matomb sur l’axe routier Douala-Yaoundé, au petit matin, plusieurs heures avant le départ du train 152. Eseka 1, qui a déjà entamé une pré-collecte d’information, va bénéficier de l’encadrement professionnel de deux confrères du Nigéria et de la Tunisie, en plus d’un Conseiller camerounais.
Le Snjc doute de la volonté du groupe Bolloré, actionnaire majoritaire de Camrail, et de celle du gouvernement camerounais à élucider le drame d’Eseka.
A compter de ce 27 octobre 2016, Eseka 1 lance un appel à témoins, et invite toute autorité, toute source et tout citoyen à livrer témoignages, documents et confidences, de nature faciliter ses investigations.
Eseka 1 va travailler en toute indépendance, en toute conscience, dans le strict respect de l’éthique et la déontologie du journalisme d’investigation.
Fait à Douala, le 27 octobre 2016
Denis Nkwebo
Président du Snjc