Réaménagement du gouvernement : Surpris par la foudre du prince
Comment des ministres congédiés par le décret du 02 octobre dernier ont appris la nouvelle.
Le temps du président. Insaisissable, Biya a encore frappé quand personne ne l’attendait. Le prince d’Etoudi prend un malin plaisir à surprendre ses ministres qui attendent ses décrets avec la frénésie de prévenus suspendus à un jugement de justice. Et tant pis pour ceux qui trinquent. Vendredi dernier par exemple, Louis Bapes Bapes a dû mal digérer le copieux plat de poisson accompagné de plantains qu’il venait d’ingurgiter dans sa résidence située au quartier Etoa Meki à Yaoundé.
Les deux amis qui l’accompagnaient pour ce petit festin bien arrosé de vin rouge se sont évertués à lui remonter le moral. Dans la foulée, une longue prière s’en est suivie, sans doute pour éloigner l’épervier qui n’en finit pas de hanter le vieil homme. De l’autre côté de la planète, Pierre Moukoko Mbonjo a broyé du noir. Celui qui était alors ministre des Relations extérieures devait prendre officiellement la parole devant l’assemblée générale des Nations Unies à New-York. Black out ! Le ministre était attendu à 19h et le remaniement a eu lieu à 17h.Imaginez le retour au bercail. Songez aussi au chemin de retour d’un Patrice Amba Salla parti visiter le chantier d’une route devant desservir le nouveau stade de Limbé.
C’est dans la belle ville côtière que l’ancien ministre des Travaux publics a appris son limogeage de ce très juteux ministère. L’histoire ne nous dit pas s’il a fait un tour à la plage pour se refaire les idées. La suite dans les idées, il fallait l’avoir quand est arrivé le Tsunami. Adoum Garoua n’a pas forcé les portes. Inutile d’aller se faire humilier au palais des sports où les Lionnes défiaient le Nigéria en demi-finales de l’Afrobasket deux heures seulement après le couperet présidentiel. Le ministre des Sports était déjà en route pour ce grand événement quand il a été débarqué. Il est tranquillement resté chez lui, attendant de passer le témoin d’un ministère qu’il aura marqué de sa grande discrétion.
« On n’est au courant de rien »
La discrétion ne fut pas le fort de Robert Nkili qui trônait au ministère des Transports. On sait par exemple que l’homme aimait mobiliser son personnel pour des agapes futiles comme son anniversaire. Il était à son bureau quand est arrivé le réaménagement. Son garde du corps serait venu lui susurrer la nouvelle à l’oreille. Fini les banquets ! Un journaliste raconte qu’il a un jour vécu le stress d’avant remaniement d’un ministre qui compte parmi les fidèles de Paul Biya.
A la fin du dîner qui réunissait les deux hommes pendant que la CRTV égrenait les noms des heureux élus, le ministre avait rajeuni de bonheur. Il gardait sa place au gouvernement. « Donc vous voulez dire que vous n’étiez au courant de rien ? », interrogea amicalement le journaliste. « On n’est jamais au courant de rien, on suit à la radio comme vous », rétorqua le ministre. Imaginez le suspense. La poussée d’adrénaline. On attend le prochain épisode.
Par Hiondi Nkam IV, Le Jour