J’ai fini par comprendre que le tribalisme dont souffrent un certain nombre de ressortissants camerounais, notamment dans la diaspora, est en réalité le premier voire le principal obstacle à l’avènement d’un État-Nation, Etat de droit et même d’une réelle démocratie dans ce pays…
En effet quelques soient les gages d’objectivité, d’indépendance et même les sacrifices que vous pourrez consentir sur un plan personnel en prenant ouvertement et sans ambiguïté vos distances avec le régime de la terreur de Yaoundé, vous servirez au mieux de caution morale à tous ces tribalistes extrémistes autoproclamés résistants dans la diaspora. Tant ils conçoivent l’aspiration légitime à l’alternance et la défense des droits de l’Homme uniquement sous le prisme tribal (évidemment non assumé mais toujours en filigrane des prises de position) dans une confrontation entretenue dans les esprits entre les Bulus et les Bamilekes, dans laquelle ils tiennent à nous rendre captifs.
Inutile de leur rappeler que le Cameroun compte au bas mot 250 ethnies, dans lesquelles le dictateur a recruté ses différents lieutenants ces quatre dernières décennies, jusque dans les chefferies traditionnelles. Ils vous ramèneront instantanément à la tribu et à cette confrontation très accommodante avec ces supposés “Bulu” (entendu l’ensemble des ressortissants du Centre et du Sud Cameroun, assimilés à l’ethnie du dictateur Paul Biya), décrits ainsi à longueur de journée comme les seuls responsables de tous les maux dont souffrent le pays.
Nous en sommes littéralement abreuvés du matin au soir dans les réseaux sociaux et une partie écrasante des publications des membres de la diaspora camerounaise se résume à cela, quand bien même les auteurs enrobent leurs intentions tribalistes dans ces nobles causes que nous défendons avec abnégation et désintéressement: notamment la fin du régime en place, celle de la sale guerre anglophone et la libération des prisonniers politiques (limités par ces sectaires aux seuls partisans embastillés du MRC de Maurice Kamto).
Une reproduction quasi annoncée du Biyaisme sans Paul Biya …
Autant dire qu’il ne faut rien attendre d’un tel pays.Car le changement tant souhaité semble dores et déjà pris en otage par des logiques sectaires, identitaires et tribales; desquelles n’en sortira aucune réelle avancée sociale, économique et politique…
Je n’ose même pas parler de “démocratie”…dans ce “njangui” d’habiles bonimenteurs tribalistes.
JDE
RÉPONSE A PATRICE NGANANG À LA SUITE DE SON ARTICLE SUR LA TRIBALISATION DU LIVRE ÉDUCATIF AU CAMEROUN.
Par Christian Bomo Ntimbane;
Je me donnerais toujours le temps et le devoir de déconstruire toute manœuvre de haine tribale dans notre pays, pour ne pas laisser circuler le venin du tribalisme qui nous détruira et compromettra l’avenir de nos enfants.
Je ne suivrais pas ceux qui demandent de ne pas répondre.
C’est de l’hypocrisie. Car ayant constaté que ceux qui demandent sous cape de ne pas réagir approuvent, partagent et like souvent des posts de cette nature.
J’ai pris connaissance de l’article de Monsieur Patrice Nganang portant sur la dénonciation de la tribalisation du livre scolaire au Cameroun.
Nganang accuse les gouvernements camerounais d’avoir exclu des programmes éducatifs les livres écrits, sans les citer, des écrivains d’origine bamileke, anglophone et nordistes.
En réalité, Patrice Nganang, par ailleurs écrivain, nous invite désormais à un regard tribaliste sur la programmation du livre dans nos écoles, collèges et lycées.
Pour lui, il est désormais important que le jeune enfant camerounais qui va à l’école, au collège ou au lycée, commence à scruter les origines ethniques des auteurs des livres qui sont à son programme.
La connaissance selon Nganang devra désormais avoir sa tribu, son ethnie, sa race.
Où est donc l’universalité de la science, celle qui transcende les origines, les classes, pour être ce qu’elle est : le don de l’humanité ?
Jusqu’où Patrice Nganang poussera t-il sa haine contre les betis et bulu ?
Parce que c’est de ça qu’il s’agit en lecture profonde de son texte.
Sous prétexte de susciter un débat sur la programmation du livre au Cameroun, Il tente de créer une solidarité politique tribalo-discrimantoire Bamileke-nordiste-anglophone contre les Beti-bulu.
Jusqu’où essaiera t-il de provoquer un génocide beti-bulu au Cameroun, parce qu’un bulu est au pouvoir ?
S’il est légitime de vouloir comme nous autres , l’alternance démocratique dans notre pays, a t-on besoin de semer autant de haine entre camerounais, y compris dans les cœurs de nos enfants ?
L’alternance qui est souhaitée par les camerounais ne se veut pas par le raccourci d’une guerre tribale.
Elle est partisane c’est à dire autour des partis politiques intégrateurs de tous les camerounais et de la société civile de changement.
Encore que ce que Nganang écrit est totalement injustifié.
Il n’existe aucune volonté de tribalisation de la programmation du livre.
Le livre au Cameroun tient sa programmation dans l’esprit les accords secrets de défense de 1958 et non dans un savant calcul tribal.
Il ressortait des dispositions de ce traité que la culture et l’éducation seraient contrôlées par la puissance colonisatrice, qui avait bien compris que ces secteurs participent à renforcer l’assimilation civilisatrice occidentale de l’homme noir dans un rapport de dominant– dominé, maître et colonisé.
La prééminence historique des auteurs d’origine beti- bassa ou Sawa dans l’écriture littéraire dérive d’un fait indéniable : la création des premières écoles occidentales dans ces zones.
Patrice Nganang a t-il oublié que le premier livre de littérature camerounaise titré “Nnanga Kon”, écrit en 1932,primé à l’international, est celui de Jean Louis Djemba Medou,un bulu ?
La prépondérance des auteurs beti- bassa et Sawa se justifierait aussi par leur bonne qualité d’écriture acquise au contact des écoles missionnaires françaises.
La reconnaissance de leur art, transcende encore de nos jours, les limites frontalières camerounaises pour s’imposer dans toute l’Afrique.
Quel système d’éducation de pays francophone n’a pas programmé Le vieux Nègre et la Médaille de Ferdinand Leopold Oyono, Ville Cruelle de Mongo Beti, De la Médiocrité à l’excellence d’Ebenezer Njoh Mouelle, la crise du Muntu de Fabien Eboussi Bulaga, Essai sur la problématique philosophique de l’Afrique actuelle de Marcie Towa, un enfant comme les autres de Pabe Mongo… ?
Le choix de ces livres dans les programmes educatifs dans d’autres pays africains avaient-ils aussi des velléités tribalistes ou stigmatisaient les bamileke-anglophone– nordiste du Cameroun ?
Et pour parler de cette démarche caricaturale des bamileke dans un ou deux livres tel le personnage Wamakoul de Pabe Mongo, que dire du Vieux Nègre et la Médaille de Ferdinand Oyono, moquant les frasques et le quotidien de Meka, ce villageois bulu-fong de la région du Sud ?
En outre, ce que Patrice Nganang essaie d’occulter, c’est que l’éducation du jeune camerounais ne se limite pas à la littérature scolaire.
La formation éducative de l’élite camerounaise se fait dans sa phase la plus impactante au niveau de l’enseignement supérieur.
C’est principalement cette élite là, qui structure la pensée de la société.
Et dans nos universités et grandes écoles , les livres des universitaires camerounais d’origine bamileke, anglophone et du Nord façonne les intelligences de notre peuple.
Qui peut nier le fort marquage scientifique des livres supports des cours des fils originaires de l’ouest et anglophone tels que Ambroise Kom, Sindjoun Pokam, Boula Boutake et bien d’autres sur la formation littéraire et philosophique de la jeunesse camerounaise ?
Que dire de tous ces grands noms bamileke et anglophone dont les livres ont pratiquement formé toute cette élite brillante du droit, des sciences politiques et de l’économie au Cameroun : Kontchou Komegne, Nkouedjin Yontda, Lekene Donfack, Paul Gerard Pougoue, Maurice Kamto, François Anoukaha, Sidjoun Luc, Kenfack, Kombou…. Germain Djiende, Nganou J. Marie, Kobou, Ntamark Peter, Aletum, Angwafor, Carlson Ayangwe, Sendze…?
Christian Ntimbane Bomo
Société Civile Critique.