Il y a quelques jours, le 27 juillet plus exactement, je faisais l’oraison funèbre de l’opération épervier qui, dès le départ, s’est écartée de son but, à savoir la lutte contre la corruption et les détournements de deniers publics. Cet échec est dû aux tares congénitales de cette opération, principalement au favoritisme, avec comme corollaire l’impunité de certains citoyens jugés au-dessus de la loi, une justice à double vitesse donnant lieu à l’arbitraire, au déni de justice à travers des procès kafkaïens, et tous les abus subséquents. Résultat des courses, la corruption et les détournements de deniers publics ont plutôt pris de l’ampleur, comme l’indiquent de nombreux scandales dans lesquels les présumés coupables ont été dûment identifiés par les organes de contrôle que sont le CONSUPE, l’ANIF et la CONAC, et dont les affaires sont restées sans suite, étouffées dans l’œuf. L’on présume que le dernier scandale en date, le covidgate, est un éléphant qui accouchera d’une souris, ou sera probablement classé sans suite.
L’opération épervier est devenue une arme de destruction massive utilisée par ses créateurs et commanditaires pour neutraliser, éliminer leurs adversaires politiques et tous ceux qui les gênent aux entournures dans leur projet inavoué, à savoir : devenir Calife à la place du calife. Ne nous y trompons pas, ce qui se joue dans les arrière-cours de l’opération épervier, ce sont bel et bien les grandes manœuvres en vue de la succession du Président Paul Biya au sommet de l’État du Cameroun, ce qui n’est d’ailleurs qu’un secret de Polichinelle.
Le bilan de cette opération de destruction et de mort, sous la redoutable pression du « rouleau compresseur » est terrifiant : les victimes sont broyées, « assassinées » socialement, politiquement, économiquement, et même physiquement, puisqu’on compte plusieurs morts en détention ; les familles des victimes sont disloquées, traumatisées, stigmatisées, anéanties. Le problème de la réparation de ces souffrances, de ces injustices, ces traitements inhumains et dégradants se pose avec acuité : tous ces préjudices subis par les victimes ne sauraient passer par pertes et profits, éludés, classés sans suite dans les poubelles de l’histoire : QUE NENNI ! Forcément, d’une façon ou d’une autre, il va falloir réparer les torts, payer la facture de cet énorme gâchis. Quant aux bourreaux, leur sort est d’ores et déjà scellé : ils récolteront le malheur et la mort qu’ils ont semés.
Mes pensées compatissantes vont particulièrement aux victimes innocentes de l’opération épervier décédées en prison, parmi lesquelles Henri Engoulou, de regrettée mémoire, que j’ai bien connu de son vivant comme camarade à l’ENAM, comme collègue et supérieur hiérarchique au Ministère des Finances. Alors qu’il était Secrétaire d’État au Ministère des Finances, il a été accusé de détournement de deniers publics, ainsi que Polycarpe Abah Abah, Ministre des Finances à l’époque des faits, en coaction avec Maître Lydienne Yen Eyoum, Avocate au Barreau du Cameroun, dans l’affaire SGBC. Maître Eyoum a été libérée le 06 juillet 2016, mettant fin à l’action pénale contre ses coaccusés ; malheureusement, Henri Engoulou est décédé en prison avant cet heureux dénouement. Que son âme repose en paix, et que la terre de ses ancêtres lui soit légère.
Afin que nul n’en ignore, je vous recommande d’acquérir et de lire l’ouvrage publié sur le sujet en 2017 aux Éditions L’Harmattan par Maître Yondo Black, intitulé : Une justice qui vous broie : Affaire Me Lydienne Yen Eyoum ; Une Justice sous influence.
Extrait de l’ouvrage ci-dessus, en page 102 : « Mais par quelle gymnastique de l’esprit en est-on arrivé à faire passer des dépens pour des deniers publics, au point de jeter en prison sans scrupule deux Ministres, un Administrateur Civil Principal, un Avocat et un Huissier de justice ? ».
Afin que nul n’en ignore, que l’histoire retienne, parce que nous sommes des êtres humains et non une horde d’animaux sauvages, qu’on se le dise, qu’on se le répète : NON ! PLUS JAMAIS CETTE IGNOMINIE !