Sans la liberté de la presse, il n’y a pas de gouvernement représentatif ; elle est un de ses instruments essentiels, elle est l’instrument principal. J’ai pris la parole la semaine dernière à tous les niveaux qui me sont permis comme enseignant et comme homme politique, comme journaliste comme homme de pensée pour demander la libération de madame Mimi Mefo Takambou. Aujourd’hui, je n’ai aucune raison de me réjouir. C’est à l’aune de l’engagement de tous pour la liberté de tous et de chacun que l’on mesure la maturité d’un peuple. La dictature ne s’applique pas uniquement et exclusivement d’un gouvernement vers un peuple, c’est aussi le refus du peuple lui-même à s’engager pour la liberté et pour l’épanouissement de tous et de chacun. La dictature est aussi le grand chant d’égoïsme et de trahison de la majorité contre une minorité. Les grands changements dans le monde sont toujours insufflé par l’engagement pour les causes orphelines et donc souvent perdues d’avance. La société c’est les institutions, les partis politiques, les associations corporatistes, la société civile. Au Cameroun, comme quatrième pouvoir, les médias sont organisés en corporation. Celle-ci s’est donc montrée particulièrement bruyante et il faut le faut organisée pour réclamer la libération de madame Mimi Mefo Takambou. Sur le cas Michel Biem Tong, elle est bien silencieuse la corporation. Les radios, les chaînes de télévision, les blogs, la presse écrite chacun a avalé sa langue et sa capacité de penser et de s’engager.
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Je me dois de le souligner non pas pour que ce soit dit tout simplement, non pas pour réveiller les uns et les autres de leur sommeil complice, de leur retraite de clan ! Sans la liberté des médias, il n’y a point de gouvernement représentatif, il n’y a donc pas de raison de se réjouir de la libération de Madame Mimi Mofo Takambou.
Aujourd’hui je m’adresse à ceux d’entre vous qui sont plus particulièrement de ma génération, ceux qui sont entrés dans cette profession qu’est le journalisme en sachant que celui-ci représente et est une force de plume, une force de voix, une force d’images. Tous ces hommes que nous avons admirés dans notre jeunesse et qui nous ont poussé dans cette profession, Henri Bandolo, Abed Nego Messang, Michel Essang, Valentin Ngapouth, valaient bien la liberté et valaient aussi des hommes d’État, Philippe Essomba. La place que les hommes que j’ai nommés occupent dans nos souvenirs prouve bien que la liberté de la presse consolide les libertés légitimes ; et si elle ruine les réputations usurpées, où donc est le mal ?
Crime contre les médias ou crime dans les médias… doute de démocratie
Les sociétés les plus tranquilles et qui devraient être les plus heureuses renferment dans leur sein un certain nombre d’hommes qui aspirent à conquérir, à la faveur du désordre, les richesses qu’ils n’ont pas et l’importance qu’ils ne devraient jamais avoir. Est-il prudent de mettre aux mains de ces ennemis de l’ordre social des motifs de mécontentement sans lesquels leur perversité serait éternellement impuissante ? La société, dans sa marche progressive, est destinée à subir de nouvelles nécessités. Je comprends que les gouvernements ne doivent pas se hâter de les reconnaître et d’y faire droit ; mais, quand ils les ont reconnues, reprendre ce qu’ils ont donné, ou, ce qui revient au même, le suspendre sans cesse, c’est une témérité dont, plus que personne, je désire que n’aient pas à se repentir ceux qui en conçoivent la commode et funeste pensée.
Il ne faut jamais compromettre la bonne foi d’un gouvernement. L’emprisonnement des journalistes nous fait douter de la bonne foi du gouvernement de la République et le silence de la corporation un signe de complicité et de connivence avec les forces qui détruisent la République. De nos jours, il n’est pas facile de tromper longtemps. Il y a quelqu’un qui a plus d’esprit que Samuel Kamé l’idéologue de l’Union Nationale Camerounaise, plus d’esprit que Ossendé Afana le premier économiste du Cameroun, plus d’esprit que chacun des Directeurs, que chacun des ministres passés, présents et à venir : c’est tout le monde. S’engager ou, du moins, persister dans une lutte où tout le monde serait intéressé, c’est une faute, et aujourd’hui toutes les fautes politiques sont dangereuses.
« Quand la presse est libre, lorsque chacun peut savoir que ses intérêts sont ou seront défendus ou attend du temps une justice plus ou moins tardive, l’espérance soutient, et avec raison, car cette espérance ne peut être longtemps trompée ; mais, quand la presse est asservie, quand nulle voix ne peut s’élever, les mécontentements exigent bientôt, de la part du gouvernement, ou trop de faiblesse ou trop de répression. Mais ceci me mènerait trop loin. Je finis. Dans l’intérêt du du Président Biya et du Cameroun, je demande une loi répressive et je vote contre la censure », contre l’emprisonnement des journalistes pour l’ouverture de ce septennat. Parce ce que la liberté des médias est belle et bien gravé dans notre Constitution, le Cameroun se doit de tendre vers le respect ce qu’il écrit pour lui-même et pour les autres.
Oui, aucun journaliste ne devrait plus en 2018 dans notre pays être menotté ni fouillé au corps comme nous le voyons ces derniers jours. Il ne suffit pas de comprendre l’émoi suscité par l’interpellation de madame Mimi Mefo, car elle n’est que la partie émergée de l’iceberg. Michel Biem Tong est dans un couloir de la mort au début d’un septennat avec le silence complice de sa propre corporation !ça c’est plus grave.
Par Vincet Sosthène Fouda