L’emprisonnement politique est en effet au-delà de la privation arbitraire de la liberté, d’abord une arme redoutablement efficace (car silencieuse) de destruction des vies des ennemis désignés par un dictateur, notamment lorsqu’il les sait souffrant de pathologies graves qui ne peuvent alors être correctement soignées.
Le semblant de liberté qu’il leur accorde par la suite à travers des décrets de grâce ne constitue souvent en réalité qu’un répit dans une mort quasi programmée.
C’est pourquoi nous devons tous, en dépit de nos différences et divergences d’opinions, activement militer en faveur d’une interdiction formelle des emprisonnements politiques, généralement déguisés ou maquillés sous l’emprise de la propagande en détentions de droit commun, dans des pays qui se présentent de surcroît à la face du monde comme des démocraties dites avancées ou apaisées.
On ne peut fondamentalement pas se prétendre démocrate en infligeant insidieusement la mort à celles et ceux qui ont le seul malheur de s’être opposés à vous par leurs idées, ou de représenter de potentiels et redoutés concurrents dans la lutte pour le pouvoir, ainsi que leurs partisans, proches parents et amis.
Prenons-en conscience et ne nous complaisons plus avec cette culture du crime politique au Cameroun et ailleurs dans le monde.
Sous une dictature nous sommes invariablement tous des cibles potentielles!!!
Pour autant, le respect de la mort de Christian Penda Ekoka impose un minimum d’examen de conscience à tous les acteurs de la scène politique camerounaise
En effet les acteurs politiques camerounais de tous bords (qui ont notamment laissé des hordes d’extrémistes le lyncher) devraient au moins faire leur propre introspection et éviter ce bal de faux-culs sadiques auquel on assiste depuis quelques heures sur les réseaux sociaux.
La mort annoncée de l’économiste et opposant camerounais Christian Penda EKOKA est non seulement une immense perte pour le Cameroun appelé à se reconstruire, mais une source de questionnement sur notre capacité individuelle à survivre de manière irréprochable à un système totalitaire et crapuleux, que l’illustre disparu a d’abord voulu réformer de l’intérieur avant de se résoudre à rejoindre l’opposition.
Curieusement toutes celles et tous ceux qui ont emprunté cette voie au Cameroun se sont vu systématiquement broyés d’une manière ou d’une autre, n’étant pas épargnés y compris par leurs nouveaux partenaires, compagnons et alliés politiques.
Paix à votre âme M. EKOKA.
Vous aurez au moins eu le courage d’aller jusqu’au bout de vos convictions, sans vous complaire dans votre statut privilégié et prestigieux de conseiller économique à la présidence de la République du Cameroun.
Ce n’est pas à la portée du premier venu dans ce pays!
Joël Didier Engo, président du Comité de libération des prisonniers politiques – CL2P