Les avocats du maire de Dakar, Khalifa Sall, inculpé et écroué depuis 100 jours et tête de liste aux élections législatives du 30 juillet, ont exigé mercredi sa libération pour lui permettre de faire campagne, lors d’une conférence de presse.
Khalifa Sall dirige une coalition de l’opposition pour ces législatives, auxquelles doivent participer 47 listes, contre 24 en 2012. La campagne électorale s’ouvre le 9 juillet.
Considéré comme un probable candidat à l’élection présidentielle de 2019 contre le chef de l’Etat Macky Sall, au pouvoir depuis 2012, le maire de Dakar est depuis le 7 mars en détention préventive.
Il doit répondre de dépenses “non justifiées” de plus de 2,7 millions d’euros prélevés sur plusieurs années, selon la justice, dans les caisses de sa mairie, ce qu’il nie.
“Nous exigeons que (l’Etat) prenne toutes ses dispositions pour que Khalifa Sall puisse exercer son droit de vote et faire sa campagne”, a déclaré Me Demba Ciré Bathily, un de ses avocats.
“Nous voulons qu’il soit libéré”, a précisé Me Bathily, en réponse à une question. “Khalifa Sall est électeur, éligible et est candidat”, a affirmé l’avocat.
“On est simplement au stade de l’accusation. On n’est coupable que si un tribunal le dit” et que la condamnation est définitive, a rappelé Me Issa Diop, un autre avocat de M. Sall, écartant toute privation des droits civiques de son client.
Les avocats du maire de Dakar ont déposé des demandes de liberté provisoire et d’annulation de la procédure qui ont toutes été rejetées. Ils ont saisi le 8 juin la Cour suprême, qui ne s’est pas encore prononcée.
Le scrutin législatif du 30 juillet vise à renouveler l’Assemblée nationale, dont le nombre de sièges va passer de 150 à 165, après une révision constitutionnelle adoptée en mars 2016 et créant 15 députés pour représenter la diaspora sénégalaise.
Les avocats du maire ont une nouvelle fois dénoncé l’emprisonnement de M. Sall comme une tentative pour éliminer un adversaire politique.
Ses partisans imputent ses déboires judiciaires à son statut de dissident du Parti socialiste (PS), membre de la coalition au pouvoir, et de la majorité présidentielle, des soupçons rejetés par les responsables du pouvoir.
Khalifa Sall a présenté à Dakar une liste dissidente victorieuse aux élections locales de 2014. Il a ensuite multiplié les critiques contre la coalition présidentielle, appelant notamment à voter non au référendum constitutionnel du 20 mars 2016.
Avec AFP