J’ai tout lu et tout entendu sur l’attitude des camerounais. Ceux qui critiquent les réseaux sociaux, ceux qui parlent de méchanceté, ceux qui donnent des ultimatums. Ces réactions suite à l’attitude malheureuse de certains de nos compatriotes depuis la disparition de Mgr Benoît Balla manquent cruellement de profondeur analytique dont le point de départ doit être l’interrogation suivante : POURQUOI SOMMES NOUS ARRIVES A CE STADE ? Voilà la question essentielle pour comprendre pourquoi des individus peuvent se moquer du décès d’un compatriote. Qui plus est un homme d’église. Cela pose un problème de société profond. Cela traduit une crise structurelle. Cela montre l’effondrement des valeurs. Cela traduit une violence structurelle qui gangrène la société camerounaise. Cela illustre un mépris pour la vie et la dignité humaine. Il ne suffit pas de condamner mais de comprendre.
Pour comprendre ce qui se passe, il faut rentrer dans les travaux de Frantz Fanon, Aimé Cesaire, dont Achille Mbembe prolonge les réflexions. Comme en situation coloniale, la mort est devenue le quotidien des camerounais. Ils meurent dans les hôpitaux, sur les routes, dans les agressions suite aux violences policières. La mort est devenue un phénomène plus banal que la vie dans la société camerounaise. Elle est d’autant plus que le pouvoir central contrôlé par l’Etat qui justement à travers le dispositifs institutionnelle qui doit gérer et protéger ces vies ne manifeste plus un grand intérêt pour la vie des camerounais. Tuer est un acte vulgaire dont les populations sont régulièrement au contact et dont certaines personnes en charge de créer la vie deviennent les marchands de la mort. Les policiers, militaires, gendarmes tuent en toute impunité. Des ministres menaces des journalistes de mort. Des réseaux n’hésitent pas à brandir des menaces contre la vie des individus.
Tout ce schéma de la destruction se déroule en toute impunité. Le peuple témoin observe et s’en approprie. Fanon démontre que la violence du colonisateur n’affecte pas seulement le colonisé mais également le colonisateur. Ainsi la violence ou l’oppression a des conséquences structurelles. C’est à ce niveau que les réflexions de Foucault deviennent intéressantes dans la mesure où contrairement à ce que nous croyons, il y a une dispersion du pouvoir. L’Etat est puissant mais les opprimés également détiennent un pouvoir qu’ils exercent par exemple dans un refus de compatir par rapport au deuil d’un évêque. Or la vie est une valeur chère dans toutes les sociétés. Se réjouir de ce dont ils sont témoin au quotidien procure un sentiment de puissance. Ils croient détenir ce que d’autres ont perdu: LA VIE.
C’est pourquoi mon brillant ami Mohamadou Houmfa a eu une réflexion très importante ce matin : « quand le cynisme gouverne une société, ceux qui en subissent le martyr quotidien ne peuvent pas devenir des anges ». En fait les camerounais sont devenus autant violent que le régime de Biya. Ils ont intériorisé cette violence et l’exprime sur tous les sujets. Le régime Biya est un régime qui dans son quotidien produit plus la mort que la vie. Dès lors, beaucoup de camerounais ne manifestent plus beaucoup d’intérêt pour la protection de la vie. NOUS SOMMES GOUVERNES PAR LA MORT.
Je le dis tous les jours, ce pas est au bord de l’effondrement. Tous les signes précurseurs sont présents.
Par Boris Bertolt, Journaliste
[spacer style="1"]
#Cameroun: le corps de Mgr Bala, l’évêque de Bafia disparu, retrouvé
Par Alex Gustave Azebaze, journaliste
Sorti mardi nuit de sa résidence habituelle a l’évêché de Bafia Mgr Jean Marie Benoit Bala était depuis porté disparu. Son véhicule découvert mercredi au petit matin sur le pont d’Ebebda dans la Lekie, à une centaine de Km de Bafia, suggérait aux autorités que le prélat catholique s’était jeté dans le fleuve Sanaga. Il avait en effet été trouvé dans son véhicule des effets dont une note sur laquelle il était écrit:
“Je suis dans l’eau”
Mais les recherches entreprises dès mercredi après-midi étaient restées vaines jusqu’à ce matin. En fin de matinée, une information est parvenue aux autorités administratives et ecclésiastiques. Selon des sources rurales, un corps avait été retrouvé par des villageois de Tsang, une localité située à environ 3 km du pont où avait été découvert le véhicule abandonné du prélat. Une descente desdites autorités dont le gouverneur de la région du Centre, en compagnie des sapeurs a permis reconnaître le corps retrouvé.
Selon de hauts responsables ecclésiastiques présentes (entre autres le nonce apostolique au Cameroun et Mgr Kleda, archevêque de Douala et surtout président de la conférence épiscopale) il s’agit bel et bien du corps de Mgr Bala, l’évêque de Bafia disparu depuis un peu plus de 48h.
Selon les sources judiciaires, ledit corps a été transféré à Yaoundé, la capitale politique distante d’une centaine de kilomètres.
C’est maintenant qu’une enquête véritable devrait déterminer les circonstance de la disparition du prélat mais surtout de sa mort.
En rappel, deux semaines auparavant, le recteur du séminaire de Bafia avait été trouvé inanimé. Un communiqué de l’évêque aujourd’hui décédé avait indiqué qu’il était mort de courte maladie. Aucune information n’a filtré ầ ce jour sur une éventuelle enquête criminelle. Une autre source crédible a confie à AGA hier qu’un laïc proche de l’évêque n’aurait pas fait signe de vie depuis bientôt un mois. Suscitant des inquiétudes de la famille qui espère qu’un événement familial annuel prévu dans les prochains jours pourraient situer l’état probable de cette personne.
Alex Gustave Azebaze