L’homme camerounais est une curiosité planétaire. Voilà des gens à qui Paul Biya a fait croire que son entourage n’est fait que de “pourris voleurs” (sauf lui et sa famille bien sûr!). Eux aussi, ils y croient. Conséquence, ils ruent dans les brancards, ils appellent à la prison, à la peine de mort même selon d’autres, plus radicaux.
Une fois que Paul Biya est conscient de leur avoir inoculé sa vérité d’évangile à lui (un poison en réalité), il actionne donc les leviers de la justice, sa justice. Il mobilise les magistrats à ses ordres. Une fois qu’un infortuné se retrouve en prison sur ordre du dieu tout puissant, les mêmes Camerounais qui criaient “à mort” exultent de voir leur objectif atteint, de voir leur vœu exaucé, de voir justice rendue.
Oui, pour ces compatriotes, la messe est dite, le verdict est déjà tombé. Le désormais “prisonnier de Paul Biya” est déjà condamné avant d’être jugé. Et pourquoi? “il a construit une maison que son salaire ne peut justifier”(comme si quand on occupe de hautes fonctions, on n’a que son salaire pour vivre!). Son dossier d’accusation n’intéresse plus personne.
A cette allure, se rendre massivement au Tribunal criminel spécial pour suivre les audiences, lire les comptes rendu des dites audiences ne préoccupent plus personne. Le verdict a déjà été rendu, avons-nous dit. Rendu par la presse. Une certaine presse qui, après avoir tenu l’opinion en haleine au sujet de fausses informations sur des détournements, au sujet de l’arrestation prochaine de tel ministre ou Dg, ne juge plus utile d’aller suivre son procès.
Tout ceci ne peut avoir lieu que dans un pays qui a à sa tête un président pour qui les valeurs de justice, de procès équitable, de jugement équitable et impartial sont bonnes pour les chiens. Par effet de carambolage, son peuple, sous l’emprise d’une dictature féroce et sauvage, en arrive à prendre les vérités du roi pour de la réalité. Par instinct de survie, par mauvaise foi ou du fait de l’obscurantisme.
Personne pour leur rappeler que la détention provisoire est illégale pour des personnes qui ont des domiciles connus et offrent des garanties de représentation devant les tribunaux (sauf pour ceux qui ont fui bien sûr !). Personne pour leur rappeler que détention provisoire ne veut pas dire condamnation pour “détournement”. Qui vous écoutera? Personne. Le verdict a été rendue par la justice du chef, du monarque d’Etoudi. Après les réquisitions de 23 millions de procureurs de la 25e heure (des journalistes, intellectuels, hommes politiques y compris): “ce sont des voleurs, il faut les jeter en prison, monsieur le Président !”. Pauvre Cameroun.
Michel Biem Tong, Correspondant du CL2P au Cameroun, web journaliste à www.hurinews.com
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