Je réitère la mienne qui est que les juntes militaires à la mode en Afrique de l’Ouest constituent une illusion de libération des peuples, et ne sont au fond qu’une impasse généralisée dont des États durablement fragilisés par la pauvreté et les rébellions armées s’en relèveront difficilement.
Dans le contexte global actuel, la dictature ne peut contribuer à l’émancipation économique et diplomatique des pays Africains. Bien au contraire… et on en voit l’illustration tous les jours.
À cet égard l’histoire politique du Niger n’a été depuis son indépendance fictive qu’une succession de régimes putschistes et Mohamed Bazoum représente en réalité la première réelle alternance civile et démocratique (imparfaite certes) à la tête de ce pays. Je ne pense pas que ce soit une coalition ou un syndicat de dictateurs Africains qui changera l’ordre international déséquilibré hérité de la seconde guerre mondiale comme on l’entend régulièrement…Parce que l’ambition des dictateurs Africains n’est pas et n’a jamais été celle-là…Mais simplement de se pérenniser par tous les moyens au pouvoir.
Des pays qui ne connaissent pas de renouvellement au pouvoir n’ont simplement aucune chance de faire face à des défis telles qu’une limitation progressive de la dépendance au dollar US dans les transactions internationales, une meilleure représentativité de l’Afrique dans les instances décisionnelles mondiales, etc…Ces objectifs portés notamment par les BRICS réunis en Afrique du Sud ne sont pas à la portée des pays plombés par l’instabilité politique et la pauvreté endémique. C’est d’ailleurs le principal enseignement que devraient tirer les Africains de leurs nouveaux Alliés Chinois, Indiens, Russes, Turcs ou Brésiliens.
Ne nous trompons ainsi pas de monde. Il n’est plus celui bipolaire et centralisé comme lors des révolutions menées par Thomas Sankara et Jerry Rawlings, où les économies n’étaient alors pas aussi intégrées, imbriquées, et croisées que de nos jours…Nos économies sont extrêmement financiarisées et volatiles aujourd’hui.
Autant dire qu’émotionnellement nous pouvons penser que les dictatures sont une voie de salut pour la souveraineté africaine et l’affirmation collective de nos États sur la scène internationale. Mais il s’agit hélas d’une fuite en avant dans une nouvelle impasse qui n’augure d’aucune réelle avancée diplomatique ou économique.
Je n’ose même pas évoquer la régression induite des libertés, qui est visiblement devenue le cadet des soucis de tous les farouches défenseurs des dictatures en Afrique…À tort.
Parce que très vite cette complaisance envers les pouvoirs autoritaires et les Hommes forts en treillis militaires va se retourner contre ceux-là mêmes qui les acclament sous le prétexte de la lutte contre l’impérialisme occidental (fermant les yeux sur tous les autres). Ils n’auront alors plus que leurs yeux pour pleurer. À chacun(e) ses idéaux, les miens s’inscrivent dans la démocratie qui me paraît le moins pire des systèmes politiques, tous comptes faits comme disait autrefois Churchill.
Pour terminer, j’invite les uns et les autres à une simple observation:
Sur le continent Africain, les pays les mieux placés sur l’indice de développement humain et qui connaissent une réelle embellie économique sont presque tous des démocraties, à l’exception notable du Rwanda de Paul Kagame.
En effet du Botswana à l’Afrique du Sud, en passant par le Nigeria, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Kenya, le Maroc ou l’Éthiopie…ce sont des pays régis par des institutions démocratiques fortes (certes pas parfaites), mais fiables car suffisamment crédibles pour susciter la confiance aussi bien des investisseurs que leurs propres ressortissants qui n’ont aucune peine à y retourner pour s’y établir définitivement.
Voilà toute la différence avec les dictatures, et à fortiori les juntes militaires, vite rattrapées par une financiarisation des économies mondialisées qui va littéralement les paralyser à plus ou moins brève échéance.
Malheureusement
Joël Didier Engo, CL2P
http://www.cl2p.org