Me Akere Muna
Les élections présidentielles camerounaises ont eu lieu hier, le 7 octobre 2018.
Après avoir annoncé mon intention de briguer la magistrature suprême, il y a exactement un an soit le 8 octobre 2017, j’ai procédé au dépôt de ma candidature dans le strict respect de la loi.
Au cours de l’année écoulée, j’ai parcouru toutes les contrées proches ou lointaines de la République, et j’ai eu le privilège de communier avec des citoyens de tous les niveaux. J’ai pu me faire une idée claire de leur angoisse, leur misère, leurs aspirations, mais surtout du minimum requis pour survivre. J’ai compris que ces élections, au-delà du choix d’un nouveau Président de la République pour le Cameroun, étaient devenues l’événement le plus important pouvant changer la vie de nombreux camerounais. Préalablement j’ai procédé à une évaluation de la situation de la gouvernance de notre pays en utilisant la méthodologie et les standards du MAEP, ceci avec le soutien de plus de 20 experts bénévoles. Les conclusions de cette évaluation m’ont permis de concevoir un programme de société, procurant des solutions adéquates, je pense, à tous les problèmes rencontrés sur le terrain.
A cela s’ajoute la crise anglophone dont l’impact sur notre vouloir vivre ensemble ne cesse d’avoir des incidences profondes sur tous les secteurs (humanitaire, économique, social, politique et de la gouvernance d’entreprise) : ces préoccupations ont motivé mon choix d’être candidat à cette élection.
Cette crise a provoqué la mort de plus de 500 personnes (militaires et civils), le déplacement de 300 000 personnes ; l’incendie de plus de 90 villages, des milliers de personnes blessées; environ 60 000 réfugiés et près de 70 000 enfants qui n’ont toujours pas retrouvé le chemin de l’école. C’est la description d’un pays qui se trouve dans une situation sociopolitique critique.
Selon le dernier rapport du GICAM pour l’année 2018, les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest qui contribuent à 40% au PIB du Cameroun, ont perdu 56 milliards de francs CFA en 2017. Cette année, le Cameroun est entrain de perdre plus de 100 milliards de FCFA du fait de la persistance de cette crise. Plus de 10 000 personnes ont perdu leur emploi. La CDC, le plus grand opérateur économique national ne fonctionne qu’à 10% de ses capacités.
La situation sécuritaire dans la région de l’Extrême Nord – du fait de la nébuleuse Boko Haram-, et dans la région de l’Est – en raison de l’insécurité provenant de la République centrafricaine -, doit encore être adressée.
Ce sont des problèmes graves auxquels notre pays est maintenant confronté et qu’il faut résoudre urgemment. Selon toutes les informations qui me parviennent jusqu’à présent, les élections qui viennent de se dérouler sont extrêmement imparfaites et je ne peux pas, en conscience croire que tout résultat serait l’expression fidèle du choix du peuple. Tout ceci me ramène à ma préoccupation fondamentale, la gouvernance.
À mesure que le processus électoral se termine, je renouvelle mon soutien au candidat à la présidence de la République, le Professeur Maurice KAMTO.
Ma principale préoccupation sera de veiller à ce que, quelle que soit le gouvernement issu de ces élections, l’élaboration de politiques d’amélioration de la situation des populations soit la principale priorité. Cela passe par une refondation éthique de la gouvernance et la mise en place d’un système où le citoyen sera au centre de tout projet.
En ce qui concerne les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest, toute solution proposée devra nécessairement inclure la refonte de la forme de l’État, la reconstruction, la réinstallation et la réhabilitation des personnes déplacées à l’intérieur du pays, et les réfugiés; et l’examen de la situation de toutes les personnes détenues, celles qui font l’objet d’une enquête, et ceux qui se trouvent en exil forcé.
La protection des privilèges de quelques oligarques qui ont mis ce pays à genoux, ne saurait être la priorité du fonctionnement de notre Etat.
Dieu a fait du bien au Cameroun en nous envoyant tant d’avertissements : je crains que si nous ne faisons pas une pause en tenant compte de ces signaux, notre marche, qui devait être triomphale risquerait d’être une marche vers le désastre.