Les Lions indomptables du Cameroun sont une référence stable dans le football mondial avec cinq (05) coupes d’Afrique des Nations, le premier pays africain à atteindre le quart de finale du pinacle du football en 1990, et le premier pays africain à remporter une médaille d’or olympique de football en 2000 en Australie.
Le pays a produit des icônes du football de renommée internationale tels que Roger Milla, Samuel Eto’o, Rigobert Song Bahanag, ou feu Marc Vivien Foe….pour ne citer que ceux-là.
Il est important de noter que dans la politique mondiale et nationale, le sport a toujours représenté plus qu’un jeu. Il participe à la fois à la gloire romantique puis au caractère scientifique de l’État-nation. Le nombre de médailles olympiques et de victoires sportives transformées en produits de relations publiques à l’échelle nationale ne se compte plus. Ce fétichisme sportif – qui met notamment l’accent sur une idéologie politique dite d’inspiration rationnelle car assise sur des réalisations ou performances (sportives) – veut en permanence nous démontrer combien les améliorations sociales et économiques sont très palpables, quantifiables, démontrables grâce aux exploits de nos héros sportifs…C’est la consécration d’une rationalité qui s’appuie sur les impressions d’un progrès national, unificateur, tangible. Voilà comment la politique du chiffre devient le quasi baromètre du pouvoir, dont il use et souvent en abuse pour se prévaloir d’une expertise scientifique, puis se draper d’un rôle messianique de gardien de l’unité nationale. La propagande gouvernementale fonctionne dès lors à plein régime, puisqu’elle s’auto-alimente de cette légitimité prêtée aux gouvernants dans leur rôle de garant de l’intérêt général et de la fierté patriotique.
Ceci dit cette politique des données et des chiffres est bien évidemment l’arbre qui cache la forêt. D’abord parce qu’il n’y a pas toujours une corrélation directe entre les quantités et la qualité réelle de la vie. D’autre part il est bien connu que le travail domestique et celui des femmes ne sont pas régulièrement intégrés dans ces données. Ainsi pour ne rester que dans le domaine sportif, pour atteindre l’excellence footballistique par exemple, beaucoup de camerounaises et camerounais sont souvent abandonnés à eux-mêmes, nombre d’entre-eux confrontés à des circonstances désastreuses, réduits à un esclavage sans nom, mourant sans jamais avoir pu atteindre le but final, quand ils n’abandonnent pas simplement en cours de chemin..1
Et même quand ils réussissent, l’équipe nationale du Cameroun est bien connue pour sa mauvaise préparation, l’improvisation et le vol des primes des joueurs par les membres de la fédération et du ministère de tutelle. À l’occasion de cette dernière Coupe d’Afrique des Nations que le Cameroun a réussi à remporter contre toute attente, huit (08) joueurs camerounais n’ont pas répondu à l’appel de l’équipe nationale et à trente jours du début de la compétition, cette équipe nationale était considérée comme la pire de l’histoire du football camerounais.
À l’heure de la célébration du trophée gagnée à Libreville par les Lions indomptables, Paul Biya leur dit: «Vous avez affronté les équipes les plus redoutables, vous les avez mises dans la sauce »
Et lui, l’inamovible octogénaire président du Cameroun, concédera-t-il enfin d’être mis dans la “sauce électorale”, acceptant la concurrence interne de ses camarades politiques plus jeunes y compris au sein de son parti-État; puis laissant enfin le (vrai) verdict des urnes s’imposer à lui? Comme ont précisément su se plier les adversaires des Lions devant leurs victoires incontestables successives, sans chercher à les confisquer, ni à changer les règles du jeu quand ils ont notamment vu cette jeune équipe monter progressivement en puissance tout au long de la coupe d’Afrique des Nations (CAN).
Il est malheureusement permis d’en douter. Mais la question de fond méritera toujours d’être posée: à savoir jusqu’à quand le régime dictatorial de Yaoundé va continuer à demander et à célébrer le sacrifice, la loyauté, et la «sauce» des sportifs Camerounais et par extension du peuple Camerounais; tout en s’exonérant de s’appliquer les mêmes principes?
Olivier Tchouaffe PhD – Contributeur du CL2P et Joël-Didier Engo, Président du CL2P
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Version anglaise:
The Indomtable Lions and the Empty Suitcases: Between sport and Political Victories
By Olivier Tchouaffe, PhD-CL2P contributor and Joël Didier Engo, Président of the CL2P
The Indomitable Lions of Cameroon are a stable reference in global football with five African Cups, the first African country to reach the quarter final of the pinnacle of football in 1990 and the first African country to win a soccer Olympic Gold medal.
The country has produced football icons renowned around the globe such as Roger Milla, Samuel Eto’o, Rigobert Song Bahanag and the late Marc Vivien Foe to say the least.
It is important to note that in global and local politics, sport has always been more than a game. Sport participates both in the romantic glory and the scientific character of the nation-state. Hence, the number of Olympic Medals and sport victories are routinely turned into fetishized national promotional events because they are cache that stand up for evidence-based politics which achievements constitute demonstrable improvement enshrining rational and principled politics that indicate an unified and verifiable national progress and a barometer of national competence that give legitimacy to the government’s propaganda as guardian of public interest and well deserved patriotic pride. Hence, sport achievement are used by governments to claim scientific authority and expertise. This politics of data and numbers, however, are the trees that hide the forest. First, there is not always a direct correlation between quantity and quality of life. Plus much, it is well known that domestic and women labor are not identified in these data. Indeed, to achieve football greatness, many Cameroonians are left to fend for themselves, many under dire circumstances and many do not achieve their goal. 2
Even, when they do, the national team of Cameroon is well known for its ill-preparation, improvisation and theft of the player’s money by the federation. In the last African cup, which Cameroon, has managed to win, eight Cameroonian players did not answer the call of the national team and, only a month ago, this national team was thought to be the worst national team in Cameroonian soccer history.
As such, the Cameroon president – Paul Biya to the Indomitable Lions: “You faced the most formidable teams, you turned them into sauce”
And he, the irremovable octogenarian president for life Paul Biya, will he finally concede to be put in the “electoral sauce”, accepting the internal competition of his younger political comrades within his one party-state? Will he finally accept to be subjected to the (real) verdict of the ballot and the will of the people? As the opponents of the Indomitable Lions have done? Being a gracious loser, rather than trying either to confiscate them victories or change the rules of the game?
It is permissible to doubt this unfortunately, however, the question remains for how long the regime of Yaoundé is going to demand and celebrate ordinary people sacrifice and “sauce” while subtracting themselves from these principles?
Olivier Tchouaffe, PhD-CL2P contributor and Joël Didier Engo, Président of the CL2P