« Tous vos prisonniers politiques ‘Eperviables’ là ont servi le système Biya, ils l’ont conçu et consolidé, qu’ils en soient des victimes aujourd’hui ne nous fait ni chaud ni froid ».
Voilà l’argument que nous opposent nos contradicteurs à chaque fois qu’on leur demande les preuves de détournements qui justifient la présence en prison des détenus politiques dont nous défendons la cause. Il est vrai qu’en tant qu’être humain, tous les prisonniers politiques que nous défendons sont loin d’être des hommes parfaits.
Mais si leur crime c’est celui d’avoir servi le régime de Paul Biya, nous craignons qu’à cette allure, ce soit tous les Camerounais qu’on doive jeter en prison. Puisque les millions de Camerounais qui jettent le bulletin de « Paul Biya » dans l’urne à chaque élection présidentielle contribuent à consolider son système. Les leaders de l’opposition qui prennent part à des élections qu’ils qualifient de frauduleuses par la suite y donnent un cachet légitime et contribuent à leur manière à consolider le système Biya. Le taximan qui glisse un billet de 1000 f Cfa au policier plutôt que de se mettre en règle consolide le système de Paul Biya. L’homme d’affaires qui ne paye pas ses impôts, qui n’affilie pas son personnel à la CNPS et ne paye pas son personnel contribue à consolider le système Biya. Le parent qui paye un million de FCFA pour faire passer un concours à son enfant avec succès consolide le système Biya. L’ONG qui ferme les yeux aux violations des droits humains contribue à consolider ce système. Le journaliste qui prend de l’argent à un homme du pouvoir pour noircir son adversaire politique ou pour noyer un scandale financier participe à pérenniser le système Biya.
Bref un système politique ce n’est pas une poignée de personne mais un tout. Si Paul Biya se maintient au pouvoir jusqu’à ce jour, c’est parce que les Camerounais l’ont voulu. Au Burkina Faso, quand les Burkinabé ne voulaient plus de Compaoré, ils se sont levés comme un seul homme et on connait la suite. Au Cameroun on accuse les autres, y compris ceux dont on sait très bien que les faits de détournements de deniers publics sont inexistants.