C’est dire si une nouvelle dévaluation guette dangereusement la zone Cemac…L’éviter serait la première des urgences, bien loin de l’abandon du franc CFA réclamé à corps et à cris par tous nos panafricanistes identitaires dits authentiques. Alors même que rien ne garantit qu’une autre monnaie voulue plus africaine puisse nécessairement mettre fin à la triste réputation des pays d’Afrique centrale, combinant à la fois la mauvaise gouvernance chronique avec l’extrême longévité des dictateurs.
Je suis donc plus que réservé sur cette campagne populiste sur un rejet sans discernement et tous azimuts du Franc CFA, avec des relents xénophobes voire racistes à peine voilés. Même si effectivement certains points des accords monétaires liant ces pays d’Afrique à la France (et par extension à la zone Euro) mériteraient d’être réformés.
L’existence en elle-même d’une large zone monétaire ouest-africaine est déjà une indéniable avancée que certains – obnubilés uniquement par notre relation compliquée et passionnelle avec la France – peinent et peineront toujours à apprécier pleinement.
Dommage!!!
Joël Didier Engo, Président du CL2P
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Les réserves de change de la Cemac chutent de 6000 à 2000 milliards de Fcfa en six ans
En 2010, assure Kadima Kalondji, représentant résident du FMI au Cameroun, en visite à Libreville dans le cadre d’un séminaire destiné aux hommes de médias de la sous-région, les réserves de change de l’espace communautaire s’établissaient à 6000 milliards de Fcfa.
Elles ont dégringolé depuis lors et se situent à 2000 milliards de Fcfa, soit une érosion de 4000 milliards de Fcfa en six ans. Ceci est la résultante de l’effondrement des recettes et de la chute des exportations pétrolières ainsi que de l’explosion des dépenses d’investissement public dans un contexte financier difficile et défavorable aux économies rentières.
La dette communautaire est, quant à elle, passée de 15% du PIB en 2010, à 45% en 2016. Cette dégradation va se poursuivre selon le diplomate en 2019 si les Etats n’adoptent pas un plan de redressement de leurs économies afin d’ajuster les dépenses publiques. Car, souligne Kadima Kalondji, les recettes pétrolières arrêtées à 20% du PIB en 2006, baisseront progressivement pour se situer à 5% du PIB en 2019.
Comme solution, l’institution de Bretton Woods préconise la rationalisation des dépenses d’investissements publics, en évitant un effet d’éviction sur les dépenses sociales prioritaires.
Il faut également réduire le recours aux emprunts non-concessionnels au profit des crédits concessionnels, plus avantageux et aux taux pratiquement nuls.
Source: Investir au Cameroun
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La dévaluation du franc CFA, un traumatisme en Afrique
Six pays africains négocient avec le FMI pour une aide financière. L’hypothèse d’une dévaluation est écartée. Celle de 1994 restant un souvenir douloureux pour les Africains.
Embourbés dans une crise provoquée par la chute des cours du pétrole, les six pays d’Afrique centrale – Cameroun, Congo, Centrafrique, Gabon, Guinée équatoriale et Tchad – sont en négociation avec le Fonds monétaire international (FMI) pour une aide financière. Une décision validée lors d’un sommet à Yaoundé (Cameroun), fin décembre 2016, qui a évacué d’entrée de jeu l’hypothèse d’une dévaluation du franc CFA.
Un soulagement pour ces pays, car la forte dévaluation opérée en 1994 reste un souvenir douloureux. « Le mot dévaluation accolé à CFA traumatise tout le monde », confirme un expert. Inévitable à l’époque, car la monnaie était très surévaluée, elle est pourtant intervenue trop tard et donc brutalement : du jour au lendemain, le prix du franc CFA fut divisé par deux.
Thérapie de choc
« Il fallait le faire dix ans plus tôt, se remémore le spécialiste de l’Afrique Serge Michailof, qui en fut l’un des artisans au sein de la Banque mondiale. Les banques étaient en quasi-faillite, les balances commerciales et les budgets des Etats étaient exsangues. » Cette thérapie de choc profita aux paysanneries des pays exportateurs de matières premières, mais les populations urbaines virent leur pouvoir d’achat réduit de moitié.
Lire aussi : Le franc CFA, une monnaie commune qui divise
Une telle opération n’a pas cette fois été jugée justifiée. Celle-ci aurait accru les pressions inflationnistes sans permettre de réaliser des vrais gains à l’export, car les économies d’Afrique centrale, très peu diversifiées, sont surtout dépendantes de la rente pétrolière dont les prix sont indexés sur les cours mondiaux. En outre, dévaluer un franc (celui d’Afrique centrale) et pas l’autre (celui d’Afrique de l’Ouest) aurait menacé la cohésion de la zone dans son ensemble. Aujourd’hui, les pièces et les billets ne sont pas interchangeables entre les deux sous-régions, malgré une même parité fixe avec l’euro.