«Monsieur le Président de la République,
Par cette correspondance inhabituelle, je ne me prêterais pas à l’exercice indécent de la dithyrambe pour vous adresser cette supplique.
En trois ans, vous avez traversé notre ciel comme une aurore, et porté aux nues des béatitudes, les vœux d’un Peuple traumatisé, maltraité, martyrisé, sur une terre insolite bénie de Dieu.
Vous avez accompli la tâche herculéenne de remporter l’élection présidentielle du 27 août 2016.
Depuis votre élection, ce malgré la mauvaise foi de votre adversaire, vous êtes devenu le corps mystique de l’État, en raison des pouvoirs qui vous sont dévolus par la Constitution gabonaise et à la seule volonté générale de la très grande majorité des Gabonais.
Pourtant, votre élection historique indiscutable porte le sceau d’un douloureux enfantement.
Monsieur le Président,
Aujourd’hui, votre passé vous appartient, notre avenir est entre vos mains.
En plus de priver les populations du minimum vital, le régime est devenu maître dans la profanation des corps.
La réussite est le miroir aux alouettes de la jeunesse.
La prostitution est devenue la norme de toutes les générations, au point que nous parlions aujourd’hui du phénomène «recto-verso».
Cette profanation des corps trouve son paroxysme dans le traitement indigeste des prisonniers politiques en milieu carcéral.
Monsieur le Président,
L’absence de guerre n’est pas synonyme de paix. En République Démocratique du Congo, le viol des femmes est une arme de guerre. Au Gabon, la sodomie est une arme de dissuasion massive en milieu carcéral.
En 2016, un syndicaliste étudiant gabonais a été victime d’abus sexuels de la part de la soldatesque aux ordres d’Ali BONGO!
Par cet acte ignoble d’une rare inhumanité, le commanditaire de ce méfait coule des jours heureux au paradis de l’impunité!
La pratique est courante dans les geôles gabonaises! Matraquage mental et sodomie sont devenus les armes de dissuasion du régime de Libreville!
Je passe les crimes rituels, les licenciements abusifs, et les trop nombreuses violations des Droits de l’Homme perpétrées sans sourciller dans un pays, jadis havre de paix, aujourd’hui repaire de brigands sous la domination des puissances des ténèbres!
En moins de 10 ans, le régime d’Ali BONGO a fait pire que la Corée du Nord.
Jusqu’à quand allons-nous parler de paix face à un régime incapable de contenir ses pulsions sadomasochistes?
Jusqu’à quand allons-nous renier notre humanité au nom de la préservation de cette paix vitale qui nous est refusée?
Jusqu’à quand attendrons-nous le lever du jour dans cette nuit interminable?
Monsieur le Président,
Aujourd’hui, le Peuple, livré à son triste sort, vous regarde!
Le Peuple attend de vous un baroud d’honneur contre les bourreaux du Peuple.
Aujourd’hui, ce même Peuple vous demande de franchir le rubicon, c’est-à-dire d’insuffler la foi et le courage ultime à des personnes condamnées à l’échec et à la damnation éternelle!
Vous avez dit: «si Ali utilise la force, il trouvera devant lui la force.» Dans notre interprétation défaillante, nous avions cru comprendre la force des muscles.
Aujourd’hui, nous avons besoin de votre courage, comme hier, vous avez sollicité notre suffrage!
A Paris, le Peuple libre du Gabon est désormais domicilié au Trocadéro.
Nous sommes au Trocadéro, pour y défendre à la fois votre victoire et les droits imprescriptibles du Peuple gabonais!
Parce que nous aimons l’universalité des Droits de l’Homme, nous avons mis en péril, depuis des années, notre retour au pays natal pour voir l’avènement du grand jour de la chute des BONGO, jour de fête et de réconciliation de tous les Gabonais.
Nous sommes au Trocadéro, non pas parce que nous avons faim et soif de votre pain et de votre eau, dans un pays où, à force de travail, nous avons réussi à être à l’abri du besoin et de la peur grâce à nos salaires et à la stabilité des institutions françaises, mais parce que nous avons faim et soif de justice, de liberté, et d’égalité. Nous voulons que l’aisance et l’embonpoint qui sont les nôtres, dans ce pays ouvert à la modernité et au monde, soient le partage de la Nation gabonaise toute entière!
Nous voulons sortir du Gabon en touristes, et non en réfugiés politiques.
C’est pourquoi, nous investissons le Trocadéro!
Nous sommes au Trocadéro parce que nous ne croyons pas en la suprématie de la franc-maçonnerie dans un pays laïc, où les promotions-canapés sont devenues le rituel d’initiation à ce rite syncrétique et tropicalisé qui détruit la parentalité africaine.
Nous croyons aux vertus de l’effort et du travail.
Nous croyons en un Gabon uni et fraternel.
Nous croyons aussi en votre capacité à changer radicalement la réalité gabonaise en sauvant les populations gabonaises du déterminisme diabolique actuel.
Ne nous décevez pas!»
Bastaine Moubamba, Secrétaire du CL2P