Emmanuel Macron se savait très attendu sur cette question. Il y a répondu favorablement. Reçu mardi matin au palais de Kosyam par son homologue Roch Marc Christian Kaboré, le président français a annoncé ce que beaucoup de Burkinabè attendaient depuis des années : la levée du secret-défense sur les archives françaises portant sur l’assassinat de Thomas Sankara, le 15 octobre 1987.
Interrogé sur ce sujet par un étudiant à l’université de Ouagadougou après son « discours à la jeunesse africaine », Macron a précisé que « tous les documents produits par l’administration française pendant le régime de Sankara et après son assassinat seront déclassifiés et pourront être consultés par la justice burkinabè ». Mariam Sankara, la veuve de Thomas, qui se bat depuis trente ans pour obtenir justice pour son mari, attend maintenant que ces archives parlent.
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Jeune Afrique : Quelle est votre réaction à l’annonce, par Emmanuel Macron, à Ouagadougou, que la France allait lever le secret-défense sur les archives françaises qui concernent l’assassinat de Thomas Sankara ?
Mariam Sankara : Cela m’a fait plaisir. Nous souhaitions la déclassification de ces archives depuis longtemps. C’est donc une bonne chose, mais nous attendons maintenant de connaitre le contenu de ces documents et de voir quelle sera la suite de la procédure.
Nous ne pouvons pas imaginer que la France n’a pas eu une responsabilité
Ne craignez-vous pas une simple annonce qui mettra du temps à être suivie d’effet ?
Non, je pense qu’il le fera. Le président Macron a fait cette annonce au Burkina, devant toute la population. Les Burkinabè l’attendaient de pied ferme sur cette question et il y a répondu.
Pensez-vous que la France a, de près ou de loin, joué un rôle dans l’assassinat de votre mari ?
Vu le contexte de l’époque et tout ce qui a pu être rapporté sur ce sujet depuis, nous ne pouvons pas imaginer que la France n’a pas eu une responsabilité. La question est maintenant de savoir quelle a été sa responsabilité exacte dans cette affaire.
Avez-vous toujours bon espoir d’assister prochainement à un procès pour l’assassinat de votre mari ?
Oui nous espérons toujours un procès, mais cela dépendra d’abord de l’avancée des travaux du juge. Quand il aura eu tous les éléments, il pourra clôturer son enquête et permettre l’ouverture d’un procès.
Plus largement, qu’avez-vous pensé du discours d’Emmanuel Macron à l’université de Ouagadougou ?
Il a répondu a certaines questions de la jeunesse burkinabè. Mais un discours reste un discours : nous attendons maintenant de voir les actes concrets qui suivront ses différentes annonces.