Presque 30 ans après l’assassinat du capitaine Thomas Sankara, les appels à la déclassification des documents concernant Sankara dans les archives françaises se multiplient. Un député français, le socialiste Pouria Amirshahi, vient d’écrire à François Hollande pour lui demander de lever le « secret défense », qui empêche de les rendre publiques dès maintenant. Cette démarche est soutenue par la famille de l’ex-président burkinabè. Michel Arseneault a joint leur avocat, maître Bénéwendé Sankara à Ouagadougou.
« Cette déclassification va plutôt aller dans le sens de la grandeur de la France des libertés des droits de l’homme. Parce qu’il s’agit de laver tout soupçon qui pèse sur la France dans le cas de l’assassinat de Thomas Sankara. Moi je pense que lever le secret-défense, c’est grandir la France.
Des soupçons de complicité dans l’assassinat du président Thomas Sankara, car au lendemain du 15 octobre 1987, le nom de la France a été cité, le nom de certains Français a circulé et les soupçons de complicité pèsent sur eux. (…) Je serais plutôt enclin à croire que si la France cherche à protéger quel que individu ou quel que pays, c’est que elle a, elle-même, quelque chose à se reprocher à moins d’avoir un intérêt direct et certain dans l’assassinat du président Thomas Sankara, je ne vois pas en quoi elle chercherait vraiment à faire obstacle à la justice au Burkina Faso.
Si la France le faisait, il pourrait y avoir des conséquences très néfastes dans les relations entre la France et le Burkina Faso, dans les relations entre la France et les pays africains, dans les relations entre la France et tous les pays qui aujourd’hui sont d’accord avec le Burkina Faso pour exiger la vérité et la justice dans l’assassinat crapuleux du président Thomas Sankara.(…) Ce qui pourrait être un facteur de réconciliation, c’est lorsque la France lèvera le secret-défense, c’est-à-dire lever tout soupçon qui pèserait sur elle au sujet de l’assassinat du président Sankara. »
Par Michel Arseneault – RFI