Ainsi s’achève la folie répressive et sanguinaire d’un dictateur!
Vivement que d’autres dans la sous-région d’Afrique centrale et équatoriale (Cameroun, Gabon, Congo Brazzaville, Tchad…) soient aussi jugés par la Justice des Hommes, de préférence sur le continent africain, puisque la Cour Pénale Internationale est y suspectée d’opérer des “inculpations sélectives”, visant prioritairement d’anciens dirigeants Africains.
La permanence d’un tribunal spécial africain à Dakar est plus que souhaitable.
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques (CL2P)
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L’ex-président tchadien Hissène Habré condamné à la prison à vie
Par RFI Publié le 30-05-2016
A Dakar, Hissène Habré est désormais fixé sur son sort. Vingt-cinq ans après sa chute, l’ancien président tchadien, jugé par un tribunal spécial, a été reconnu coupable de viols, mais également de crimes contre l’humanité et crimes de guerre. Ce lundi 30 mai 2016, les Chambres africaines extraordinaires l’ont condamné à la prison à vie.
Des cris de joie et des youyous ont envahi la salle du tribunal des Chambres africaines extraordinaires, après l’énoncé du verdict dans ce procès historique. Historique, car plus de 20 ans après les faits, c’est l’homme accusé d’avoir été à la tête d’un système de répression féroce qui était jugé.
Ce qui est reconnu ce lundi, c’est la responsabilité de Hissène Habré, président du Tchad de 1982 à 1990, dans ce système qui s’en est pris d’abord aux opposants ou ceux soupçonnés de l’être, puis à plusieurs communautés du sud du pays, accusées de façon indiscriminée de soutenir des rébellions contre son régime. Sans négliger les détails, le juge a fait la description de tout un système, lancé dès les semaines qui ont suivi la prise du pouvoir par la force de Hissène Habré en 1982.
Le grand ordonnateur
La Cour reconnait l’implication directe d’Hissène Habré dans le système répressif mis en place dont il est le grand ordonnateur. Pour la Cour, l’ancien président a concentré tous les pouvoirs et a créé un système où la terreur et l’impunité faisaient loi.
Le président de la Cour, Gberdao Gustave Kam : « Hissène a au minimum autorisé la mise en place des réseaux des prisons, la DDS y compris la construction de la piscine en 1987. Il s’est également assuré de son bon fonctionnement à travers la DDS. Hissène Habré donnait des ordres d’arrestation, de libération et d’exécution de prisonniers détenus dans les prisons de la DDS. Hissène Habré participait directement aux interrogatoires et aux séances de torture, parfois en infligeant lui-même des sévices ou en les ordonnant. »
Des énoncés nourris par les milliers de documents de l’instruction : 2 500 procès-verbaux d’audition et les archives de la Direction de la documentation et de la sécurité, la fameuse DDS, sur laquelle Hissène Habré avait, confirme le juge, la haute main. La DDS, avec plusieurs entités sécuritaires, fondait le régime Habré.
La Cour décrit encore comment, sous la houlette de la DDS, se sont multipliées les arrestations extrajudiciaires, les conditions de détention atroces et systématisées, la pratique de la torture, mais aussi du viol. La Cour, a dit le juge, « a été convaincue » par le témoignage de Khadija Hassan Zidane, qui avait affirmé pendant le procès avoir été violée par Hissène Habré lui-même.
Le résultat de 26 ans de lutte
Le président de la Cour, Gbertao Gustave Kam, n’a pris en compte aucune circonstance atténuante, notamment l’âge de l’accusé ou le fait qu’il est considéré comme un bon père de famille. Le président Kam et la Cour ont considéré que les circonstances aggravantes devaient entraîner cette condamnation à la perpétuité.
Dans le camp des parties civiles, c’est la joie qui domine, après plus de 26 ans de lutte judiciaire. Ce procès a été difficile à mettre en place, mais il s’est tenu. Et ce sont les larmes et les réjouissances de femmes, d’hommes, de victimes, qui ont été les plus marquantes après l’énoncé du verdict dans la salle d’audience.
Pour les trois avocats commis d’office qui ont défendu Hissène Habré, cette condamnation à perpétuité est trop lourde, trop dure. Elle n’est basée, affirment-ils, sur aucune preuve concrète. « Aucune preuve n’a été rapportée et nous, en tant qu’avocats de la défense, nous nous sommes évertuées à prouver l’innocence du président Habré, là où l’accusation a failli dans sa mission de prouver les faits. En conséquence, nous ne pouvions que nous attendre à un verdict d’acquittement. Celui d’aujourd’hui, qui est un verdict de condamnation extrêmement sévère, nous a surpris. Quand on est condamné dans des conditions comme celles-là, la décision ne peut pas plaire », a déclaré juste après l’énoncé du verdict maître Mbaye Sène, l’un des avocats du condamné.
Hissène Habré est resté, lui, complètement impassible. Le président Kam a donné quinze jours à partir de l’énoncé de ce verdict pour que ses avocats commis d’office fassent appel. Il faudra voir, dès ce lundi, s’ils lancent cette procédure qui amènerait à un nouveau procès devant ces Chambres africaines extraordinaires.
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Condamnation de Hissène Habré: ce que la justice a reproché à l’ex-président
Par RFI Publié le 30-05-2016
La prison à vie, la perpétuité, c’est donc le verdict de ce procès Hissène Habré. La fin d’une longue procédure pour l’ancien président tchadien, au pouvoir entre 1982 et 1990, reconnu coupable de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre par les Chambres africaines extraordinaires à Dakar. Quels sont les principaux points à retenir.
Le président des Chambres africaines extraordinaires, le juge Kam, a d’abord expliqué ce que la Cour retenait du système Habré et de la façon dont la répression s’est déroulée entre 1982 et 1990. Elle a estimé que dans les prisons, la torture était systématique lors des interrogatoires, qu’elle était pratiquée à grande échelle et qu’elle représentait « un mode de gouvernance ».
Puis le juge Kam a évoqué trois moments de la répression : les exactions dans le sud du Tchad, notamment en 1984, puis la répression contre la communauté Hadjaraï à partir de 1987 et la communauté Zaghawa à partir de 1989. Concernant les Hadjaraï et les Zaghawa, la Chambre a reconnu l’existence de commissions de répression de ces deux groupes.
Le verdict a parlé des violences sexuelles commises sous Habré contre des femmes détenues. Et des violences commises contre les prisonniers de guerre. Puis le juge Kam s’est attaché à démontrer la responsabilité de Habré et s’est prononcé sur sa culpabilité sur les différents points.
Les violences sexuelles au cœur du procès
Les témoignages des femmes sur les cas de viols sous le régime Habré avaient été un des moments durs et émouvants du procès. Une femme, Khadija Hassan Zidane, avait accusé personnellement Hissène Habré de l’avoir violée. En dépit du tabou qui règne sur cette question du viol, notamment au Tchad, quatre femmes avaient raconté comment elles avaient été utilisées comme esclaves sexuelles par l’armée tchadienne de l’époque.
Les Chambres africaines extraordinaires ont accordé dans leur verdict une place toute particulière à cette question des violences sexuelles. Elles jugent d’abord Habré coupable de viol. Elles se disent convaincues que Khadija Hassan Zidane qui a témoigné a dit la vérité et qu’Hissène Habré lui a imposé des rapports sexuels à quatre reprises. La Cour estime qu’il a profité de sa position d’autorité pour soumettre sa victime à des viols et sévices.
La Chambre estime aussi que les témoignages entendus ont permis de mesurer la place des violences sexuelles au sein du système de répression du régime. Entre 1984 et 1989, plusieurs femmes et jeunes filles détenues ou interrogées ont été soumises à des rapports sexuels forcés par les agents de la DDS et les autorités pénitentiaires. De 1985 à 1986, par ailleurs, ainsi qu’entre 1988 et 1989, des femmes ont été transformées en esclaves sexuels dans les camps de Kalaït et de Ouadi-Doum.
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Condamnation de Hissène Habré: la joie et le soulagement des victimes
Par RFIPublié le 30-05-2016
L’ancien président du Tchad Hissène Habré a été condamné ce lundi 30 mai à la réclusion criminelle à perpétuité par une juridiction africaine extraordinaire qui l’a reconnu coupable de crimes contre l’humanité, de torture et de viols lors de la répression menée lorsqu’il était à la tête de son pays entre 1982 et 1990. Un verdict sévère dont se sont réjouies les victimes après des années de combat judiciaire.
Au moment du verdict, une grande clameur, un immense ouf de soulagement et des larmes. Des larmes, encore des larmes, pour les victimes présentes dans la salle, pour l’équipe d’avocat qui s’est battue depuis 26 ans.
Une équipe dirigée par Jacqueline Moudeina qui estime que toutes les condamnations demandées à l’encontre d’Hissène Habré ont été confirmées « C’est des larmes de joie : l’Afrique vient de juger l’Afrique ! C’est le jour de la victoire pour les victimes qui ont été en quête de justice depuis plus d’une vingtaine d’années. Nous venons de gagner, nous avons gagné sur toute la ligne ! »
A quelques mètres d’elle, dans la salle d’audience, Clément Abaïfouta est lui aussi tombé en larmes, victime lui-même et président de l’Association des victimes du régime Hissène Habré, il se bat depuis 26 ans pour que justice soit rendue : « Mais vous savez, les larmes nous font penser à toute la souffrance que nous avons vécue et c’est l’émotion. Celle de voir Hissène Habré là, devant nous, qui ne parlait pas. Malgré son silence le voilà condamné et je me dis que désormais plus de Hissène Habré en Afrique, plus de Hissène Habré au monde, plus de tueries, plus de violations. En tout cas, à nous la victoire ! A nous la joie et plus jamais cela ».
Emotion, joie, mais la suite de ce processus judiciaire est déjà engagée. Désormais, une nouvelle procédure est lancée, celle du dédommagement, très complexe, de toutes ces victimes. Leurs avocats ont également indiqué qu’ils seraient prêts à se battre, qu’ils sont prêts à un nouveau procès en cas de procès en appel.
■ Les larmes des victimes au Tchad
Au Tchad, des victimes étaient réunies à Ndjamena, ce lundi, pour suivre en direct l’énoncé de ce verdict. Et il y avait là aussi beaucoup d’émotion et des larmes après cette si longue attente. Près de 250 victimes étaient déjà réunies depuis dimanche soir au siège de l’Association des victimes d’Hissène Habré, où elles ont veillé en attendant ce verdict. A son énoncé, il y a eu des cris de joie, des youyous, les uns tombant dans les bras des autres.
Ensuite, le président par intérim de l’Association des victimes a pris la parole : « C’est la victoire de la justice sur l’impunité, c’est la victoire du peuple tchadien sur la dictature ». Et ensemble avec les autres victimes ils ont repris : « Plus jamais ça ! »