Monsieur Biya, en votre qualité de Président de la République du Cameroun, vous avez été invité pour assister à la cérémonie d’ouverture de la 33e olympiade qui se déroule à Paris.
Votre déplacement officiel terminé, vous avez décidé de prolonger votre séjour en visite privée, probablement pour une durée indéterminée. De cela, vous en avez l’habitude.
Une petite question cependant :
De l’hôtel Crillon à Paris ou de l’Intercontinental à Genève, comment appréciez vous ces deux démocraties? La France et la Suisse sont des pays où aucun prisonnier d’opinion, aucun prisonnier politique n’est incarcéré.
Pour le Cameroun, à ce jour, plus d’une centaine de personnes y sont détenues arbitrairement, parmi lesquelles, depuis peu, Junior Ngombe et Steve Akam dit «Ramon Cota».
Junior Ngombe a été arrêté le mercredi 24 juillet. Votre tyrannie lui reproche « de conscientiser les masses, de demander aux jeunes de devenir maîtres de leur destin et de cesser d’être des victimes passives de gens qui mettent tout en œuvre pour s’éterniser au pouvoir ».
Connu pour son implication dans la sensibilisation à l’importance de la participation électorale, Junior Ngombe est poursuivi pour incitation à la rébellion. Déféré devant le commissaire du gouvernement, il a été renvoyé au Service central des recherches judiciaires (SCRJ), une instance dépendant du Secrétariat d’État à la défense (SED) qui lui notifiera officiellement les infractions qui lui sont reprochées. Sa demande de remise en liberté a été rejetée lundi 29 juillet 2024.
Steeve Akam, alias Ramon Cotta, a été enlevé le 19 juillet, par des inconnus au cœur du plus grand marché de Libreville puis extradé illégalement au Cameroun.
Pendant 72 heurs, il disparaît et sa famille reste sans nouvelle.
Steeve Akam apparaîtra, enfin, à Kye-ossi (Cameroun), dans une vidéo, menotté, entouré des membres des forces de sécurité gabonaise, il demande pardon aux autorités gabonaises, mais surtout il en appelle désormais son “père”, Paul Biya, forcé de lui demander, à lui aussi,pardon ,
Son extradition fut facilitée par une collaboration entre les gouvernements gabonais et camerounais. L’absence d’une procédure judiciaire équitable avant son extradition soulève de sérieuses inquiétudes concernant le respect des droits de l’homme et des procédures judiciaires.
A ce jour, la situation de Steeve Akam demeure préoccupante : aucune information officielle ne filtre sur le lieu et ses conditions de détention, sur le respect de son droit à l’assistance par un conseil et par un médecin de son choix, sur le respect de ses droits élémentaires.
STEEVE AKAM, JUNIOR NGOMBE, QUELLES QUE SOIENT LES RAISONS DE LEUR INTERPELLATION, BÉNÉFICIENT DE LA PRÉSOMPTION D’INNOCENCE, DE LA PROTECTION DE LEUR INTÉGRITÉ CORPORELLE PENDANT LA DURÉE DE L’ENQUÊTE, AINSI QUE DU DROIT À UN PROCÈS ÉQUITABLE.
CEUX SONT LÀ LES BASES MINIMALES D’UN ÉTAT DE DROIT : LE COMPRENDREZ-VOUS UN JOUR MONSIEUR BIYA ?