Le compte rendu de la dernière audience du vendredi 10 mars, tel que envoyé au CL2P par une personne anonyme
L’audience a démarré vers 11h. L’accusation ( le commissaire du gouvernement et son substitut ) ont d’emblée, avec une mauvaise foi manifeste, insisté de revenir sur les éléments de preuves rejetés à la dernière audience par le président, en essayant de la sorte de réintroduire les transcriptions téléphoniques.
En effet, ils ont affirmé sans sourciller que cette autorisation prévue par l’art. 92 du CPP camerounais pour les interceptions et transcriptions téléphoniques était dans le dossier dans une annexe, ce que l’avocat de Me Harissou, Me Jacques Mbuny a vigoureusement contesté, en reproduisant la liste des pièces présentées pourtant par eux et sur laquelle ne figure pas ladite autorisation.
Ils ont insisté pendant près d’une heure, mais Me Mbuny a été très perspicace en rappelant au président et à ses assesseurs que leur tribunal a pris la décision de rejeter ces éléments en se fondant sur l’inexistence de ce document et qu’il leur demande d’appliquer la loi, rien que la loi.
Au bout d’incessants allers et retours des greffiers du parquet qui apportaient des documents au CG, toujours la moindre trace de autorisation incriminée. Le président du tribunal après avoir consulté ses assesseurs va alors confirmer sa décision de rejet; ce qui a ruiné tous les espoirs de l’accusation de présenter un seul élément de preuve matériel sur lequel pourrait s’appuyer les infractions qui leurs sont attribuées.
Après cette entrée en matière houleuse, ils sont passés aux interrogatoires et ont commencé par Me. Harissou “Examination on chief” “cross examination” et “reexamination” de son avocat et de l’accusation se sont succédés pendant 1h 30′.
Me. Harissou a juré et répondu de manière claire et précise à toutes les questions, en réfutant les infractions une après l’autre.
Il a notamment demandé les preuves pour chacune d’elles, aucune n’a été présentée par l’accusation. Il a démontré en ce qui concerne celles de révolution et d’ hostilités à la patrie:
– qu’il ne fait pas la politique et que n’appartenant à aucun parti politique, il n’a aucune ambition politique.
– qu’il ne lui a jamais été reproché de vouloir ni déstabiliser les institutions, ni d’attenter à la vie du chef de l’État camerounais.
Me. Harissou s’est penché sur les relations amicales qui le lient avec le Ministre d’État Marafa Hamidou Yaya, célèbre prisonnier politique Camerounais, qui n’ont ni de nature politique, pas plus qu’elles ne peuvent avoir une velléité de déstabilisation. C’est simplement parce qu’il lui rendait juste visite dans son lieu de séquestration (du Secrétariat d’État à la Défense à Yaoundé) qu’ils ont profité pour inventer n’importe quoi et se “sucrer” sur le dos de Me. Harissou.
Sur la complicité d’assassinat et ses infractions connexes de port d’armes de guerre, etc…, Me. Harissou leur a demandé d’apporter les preuves de cette complicité, instruction donnée, armes, argent , véhicules et autres fournis ou recrutement des rebelles etc..
Me Harissou a expliqué qu’il n’est pas militaire et n’a aucune compétence militaire, encore moins les moyens financiers pour mener ce genre d’ activité.
Aucune preuve n’a été apportée, et Me Harissou a déroulé son programme de Secrétaire général de l’ANF sur une année, (infernal) et il a ajouté celui de l’UIN et de la CAAF- UIN, Il a ensuite démontré qu’aux dates des supposées des “attaques” il n’était pas au Cameroun: passeport, titres de transport, comptes rendus des séminaires et autres événements à l’appui.
En plus et c’est très important, sur les rapports relatifs à ces attaques établis par le commandant de la gendarmerie de l’Est (région de ces attaques), non seulement le nom de Me Harissou n’y figure pas mais ceux des personnes citées dans l’ordonnance de renvoi non plus! Par contre ceux qui ont été arrêtés et identifiés ont été récupérés et relaxés par la DGRE en même temps que le rebelle centrafricain Abdoulaye Miskine en contre partie du prêtre polonais que ses hommes avaient kidnappé à la frontière centrafricaine.
Ce qui confirme le contenu de ce rapport qui déclarait que ce sont les partisans de ce rebelle qui ont attaqué pour se ravitailler en nourriture.
La boucle a été bouclée lorsque Me Harissou a lu les extraits de ce rapport.
Sur l’infraction d’outrage au Président de la République, Me Harissou a aisément démontré que jamais il n’a vu cette lettre qui parle du Président de la République, ne connaît pas son auteur, et il n’a rien envoyé au journaliste ni par courrier normal ni par courrier électronique. Me Harissou a demandé à son coaccusé de lui remettre la même carte mémoire qu’il a transmise avec le même contenu dans lequel ne figure pas cette lettre. Son coaccusé l’a reconnu au cours de la “cross- examination” de son avocat, donc cette infraction aussi tombe.
Après le coaccusé de Me. Harissou a été interrogé à son tour et l’affaire a été renvoyée au 07 avril 2017 pour l’ interrogatoire du témoin de la défense que Me. Harissou et ses conseils ont présenté et les 3 journalistes.
Pour la libération immédiate de Me Abdoulaye Harissou et M. Aboubakar Sidiki
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques (CL2P) renouvelle son appel à la libération immédiate et sans autre forme de procès de Messieurs Harissou et Sidiki
Nous ne saurons en effet accorder le moindre crédit à la parodie de procès qui se tient à intervalle régulier devant le tribunal militaire de Yaoundé.
Cette cabale liberticide orchestrée par des sécurocrates au sein du régime en place contre deux personnalités au-dessus de tout soupçon considérées comme des opposants politiques originaires du Nord – sous couvert de la légitime lutte contre le terrorisme – déshonore la République du Cameroun et ses institutions.
Monsieur Le Président Paul BIYA, Libérez Me Abdoulaye Harissou et M. Aboubakar Sidiki
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques (CL2P)