LANCEMENT DE LA MOBILISATION EN FAVEUR DE LA LIBÉRATION IMMÉDIATE DE JEFF BLAMPAIN, PRISONNIER POLITIQUE.
LETTRE DE L’UNION DES ÉTUDIANTS GABONAIS DE FRANCE (U.E.G.F)
À Monsieur Germain NGOYO MOUSSAVOU,
Ambassadeur du Gabon en France,
26, Avenue Raphaël,
75016 PARIS
Monsieur l’Ambassadeur,
Nous apprenons le pronostic vital engagé de notre compatriote, le dénommé Jeff BLAMPAIN, détenu à la Présidence de la République en violation flagrante du droit positif international, et des missions régaliennes de l’Etat de droit qui confèrent à tous l’égalité de traitement juridique sans distinction d’origine, de religion, de couleur de peau, ou d’appartenance idéologique. Au grand dam du Peuple gabonais, nous mesurons la réaction disproportionnée des garants de l’autorité publique dans le traitement d’une affaire d’une simplicité biblique qui s’assimile désormais à une expédition punitive programmée, une surenchère anti-républicaine de type stalinien.
Monsieur l’Ambassadeur, dans une République, la loi ne fait pas le droit, c’est le droit qui fait la loi ! Selon Montesquieu, « la loi, c’est la raison humaine ». A force de lois injustes, d’arbitraire et d’humiliations systématiques, le gouvernement cherche à importer l’hyper-violence dans notre pays.
Parce que l’État dispose de la violence physique et légitime, le gouvernement use et abuse de ses privilèges de fonctions, en donnant une piètre image de nos institutions. Sommes-nous dans un état d’exception ? Le Gabon est-il en guerre ? Si non, comment comprendre que la garde à vue de Jeff BLAMPAIN s’étende au-delà de la limite légale, et de surcroit dans les bureaux du Président de la République en totale violation de la Constitution gabonaise ?
Monsieur l’Ambassadeur, la violence est la pierre d’achoppement des régimes répressifs. Que reproche-t-on donc à Jeff BLAMPAIN ? Son franc-parler, disent certains ? Cependant, l’article XI de la Déclaration des Droits de l’Homme ne dit-il pas que « la libre communication des pensées, et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme » ?
Monsieur l’Ambassadeur, la jeunesse a le désir du mieux. Regardez le génie de la jeunesse française du 13 mai au 10 juin 1968. Regardez l’avancée démocratique. Regardez la chute du Général de GAULLE. Regardez le rajeunissement de la classe politique française de l’époque. Par des paraphrases contagieuses, et une verve maladroite d’aphorismes, la jeunesse engagée régénère généralement le vieux mythe du politique et du poétique. Telle est l’inspiration juvénile d’où s’écoulent la sève de la révolte et l’audace du rêve. Il est grand temps d’établir les limites du droit de punir dans notre pays. La République ne peut s’accommoder des supplices de complaisance tirés de l’obscurité des théologies oppressives du Prince de Machiavel.
Monsieur l’Ambassadeur, nous enjoignons les ravisseurs de Jeff BLAMPAIN à lire le droit. Jusqu’à la libération prochaine de notre compatriote, nous vous assurons de déployer un courage exempt de fanatisme, et de combattre avec les armes de la raison les entreprises de la violence et de l’intrigue.
Veuillez croire, Monsieur l’Ambassadeur, en l’assurance de ma haute considération.
Le Président,
Bastaine MOUBAMBA – Secrétaire du Comité de Libération des Prisonniers Politiques (CL2P)