M. LE DRIAN !
QUEL BLOC VOULEZ – VOUS AVEC L’AFRIQUE QUAND LES CADAVRES DE L’HISTOIRE N’ONT PAS EU DROIT AU DEUIL?
Vous êtes en Afrique, dans un pays dont la capitale, baptisée par nos ancêtres Ncunha, porte aujourd’hui le nom d’un aventurier, esclavagiste et manipulateur, qu’un roman de mauvais gout a transformé en héros : Savorgnan de Brazza.
En Afrique, où nous avons jeté la honte dans le fleuve Congo ou ceux baptisés au nom de criminels et souverains colons, Nachtigal et Victoria, un chef d’Etat, Sassou Nguesso, l’un des preposes à la main mise de la France et aux survivances symboliques coloniales, vous convie à une de ces risibles commemorations : celle du manifeste d’octobre 1940.
Que commemorez-vous, quand la France n’a jusqu’ici demandé pardon, comme les valeurs de son histoire dite chretienne et républicaine, le lui imposent, après avoir soumis les populations du Congo à l’horreur pour la construction du chemin de fer Congo-Ocean ? Cette ligne dont les chemins de fer sont jonches de sang, designee une traverse – un mort, qui a vu mourir des centaines de milliers d’Africains. Des travailleurs forces, esclaves d’un autre genre, cornaques pour paver le chemin du transport des matières premières servant aux entreprises françaises, des zones d’extraction vers les ports ?
Quel bloc voulez – vous former quand après ce manifeste, cinq ans après, des Africains ont été massacres au Camp de Thiaroye à Dakar, des soldats qui ont fait tant de sacrifices, en première ligne pour libérer la France de l’occupant allemand. Massacrés pour avoir juste exigé leur solde, le même traitement que leurs camarades Blancs qui les avaient d’ailleurs remplacés à l’entrée triomphale de De Gaulle et Leclerc à Paris : le fameux blanchiment des troupes!
Quel travail de mémoire faites – vous, quel bloc commun voulez – vous, quand la France refuse de restituer integralement les objets africains pillés de 1860 à 1960, emportés de force par Gallieni, Faidherbe, Voynet, De Brazza, etc et taches de sang dans les musees français. Des objets pour lesquels des Africains sont mis en garde à vue et poursuivis par la justice tous les jours en France.
Quel bloc voulez – vous à Brazzaville quand vous ne dites pas à votre opinion que c’est grâce à ces richesses d’Afrique que la France a pu conquerir et tenir son rang parmi les puissances, laissant les personnes originaires d’Afrique à la merci du mépris collectif en France?
Quel bloc voulez – vous quand officiellement la France n’a jamais demandé pardon et fait reparation pour les millions d’Africains emportés dans les bateaux negriers venus de Nantes, chez vous en Bretagne, de Bordeaux chez Alain Juppé, de la Rochelle, du Havre chez Edouard Philippe ?
Quel bloc voulez – vous quand officiellement, la France n’a jamais reconnu la guerre menée au Cameroun, ou sur ordre de Paris, des populations ont été gazées au napalm, decapitees ; sur ordre de De Gaulle, héros de France et bourreau d’Afrique, les leaders de l’Indépendance ont été assassinés : Um Nyobé en 1958, Moumié en 1960…
Pourquoi choisir, avec vos complices d’Afrique, les dates qui vous arrangent et refuser celles qui vois dérangent ?
Les vraies reconciliations et relations, nous apprend l’Ubuntu sud-africain, sont celles qui reposent sur la vérité et la justice !
En tant qu’Africain digne et fier, je ne soutiens aucun bloc assis sur des mensonges historiques, des hypocrisies d’Etat et dont les placards sont remplis de cadavres qui attendent um deuil pour l’honneur !
La France est pays des Lumières, qu’elle sorte de ses obscurités en Afrique. Dès lors, le bloc aura la clarté du jour !
A. Moundé Njimbam
Journaliste / Consultant-chercheur en géopolitique, relations internationales et histoire globale
Spécialiste des politiques et du droit de l’espace
La France appelle l’Afrique à «faire bloc» avec elle face aux «tentatives de prédation»
Par Le Figaro avec AFP
Publié le 27 octobre 2020Le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian a appelé mardi 27 octobre à Brazzaville, l’Afrique et la France à «faire bloc ensemble» face aux «tentatives de prédation» et à la «rivalité des puissances» et à se donner à nouveau un «destin commun».
«Dans un monde marqué par la brutalité, par les tentatives de prédation, par la rivalité des puissances, il nous faut faire bloc ensemble», a-t-il lancé lors d’un colloque pour le 80e anniversaire du manifeste du général de Gaulle, dit de Brazzaville, qui ancra la France libre en Afrique.
«C’est ça aussi l’esprit du manifeste de Brazzaville», a souligné le ministre français des Affaires étrangères devant les chefs d’État du Congo, de la République démocratique du Congo, de la Centrafrique et du Tchad. «La meilleure manière de faire bloc, c’est de nous retrouver une fois encore autour de ce modèle que des Français et des Africains, après le manifeste du général de Gaulle, ont défendu ensemble depuis Brazzaville il y a 80 ans», a-t-il souligné.
«Une manière qui hier nous a permis de reprendre la maîtrise de nos destins respectifs et qui aujourd’hui nous permet, si nous le voulons, de décider, en assumant la complexité de cet héritage, de nous donner à nouveau ensemble un destin commun», a-t-il martelé.
«Garantir une relation qui ait du sens»
Le président tchadien Idriss Déby a salué cette main tendue tout en appelant à «faire plus et mieux» pour lutter contre la menace djihadiste au Sahel ou la pauvreté. «Il est urgent de mettre l’accent sur une conjugaison de forces et de moyens entre nos États et la France en intégrant les variables liées à nos avantages comparatifs (…). L’avenir de l’Afrique, c’est aussi l’avenir de la France», a déclaré Idriss Déby dont les forces armées sont engagées au Mali au côté de la force française antidjihadiste Barkhane.
Jean-Yves Le Drian a déploré que «cette mémoire commune» autour du manifeste de Brazzaville ait été si «longtemps occultée» et appelé à construire des «mémoires partagées», au-delà des «malentendus», afin de «garantir une relation qui ait du sens».