Le Mali libéré de toutes ses sanctions
La Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a décidé la levée des sanctions imposées au Mali après le coup d’État ayant renversé le président Ibrahim Boubacar Keïta, le 18 août dernier. La nouvelle a été rendue publique ce mardi 6 octobre, soit quelques heures seulement après l’annonce de la nomination d’un gouvernement de transition, qui était l’une des conditions requises par la Cedeao en préalable à la levée des sanctions.
Dans la déclaration consultable ce jour et datée du 5 octobre, signée par le président ghanéen Nana Akufo Addo, président en exercice de la Cedeao, les voisins du Mali disent « prendre en compte » des « avancées notables vers la normalisation constitutionnelle » dans ce pays fragilisé depuis des années par les violences djihadistes et intercommunautaires. La Cedeao explique avoir pris cette décision « pour soutenir ce processus. Ils appellent également tous les partenaires bilatéraux et multilatéraux à soutenir le Mali », peut-on lire dans le texte.
Ces sanctions, au premier rang desquelles un embargo commercial et financier, avaient été imposées au Mali le 20 août. Elles n’ont fait que souligner les difficultés économiques du pays, affaibli par la crise du coronavirus, puis par les conséquences financières de la crise politique. En effet, depuis cette décision, le Mali se voyait dans l’incapacité d’échanger avec ses voisins et partenaires économiques des pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), et notamment la Côte d’Ivoire, le Sénégal et le Burkina Faso. Concrètement, il n’était plus possible d’envoyer de l’argent dans l’un des sept autres pays de l’Union, ni d’en recevoir. À partir de maintenant, les Maliens seront de nouveau autorisés à voyager dans la sous-région, les vols reprennent également et les entreprises vont pouvoir souffler, reprendre les paiements en direction de leurs fournisseurs et inversement.
Vers la normalisation ?
Dans leur déclaration, les voisins du Mali demandent aux nouvelles autorités de la transition de « mettre en œuvre rapidement » les autres décisions prises par la Cedeao, « en particulier la libération de tous les officiels militaires et civils arrêtés » lors du coup d’État du 18 août.
Ils réclament également à nouveau la « dissolution » du Conseil national pour le salut du peuple (CNSP), l’instance mise en place par les militaires qui ont renversé le président Keïta lors d’un coup d’État qui n’a officiellement pas fait de victime.
Les dirigeants ouest-africains notent plusieurs avancées réalisées ces dernières semaines, dont la nomination d’un président de transition, Bah Ndaw, un colonel à la retraite, et celle d’un ancien ministre des Affaires étrangères, Moctar Ouane, comme Premier ministre.
Ils saluent, en outre, le renoncement par les militaires à une prérogative majeure initialement dévolue au chef de la junte, le colonel Assimi Goïta : investi vice-président transitoire, il ne pourra pas remplacer le président de la transition en cas d’empêchement de ce dernier, selon la charte élaborée par les militaires.
Ce document fondamental fixe à 18 mois la durée de la transition, que la Cedeao souhaitait la plus courte possible. La charte assigne pour objectifs à la transition le rétablissement de la sécurité sur tout le territoire, dont les deux tiers échappent au contrôle du pouvoir central, « le redressement de l’État » et l’organisation d’élections générales.
Par Le Point Afrique (avec AFP) | Le Point.fr