Les autorités congolaises ont annoncé dans la matinée les résultats officiels du référendum sur le changement de constitution organisé dimanche 25 octobre : près de 93% des voix en faveur des modifications de la Constitution, qui interdit actuellement au dictateur Sassou Nguesso de rester au pouvoir après 2016, et surtout un taux de participation de plus 72%. C’est ce dernier chiffre qui choque le plus, en totale contradiction avec le boycott massif qui a été observé sur le terrain dimanche. Selon le porte-parole du Quai d’Orsay, la France « prend note » de ces résultats [1]. Ce commentaire le plus neutre possible, qui cherche à ne pas soutenir trop ouvertement le dictateur congolais sans pour autant contrarier les intérêts économiques et géostratégiques de la France, ne doit pas cacher une réalité : la France forme et équipe l’armée congolaise qui, depuis une semaine, a fait régner une ambiance de terreur dans les grandes villes du pays.
Le Congo bénéficie toujours de l’accord de coopération militaire signé en 1974 avec la France [2]. Les deux pays ont même récemment signé des conventions qui montrent combien les liens entre leurs deux armées sont d’actualité : l’une concernant la formation, l’entraînement et l’organisation du commandement opérationnel des Forces armées congolaises, en janvier dernier [3], et l’autre fin juin concernant la gendarmerie nationale, dont le commandant dispose d’un conseiller français, le Lieutenant-colonel Eric Misserey [4]. Des coopérants militaires sont à disposition de l’armée et la gendarmerie de Sassou Nguesso, donc les autorités françaises ne peuvent pas juste prendre note de ce passage en force, elles le cautionnent de fait.
par Thomas Noirot, Survie.org