Les quatre candidats de l’opposition qui contestent la victoire à la présidentielle de Mohamed Ould Ghazouani ont accusé le pouvoir de « hold-up électoral » lors d’une conférence de presse mercredi 26 juin. Ils sont également revenus sur leur appel à manifester ce jeudi.
Kane Hamidou Baba, Sidi Mohamed Ould Boubacar, Biram dah Abeid et Mohamed Ould Maouloud. Tous étaient là ce mercredi après-midi. À l’unisson, ils ont accusé le pouvoir d’avoir perpétré un véritable « hold-up électoral » pour imposer son candidat le général Mohamed Ould Ghazouani dès le premier tour. Selon eux, les prémices de ce hold-up électoral étaient déjà visibles le matin même du jour de vote avec un impressionnant déploiement des unités d’élite de l’armée nationale et de la police anti-émeute.
La victoire de l’ancien ministre de la Défense et ex-chef d’état-major des armées doit encore être confirmée par le Conseil constitutionnel. Mardi, deux candidats ont déposé des recours en annulation du scrutin.
Selon les opposants, le pouvoir du président Mohamed Ould Abdel Aziz est seul responsable de la crise post-électorale émaillée d’incidents et d’arrestations massives de leurs partisans. « Rien ne justifie cet état de siège de fait » que le régime impose aux Mauritaniens, a déclaré le militant anti-esclavagiste Biram dah Abeid.
La manifestation de jeudi annulée
Dans un premier temps, ils avaient donc appelé au maintien de la marche prévue ce jeudi à Nouakchott. Mais finalement, mercredi soir, Kane Hamidou Baba, Sidi Mohamed Ould Boubacar et Mohamed Ould Maouloud n’ont pas voulu appeler leurs militants à une manifestation non autorisée.
Biram dah Abeid voulait lui en revanche que la manifestation soit organisée avec ou sans autorisation, soulignant qu’une simple information adressée au ministère de l’Intérieur était suffisante, comme le prévoit le Constitution. Les autres candidats préférant eux attendre l’autorisation et l’encadrement de leur manifestation par les forces de sécurité. « Nous sommes attachés à la sécurité, à la paix sociale et à la préservation des biens des citoyens », a justifié Sidi Mohamed Ould Boubacar.
Mardi soir, lors d’une conférence de presse, Ahmed Ould Abdallah, le ministre de l’Intérieur mauritanien, avait lancé une mise en garde contre toute manifestation non autorisée. Elle sera réprimée, a-t-il prévenu, avant d’annoncer une centaine d’arrestations parmi les ressortissants étrangers établis dans le pays. Selon lui, une « main étrangère venue des pays voisins » est à l’origine des manifestations de dimanche et lundi.
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Dans leur conférence de presse, les quatre candidats se sont dits préoccupés à la fois par les arrestations massives dans les rangs de l’opposition et accusent le pouvoir du président Abdel Aziz de se livrer à un « jeu dangereux » en mettant à l’index les voisins de la Mauritanie, notamment le Sénégal, la Gambie et le Mali.
Bamako souligne ses «très bonnes relations» avec Nouakchott
Le Mali ne se voit pas derrière la « main étrangère » dont parlent les autorités mauritaniennes. Bien au contraire, dans le proche entourage du président Ibrahim Boubacar Keïta, on insiste sur les « très bonnes relations qu’il existe » entre les deux gouvernements. Très bonnes relations également entre le président malien et le président mauritanien sortant.
Pas question non plus de s’immiscer dans le débat politique local. Et c’est le même conseil que Bamako donne à ses ressortissants vivant en Mauritanie. Leur protection sur place comme dans d’autres pays reste une priorité. L’ambassade du Mali à Nouakchott s’investit pleinement, explique une source officielle malienne.
L’influent Conseil supérieur de la diaspora malienne (CSDM) est également préoccupé par la situation des Maliens vivant dans ce pays voisin. Son président, Chérif Mohamed Haïdara, estime à une centaine le nombre de ressortissants maliens qui auraient été interpelés à Nouakchott. Il invite les autorités mauritaniennes à « la retenue », à « renforcer les relations de bon voisinage ». Et aux Maliens, il demande de « continuer à respecter les lois de leur pays d’accueil ».
Par RFI